« Le haut commandement des Forces armées avait décidé de quitter le gouvernement Bolsonaro depuis l’année dernière » affirme un expert.

 | Par Agência Pública, Natalia Viana

Selon le spécialiste, le refus du ministre de la Défense de célébrer le coup d’État de 64 a été l’élément déclencheur de sa démission.

"Les Forces armées ne suivent pas Bolsonaro dans une aventure putschiste. Mais elles ne sont pas non plus prêtes à faire un coup d’État contre Bolsonaro".

Selon le spécialiste, avec la nomination d’un nouveau commandant, Bolsonaro peut « faire le ménage dans l’armée ».


L’historien Francisco Teixeira a consacré sa vie au développement de la connaissance mutuelle des militaires et des civils. Président de l’institut de stratégie internationale Pandiá Calógeras du ministère de la Défense pendant le gouvernement de Luiz Inácio Lula da Silva, il est actuellement professeur émérite du Programme de troisième cycle en Sciences militaires de l’Ecole de commandement et d’Etat-major de l’Armée de terre (ECEME) et professeur titulaire d’Histoire moderne et contemporaine à l’Université fédérale de Rio de Janeiro (UFRJ). Il compte, parmi ses amis, plusieurs officiers avec lesquels il entretient le dialogue. Pour lui, la volonté de Bolsonaro de fêter le 31 mars en fanfare - raison pour laquelle le Bureau du procureur général du Brésil (AGU) a saisi la justice - constitue « sans aucun doute » l’un des éléments qui ont conduit à la démission du général Fernando Azevedo du ministère de la Défense. « Fernando a certainement refusé d’impliquer l’armée dans une célébration de Bolsonaro » dit-il.

L’ordre du jour, signé par le général Braga Netto, qui a assumé le poste de ministre de la Défense, détermine que les casernes « célèbrent » le 31 mars. « Depuis que Bolsonaro est arrivé au pouvoir, il a remis le 31 mars 64 en vitrine », explique le professeur. « C’était quelque chose du passé, un peu enterrée. C’était un sujet pour nous, historiens et spécialistes des sciences sociales ; Bolsonaro a ramené tout cela et de la pire des manières. »

Selon lui, « c’était tout ce que les Armées ne voulaient pas ». « On a commencé à parler de la torture en passant par le lait concentré », dit-il dans son entretien. Francisco assure qu’il n’y a aucun élément pour dire qu’il y a des humeurs putschistes dans les Forces armées d’aujourd’hui, qui sont très différentes de celles d’il y a des décennies. Toutefois, il prévient : « Les Forces armées ne sont pas avec Bolsonaro, du moins le haut commandement, n’est pas avec Bolsonaro dans une aventure de putsch. Mais ils ne sont pas non plus prêts à faire un coup d’État contre Bolsonaro. »


Lire l’entrevue.


L’historien Francisco Teixeira entretient le dialogue avec des officiers militaires et affirme que la démission du ministre de la Défense est liée aux célébrations du 31 mars.




Quelle analyse faites-vous de ce mouvement de démission, sans précédent, des trois commandants des Forces armées ?

Jusqu’alors, nous n’avions pas une image claire de crise militaire. Mais maintenant, c’est le cas. Ce malaise entre les chefs des Forces armées - non pas les Forces armées dans leur ensemble, mais le haut commandement - et le gouvernement Bolsonaro s’était déjà accentué.
Il n’y avait pas vraiment de rupture. Il y avait un malaise, et il n’y a pas de date ou de fait précis - contrairement à ce qui a été publié - mais c’était un cadre général qui comprenait plusieurs éléments.
Sans aucun doute, l’action de Pazuello au ministère de la Santé et l’insistance de Bolsonaro à impliquer les Forces armées dans ce ministère ont été des éléments qui ont suscité un profond mécontentement, tout comme le comportement du Président brésilien en général, son discours sur la pandémie. Cela a pris des allures de caricature, mais peu à peu, c’est devenu une situation très désagréable pour les officiers supérieurs des Forces armées.
En outre, l’absence d’une politique de lutte contre la pandémie et le nombre de morts ont également contribué à cette situation, car les Forces armées ont une tradition scientifique et positiviste très marquée. Ce dont les gens plaisantent habituellement, à savoir que les soldats peignent les casernes, les arbres et les trottoirs, est en fait un ensemble très vaste de normes d’hygiène, de santé et de propreté.
Ainsi, lorsque le Président brésilien a fait des blagues sur la pandémie, cela s’est heurté à l’éthique des Forces armées. Le Président brésilien méconnaît ce côté, cette caractéristique des Forces armées.
Il a également choisi de parler avec insistance de l’Armée de terre ; il a essayé de ramener l’institution à son cas personnel, une institution qui sert la nation, une institution d’État, voulant la transformer en milice, en une institution à lui.


