Tous ceux qui ont déjà vécu un deuil savent qu’il est fait de phases.
Il y a exactement mille jours, ma sœur Marielle et son chauffeur Anderson ont été assassinés.
Grâce à l’accueil des femmes noires, nous avons traversé les phases du déni, de la colère et de la dépression jusqu’à ce que nous atteignions le stade de la transformation. Où vous pouvez transformer la douleur en force pour continuer.
C’est alors que nous avons créé l’Institut Marielle Franco pour lutter pour la justice, pour défendre la mémoire, pour multiplier l’héritage et pour arroser les graines de Marielle.
Pendant ces 1000 jours, nous avons fait pression pour qu’ils ne fédéralisent pas les enquêtes, nous avons participé à de nombreuses réunions avec les autorités, nous avons occupé les rues, nous n’avons pas cessé d’exiger des réponses.
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Dans le contexte de la pandémie, nous avons renforcé les collectifs périphériques, soutenu les leaders noirs dans la lutte contre la faim et écouté les militantes noires dans tout le pays pour tracer les solutions de sortie de crise.
Lors de cette première élection municipale (octobre 2020) sans Mari (surnom de Marielle Franco), nous avons insisté pour que les conditions de candidature des personnes noires soient équitables et avons présenté l’ « Agenda Marielle », avec des engagements signés par 769 candidatures de tout le pays.
Nous faisons notre part. Mais que ressentir en sachant que, ces dernières semaines, plusieurs des député·es élu·es engagé·es dans l’Agenda Marielle ont été menacé·es de mort et n’ont jusqu’à présent pas bénéficié de la protection de l’État ? En apprenant qu’Emily et Rebeca, les deux filles de 4 et 7 ans assassinées devant chez elles, étaient issues de familles bénéficiaires de nos partenaires du projet de lutte contre la faim pendant le Covid ?
En voyant que mille jours plus tard, ils n’ont toujours pas les réponses à la question de savoir qui a commandité l’assassinat de ma sœur ?
L’État brésilien suit la stratégie perverse qui consiste à nous maintenir dans un état de deuil permanent. Ils nous asphyxient avec toutes sortes de violence et ne nous laissent pas respirer. Mais, comme l’a écrit Conceição Evaristo : « Ils ont convenu de nous tuer, mais nous avons refusé de mourir ».
Pour Marielle, pour Anderson, pour Emily, pour Rebeca, pour les 22 enfants tués par balles cette année à Rio, notre combat continuera de plus en plus vif jusqu’à ce que nous mettions fin à ce cycle de deuil sans fin.
Pour aller plus loin : "Qui a commandité l’assassinat de Marielle Franco ?" ;
"Qui a commandité l’assassinat de Marielle Franco ? Et pourquoi ?"
Et : "Retour sur l’assassinat de Marielle Franco et l’actualité de ses combats"