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Le rappeur évoque la vie des Guarani M’yba sur le Pico do Jaraguá, dans la ville de São Paulo, et explique que les Racionais et RZO ont été ses inspirations : « nous sommes les plus opprimés de tous ».
« Cette terre ici, je ne l’ai pas envahie, je suis revenu pour la reprendre ». Ceci est une rime du nouvel album de Wera MC, 24 ans, rappeur unissant lutte et résistance dans ses morceaux.
Cela fait déjà 10 ans que 700 autochtones vivent les 1,7 hectares qui leur sont attribués au Pico do Jaraguá, dans la zone nord de São Paulo. Une terre qui porte d’ailleurs en son nom son appartenance aux Guarani M’yba.
« On a toujours vécu dans la précarité et l’indifférence. Durant mon enfance, il y a eu de nombreuses périodes de faim pendant lesquelles nous n’avions rien à manger. La population n’a fait qu’augmenter et nos petits potagers ont disparu. Un potager indigène devrait avoir au moins un kilomètre de surface », rappelle le rappeur.
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Ayant grandi dans le village de Tekoa Pyau, Wera a compris dès son plus jeune âge l’importance de préserver les coutumes Guarani, malgré la culture non-autochtone qui frappait à sa porte en permanence, le village se trouvant au milieu de la ville. « Si je perds cette terre, je ne m’imagine dans aucun autre endroit », indique Wera sur Jaraguá.
En réalité, si on est fidèle à l’histoire, c’est la ville de São Paulo qui s’est construite autour de Tekoa, comme l’affirme Wera. Cette proximité géographique a fait entrer le hip-hop tôt dans sa vie, alors qu’il n’était encore qu’un enfant. Avant les rimes, le break a été le premier élément du hip-hop qui a séduit l’artiste.
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Plus tard, inspiré par les Racionais MC’s et RZO, il a commencé à rimer. Le style du travail de Wera est la trap, un rythme mélangeant le rap à la musique électronique. « On s’identifiait beaucoup aux questions qu’ils soulevaient en évoquant la banlieue, mais on se rendait bien compte qu’ils ne parlaient pas des autochtones, vu que nous sommes les plus opprimés de tous. »
Voir le vidéoclip Guardiões da Floresta (« Gardiens de la Forêt »).
La production du nouvel album de Wera s’est faite au milieu d’un conflit difficile auquel les Guarani M’yba ont dû faire face au cours de ces derniers mois. Depuis fin janvier 2020, les autochtones luttent pour la vie de centaines d’arbres menacés d’être abattus par l’entreprise de construction Tenda dans l’intention de construire un projet immobilier à quelques mètres du village.
D’ailleurs, le clip « Guardiões da Floresta » (« Gardiens de la Forêt »), premier morceau de l’album de Wera, raconte l’histoire de cette lutte et a été enregistré sur l’occupation que les Guarani ont réalisé sur le terrain, évacué en mars 2020.
Pour pouvoir installer un studio d’enregistrement à l’intérieur du village, Wera a travaillé dans une entreprise à l’extrême sud de la ville pour pouvoir réunir l’argent nécessaire. Chaque mois, il achetait une partie du matériel. Dès qu’il a eu tout ce dont il avait besoin, il a démissionné pour commencer à construire lui-même son espace.
La relation avec la ville suscite en nous la peur, explique Wera, surtout avec l’élection du président brésilien Jair Bolsonaro (sans parti), qu’il qualifie de fasciste.
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« Eux [les non-autochtones], ils s’imaginent que nous sommes faits pour vivre dans la brousse. Nous sommes souvent gênés de prendre les transports en commun et parler notre langue, car nombreux sont ceux qui nous regardent comme s’il s’agissait d’une chose venue d’un autre monde, ça les agace, ils nous insultent. En revanche, s’ils entendent quelqu’un parler anglais, ils veulent s’en approcher », critique-t-il.
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Photo : Wera MC exprime avec sa musique l’essence du peuple Guarani qui résiste au milieu de la ville © Sérgio Silva / Ponte Jornalismo