Mais il y avait aussi une alliance avec l’Armée de terre dans le cadre de la lutte contre le Covid, qui s’exprimait par exemple dans le fait que le général Pazuello restait en fonction - avec le soutien de Pujol, dit-on - et dans la fabrication de milliers de comprimés de chloroquine...

Écoutez, Bolsonaro a peut-être ordonné à une unité de l’Armée de terre de fabriquer de la chloroquine, mais en ce qui concerne les troupes, elles ont continué à prendre toutes les mesures sanitaires. L’Armée de terre n’a jamais accepté les pratiques qu’il prêchait, le port de masques notamment ainsi que toutes les autres mesures ont toujours été appliquées par l’Armée de terre, le général Pujol ayant, y compris, lors d’une rencontre personnelle en mai 2020, refusé de serrer la main de Bolsonaro.
Par ailleurs, l’Armée de terre s’est distinguée dans le domaine de la politique étrangère. Les Forces armées ont toujours été très prudentes ; elles ont toujours agit en complément des actions menées par l’Itamaraty (ministère des Relations extérieures) parce qu’elles sont responsables de la défense nationale. Elles ont donc toujours organisé de nombreux séminaires, colloques, sur la politique étrangère. Et dès le début, les officiers militaires ont été effarés par la conduite d’Ernesto Araújo, ministre des Relations extérieures.
Je pense qu’il n’est pas étonnant que le jour où il a licencié Ernesto Araújo, il a également licencié le général Fernando Azevedo. C’est comme s’il disait : je renvoie qui j’apprécie mais je renvoie aussi le général Fernando.


Vous avez parlé de la façon de parler de Bolsonaro, du fait qu’il est rejeté par les militaires...

Il y a une grande différence entre les commandements de l’Armée de terre, de la Marine, de l’Armée de l’air et les soldats et sous-officiers. Le discours de Bolsonaro auprès de ces derniers a toujours été très séduisant et il reste un « mythe » pour les plus bas échelons des Forces armées. Ainsi que pour les policiers militaires, les gardes municipaux et les agents de sécurité, auxquels il continue de s’adresser de manière très séduisante. Ce qui, en fait, dérange profondément les officiers supérieurs des Forces armées. Ils avaient déjà pris la décision, depuis la fin de l’année dernière, de se retirer du gouvernement Bolsonaro. Mais cette décision ne serait pas un coup d’éclat, ce ne serait pas une déclaration publique. Cela devait se faire et c’était en train de se faire de manière très discrète.


Comment ?

Principalement, avec la décision de ne pas participer à des actes politiques et de ne pas cautionner les déclarations du président de la République. Et il semble que cette scission soit apparue très clairement à la fin de l’année dernière ; le général Fernando Azevedo, ancien ministre de la Défense, étant une personne très dépolitisée, contrairement à Pujol, qui a une importante formation politique. Et Bolsonaro, sans aucun doute, voulait des déclarations politiques, surtout dans cette semaine qui marque l’anniversaire du 31 mars 64. C’est ce qu’il cherchait, il est allé en justice pour pouvoir célébrer le coup d’Etat.


En d’autres termes, l’un des éléments du licenciement aurait-il été le refus du général Fernando de célébrer le coup d’État de 64 avec tambours et trompettes ?

Ce fut un élément, sans aucun doute. Bolsonaro a saisi la Justice [1]pour demander le droit de commémorer le 31 mars et, de manière absurde, il a eu gain de cause. Fernando a sûrement refusé d’impliquer l’Armée dans une commémoration de Bolsonaro. Il est intéressant de constater que depuis que Bolsonaro est arrivé au pouvoir, il a remis le 31 mars 64 en vitrine.
Le 31 mars, il y a toujours un ordre du jour qui est lu par les Forces armées. Mais c’est quelque chose de discret. C’était un commandant, parfois même pas un commandant, un officiel du jour qui lisait un ordre du jour dans une caserne pour des recrues.
C’était quelque chose qui appartenait au passé, à moitié enterré. C’était un sujet pour nous, historiens et scientifiques sociaux. La plupart des gens n’avaient aucune idée de ce qu’était l’AI-5 (acte institutionnel n°5) et de ce qui s’est exactement passé le 31 mars. Bolsonaro a ramené tout cela sur le devant de la scène et de la pire des manières.
Il l’a mis en vitrine, et en le mettant en vitrine, il a fait remonter les récits, les torturés, les mémoires. J’ai moi-même fini par publier un livre à ce sujet avec le professeur João Roberto Martins, d’autres livres et témoignages ont également été publiés.
Lui, son fils et le général Heleno l’ont ramené sur le devant de la scène et ont créé une polémique historique et politique, principalement autour de l’AI-5.
Et c’était tout ce que les Armées ne voulaient pas. On a alors commencé à discuter de la torture en passant par l’histoire du lait concentré. Qu’est-ce que les Armées avaient à gagner avec ça ?
Qu’est-ce que les Forces armées ont gagné avec Bolsonaro remettant le 31 mars sur le devant de la scène, faisant scandale, défiant les gens ? Des gens qui ont été torturés, comme Miriam Leitão, Vitória Grabois, des gens qui ont été emprisonnés comme moi. Quand il dit qu’il ne s’est rien passé, il nous oblige à dire : Si, il s’est bien passé quelque chose.
Quand il se tourne vers le président de l’OAB, Felipe Santa Cruz, et lui dit : « Je sais comment votre père a disparu et où il est enterré »... Ça a été un enfer pour les Forces Armées. Une provocation.
Je veux dire que celui qui a provoqué tout ce débat à nouveau, c’est le président de la République lui-même. Dans la plupart des pays civilisés, défendre la torture, la dictature, le coup d’Etat, est un crime.
Si c’était dans un pays comme l’Allemagne, il aurait été arrêté. Dans un pays comme l’Espagne, qui dispose d’une loi sur la mémoire historique, qui prévoit des amendes très élevées pour l’apologie de Franco [général], il aurait été démis de ses fonctions.


En avril 2020, Jair Bolsonaro donne un coup de coude au général Edson Pujol, qui avait refusé de lui serrer la main, lors d’une cérémonie au commandement militaire du Sud, à Porto Alegre.

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Après la démission conjointe des commandants des Forces armées en signe de protestation - ce qui ne s’est jamais produit dans l’histoire du Brésil - que peut-il se passer ?

J’ai plusieurs collègues, chercheurs, historiens, qui disent qu’il va y avoir un coup d’État. Écoutez, je ne vois rien de tel en cours. Les Forces armées ne sont pas avec Bolsonaro, du moins les commandements, ne sont pas avec Bolsonaro dans une aventure putschiste. Mais ils ne sont pas non plus prêts à faire un coup d’État contre Bolsonaro.
Les officiers généraux avec lesquels j’ai discuté me disent qu’il y aura des élections et que nous devons attendre les nouvelles élections. Toute autre voie doit passer par le Parlement national et par le Tribunal supérieur fédéral.


Quelle est la répercussion de la démission du ministre de la Défense au sein des Forces armées ?

Beaucoup de perplexité. Une énorme de volonté de l’Armée de réagir dans le cadre de la loi, dans le respect de la hiérarchie, en proposant comme commandant le plus ancien dans la hiérarchie. Ce que Bolsonaro n’est pas obligé d’accepter, il peut accepter un général plus jeune, ce qui implique ce que nous appelons « carona ».


Que signifie « carona » ?

« Carona », c’est quand, au lieu de nommer le général le plus ancien, celui qui est au sommet de sa carrière, vous allez tout en bas de la liste et vous nommez le plus jeune, faisant du même coup automatiquement passer tous ceux qui sont au-dessus dans la réserve.
Avec ça, Bolsonaro peut faire le ménage dans l’Armée de terre. Il peut mettre 4 ou 5 généraux en réserve dès maintenant.
Le Haut commandement de l’Armée de terre compte 16 généraux, c’est un organe collégial, et le groupe est actuellement très critique envers Bolsonaro. Il y en a un ou deux qui sont très proches du général Eduardo Ramos, qui est au Palais de la Présidence. Le rôle des généraux Braga Netto et de Ramos est maintenant de chercher quelqu’un qui leur soit proche.
Braga Netto, en tant que ministre, va essayer de calmer la situation. Comme il est très affable, il devrait œuvrer à la recherche d’un maximum de consensus et d’apaisement. Mais il y a un traumatisme causé par l’action de Bolsonaro. Et il peut toujours choisir un général plus jeune. En d’autres termes, la crise est encore loin d’être terminée.
Dilma Rousseff est la seule à l’avoir fait, en choisissant le général Eduardo Villas Boas, qui était en troisième position par ordre d’ancienneté. Lequel a fini par se retourner contre elle.


En parlant de lui, j’aimerais entendre votre analyse du rôle de l’ancien commandant Eduardo Villas Boas dans l’ascension de Bolsonaro.

À ce moment-là, contrairement à ce que nous voyons maintenant, il y avait de nombreuses manifestations autonomes de généraux contre le gouvernement Dilma. Des généraux s’étaient exprimés ouvertement ; il y avait de nombreuses manifestations de malaise contre le gouvernement Dilma. Ce n’est pas le cas actuellement. Les militaires ont manifesté une mauvaise volonté énorme envers Dilma. Ce n’est pas le cas actuellement.
Villas Boas, à l’époque, avait deux options. La première consistait à mettre de l’ordre dans les troupes, ce qui aurait impliqué de punir un ou deux généraux, d’établir qu’il y avait eu une violation de la hiérarchie, de les punir, de faire passer un général en réserve ou d’établir une peine de prison de trois ou cinq jours pour un général ayant menacé le gouvernement. Ou bien il pouvait prendre le parti des troupes et menacer le gouvernement. Il pouvait opter pour la légalité ou faire un pas vers l’illégalité.
En fait, il a choisi le corporatisme, s’est rangé du côté des militaires et a menacé le Tribunal supérieur fédéral. Voilà la grande question, et elle suivra la biographie du général dans l’histoire. C’est une option qu’il a faite pour les militaires et non pour la légalité. Il y a une chose intéressante : dans son livre, le général Villas Boas dit qu’il a consulté l’Etat-major de l’Armée de terre avant de publier son Tweet.
Vous pouvez voir l’importance de ce geste. Même si Braga Netto devient ministre de la Défense, le Haut commandement de l’Armée de terre reste très important. Il n’est pas envisageable qu’un commandant ou un ministre prenne des mesures similaires sans consulter le commandement.
Ce que Bolsonaro a demandé à Fernando (ministre de la Défense démissionnaire), de renvoyer Pujol (commandant de l’Armée de terre démissionnaire), de faire des déclarations pour défendre le Président brésilien, n’était pas possible. C’était un pas direct vers l’illégalité totale.
Je connais bien Fernando, Pujol, j’ai un lien personnel avec Villas Boas depuis l’époque où j’étais au ministère de la Défense. Mais je ne peux pas imaginer Fernando renvoyer Pujol à la demande de Bolsonaro. Cela n’a pas de sens.


Valter Campanato/Agência Brasil
Valter Campanato/Agência Brasil
Bolsonaro et Walter Souza Braga Netto, nouveau ministre de la Défense, qui a publié une note faisant référence au coup d’État militaire de 1964.




Cependant, dans le cas du tweet menaçant le STF, Villas Boas a déclaré dans son livre qu’il avait consulté le Haut commandement. Et cela inclut des noms comme le général Fernando Azevedo, le général Silva e Luna, le général Pujol, par exemple. N’auraient-ils pas également fait ce « pas » vers l’illégalité ?

Ce dont je suis sûr, c’est qu’il a consulté le Haut commandement. Même Villas Boas ne prendrait pas une telle décision personnellement.


Maintenant, il est très révélateur, par exemple, que Bolsonaro soit présent, alors qu’il était candidat à la présidence en 2018, à la prise de fonction du général Luís Eduardo Ramos au commandement militaire du Sud-Est.

Les casernes étaient toutes ouvertes à Bolsonaro. Et il y a eu ce plus, quelque chose d’inexcusable, cette invitation du général Villas Boas à Bolsonaro. Et puis il a dû appeler Fernando Haddad aussi, et les autres. Mais, en fait, l’essentiel était cette rencontre de Bolsonaro avec le général. Cela n’a aucun sens que les candidats à la présidence de la République soient questionnés par le commandant de l’Armée de terre ! C’est absurde !
Cela me semble être l’intrusion la plus indue du commandant de l’Armée de terre dans la politique brésilienne. Je trouve également absurde que les candidats de gauche aient accepté cela. Ils auraient dû le dénoncer en disant : « c’est la tutelle militaire sur la République ! »


La crise militaire en cours n’est-elle pas simplement une évolution de ces actions ?

Nous avons un problème qui trouve son origine dans la Nouvelle République, du fait que l’institution militaire n’a pas été réformée. Elle est restée une institution qui garantit l’ordre. La Nouvelle République semble devoir demander la permission de sa propre existence à l’institution militaire. Nous devons de toute urgence abroger la loi de sécurité nationale et l’article 142 de la Constitution tel qu’il est rédigé, qui confère le rôle de garantes de l’ordre public et des pouvoirs constitutionnels aux Forces armées.


Le Vice-président Hamilton Mourão reste une autre inconnue pour le moment. Les commandants étaient plus proches de lui que de Bolsonaro ?

Ils sont plus proches de Mourão, c’est sûr. Cela favorise le prestige de Mourão, sans aucun doute. Mais Mourão était l’un de ceux qui menaçaient le plus la Nouvelle République. Il n’a pas été choisi pour être le Vice-président de Bolsonaro parce qu’il était démocrate, mais plutôt parce qu’il représentait une menace pour la Nouvelle République. Il est juste un peu plus informé, comme tout officier de l’Armée de terre, que Bolsonaro. Il ne faut pas oublier que les Forces armées elles-mêmes n’ont pas toléré Bolsonaro qui en a été expulsé.


Une question qui reste sans réponse : comment les Forces armées réagiraient-elles à la tentative du Président de décréter un Etat de défense ?

L’État de la défense n’a pas besoin des militaires pour être décrété. Il est signé par le Président brésilien et soumis au vote du Parlement. C’est le Parlement qui décide. Et le Parlement n’a même pas voulu mettre au vote le Projet de loi de mobilisation nationale.
Mais Bolsonaro a parlé d’un Etat de siège, de Défense, et, immédiatement, Fux, le Président du STF, l’a appelé. Les réactions du STF et du Parlement ont été si incisives qu’il a fait marche arrière.
Et comme les Forces armées ne sont pas à sa disposition pour le moment, je ne sais pas comment il pourrait essayer de faire un tel coup sans leur soutien.
La gauche s’est excitée et préfère toujours le pire scénario. Je pense que les gens doivent se calmer un peu. Car d’une certaine manière, ils finissent par faire le jeu du bolsonarisme, en créant un certain climat de nervosité autour de ce sujet. Du côté des Forces armées, il n’y a rien qui indique cela, en aucune façon.
Cela crée une très mauvaise ambiance dans le pays. Ces rumeurs nous conduisent à une situation extrême, et banalisent la crise sanitaire. C’est ce que veut Bolsonaro.
Nous abandonnons la pandémie, le chômage, la pauvreté, les aides d’urgence, pour discuter de quelque chose qui n’a même pas été mise en avant, à savoir l’État de défense. Discutons-en pendant que des gens meurent contaminée dans les files d’attente du chômage...
Nous devons veiller à ne pas tomber dans l’ambiance d’un coup d’État aujourd’hui, coup d’État demain. Il n’y a personne aujourd’hui à la tête des Forces armées qui ait l’intention de faire un coup d’état.
Les Police militaires, les Gardes municipales sont, pour leur part, effectivement incontrôlables. La fédéralisation ou la centralisation de ces forces, leur milicialisation, seraient très risquée. Peut-être regardons-nous du mauvais côté du danger.


Pour terminer, y a-t-il une possibilité que les militaires quittent la politique dans un avenir proche ?

Ils ne vont pas partir. Ils doivent en être retirés. Nous devons revenir une fois de plus à la Constitution : tout le monde a le droit de faire de la politique, en tant que citoyen. Si un militaire est nommé à un poste quelconque, il doit immédiatement se mettre en réserve. Cela doit être automatique. Et il ne peut pas utiliser son rang dans la hiérarchie pour occuper des postes dans l’administration publique. Cela découragera déjà fortement ces personnes de continuer à aller et venir dans chaque gouvernement et d’utiliser la politique pour faire carrière.

Pour aller plus loin : « Les militaires occupent l’État »

Voir en ligne : “Cúpula das Forças Armadas havia decidido desembarcar do governo Bolsonaro desde o ano passado”, diz especialista

Photo de couverture © Marcelo Camargo/Agência Brasil

[1NdT : Le Tribunal régional fédéral de la 5e région (TRF5) a approuvé le recours du Bureau du procureur général du Brésil (AGU), qui défendait le droit du gouvernement à commémorer le coup d’État militaire de 1964.

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