La FLiPenha 2023 rend hommage à Maria Firmina dos Reis : toujours actuelle

 | Par André Santos, Periferia em movimento

Née au 19ème siècle, la pionnière Maria Firmina dos Reis représentait la lutte contre l’esclavage mais fut effacée par un système raciste et patriarcal. À l’occasion de la FliPenha des écrivaines noires réfléchissent sur la visibilité des narratifs fondés sur l’héritage de la première romancière brésilienne

« J’ai pris du temps à m’accepter comme poètesse. Ce sont tellement d’invalidations que nous sommes effacées et rendues invisibles au point que lorsque quelqu’un nous reconnaît, c’est déjà beaucoup pour nous. » _Luz Ribeiro.

Traduit par Joana Mayo pour Autres Brésils
Relecture : Luc Duffles Aldon

Pour aller plus loin : 1922-2022 - Bicentenaire : Qui était Maria Firmina dos Reis ?

Ce cri sort du coeur de Luz Ribeiro, une poètesse, pédagogue et une des participantes du débat à la FliPenha – la fête littéraire de Penha. Cette célébration annuelle, qui en est déjà à sa 6ème édition, vise à promouvoir la valorisation et la mémoire des grandes romancières brésiliennes.

Promue à Penha de França (São Paulo), la FliPenha est une initiative des institutions situées dans le quartier traditionnel dans la zone Est de São Paulo avec l’objectif de débattre et d’encourager l’achat et la production littéraire dans la région. Dans les éditions antérieures, des femmes comme Ruth Guimarães, Gabriela Mistral, Carolina Maria de Jesus et Pagu ont été honorées et célébrées [1].

Pour aller plus loin :

Cette année, les honneurs sont attribués à Maria Firmina dos Reis (1822-1917). Femme noire, autrice et professeure à Guimarães dans l’État de Maranhão. Selon la Bibliothèque Nationale, elle est considérée la première personne à publier un roman au Brésil avec son œuvre Ursula en 1859. Des activités gratuites et ouvertes au public se sont déroulées dans différents lieux de la région.

L’effacement

Les mots de Luz Ribeiro se sont un reflet d’une réalité difficile. La structure colonialiste et raciste de la société a historiquement favorisé l’effacement des personnes noires et rend difficile l’accès aux connaissances et à l’ancestralité.

Oubliée pendant des décennies, l’œuvre de Marina Firmina dos Reis n’a été récupérée qu’en 1962 par Horácio de Almeida, un historien de Paraíba, dans une librairie d’occasion de Rio de Janeiro. Il n’y a pas des photos de l’autrice venue de Maranhão et ainsi son visage reste un vrai mystère. Des représentations à la Mairie de Guimarães et au Musée d’histoire de l’État de Maranhão montrent des traits « blanchis » et ne peuvent pas nous présenter de manière fiable la véritable identité de la première romancière du pays.

« La première personne à publier un roman au Brésil était une femme noire. Rien que pour ça elle devraut avoir des statues, être étudiée dans les écoles. Nous n’avons aucun image de Maria Firmina dos Reis. Nous n’avons même pas une photo. Tout ce quón a ce sont des tentatives de représentation. On se rend compt à quel point le racisme est efficace pour nous effacer et nous faire perdre notre rôle principale » Elizandra Souza, journaliste, poète et participantes de la FliPenha 2023.

« Il y a 164 ans que la littérature féminine noire est publiée dans et, en tant qu’écrivaines, les femmes noires sont toujours présentées comme si elles venaient d’arriver » ajoute Elizandra.

La continuité et le scénario actuel

Ayô Tupinambá est autrice et chanteuse et se définit comme « transexuelle, noire, grosse, bisexuelle, périphérique et tant d’autres choses qui débordent ». Elle raconte comment l’œuvre de Maria Firmino dos Reis est encourageant car l’autrice était un symbole de résistance dans une société patriarcale et esclavagiste. Elle a fait un parallèle entre ce contexte du dernier siècle et le scénario de violence contre les personnes trans aujourd’hui.

« Maria Firmino dos Reis est un exemple à suivre dans un moment compliqué. Pour nous, personnes trans, c’est une période très difficile. L’espérance de vie des personnes trans dans ce pays est de 35 ans. Mais lorsqu’il s’agit de personnes noires, la moyenne tombe à 28 ans. Pendant la pandémie, l’espérance de vie d’une femme trans et noire était de 24 ans, pareil que nos ancêtres noires pendant l’esclavage. Nous vivons aujourd’hui ce que nos ancêtres ont vécus. »

La lutte de Maria Firmina dos Reis, qu’en plus d’être la première romancière brésilienne, a été diplômée à 25 ans et a été la première femme à passer un concours pour devenir institutrice dans l’État de Maranhão. Elle motive toute une génération qu’aujourd’hui la reconnaît comme l’un des principaux piliers de la littérature brésilienne.

Son œuvre est abolitionniste est exalte les brésiliens réduits en esclavage, les plaçant sur un pied d’égalité et les confrontant aux abus pratiqués par les classes dirigeantes de l’époque.

« Maria Firmina, une femme noire dans la société patriarcale, est une référence qui montre qu’il est possible d’écrire, produire de l’Art même dans une période très dificile. C’est ce qu’elle a vécu à l époque et ce que je vis aujourd’hui ».

C’est sur la base de cet héritage que de nouvelles voies sont empruntées. Le passé, le présent et le futur sont liés et renforcent la lutte non seulement pour la célébration et la mémoire des corps dissidents mais aussi pour le droit à la vie de ces mêmes corps. Même si la découverte de l’œuvre de Maria Firmina dos Reis était tardive, son impact motive les femmes noires en particulier, qui sont prêtes à inscrire leurs noms dans l’histoire.

« Regarder le passé, agir au présent et créer d’autres possibilités pour le futur, parce que rien n’est séparé. Ce que nous faisons maintenant est lié à ce que d’autres femmes ont déjà fait et ce sera un reflet de ce que d’autres vont faire » ajoute Thábata Wbalojá, autrice qui habite à Cidade Tiradentes dans la zone Est et participante à FliPenha en 2023.

Voir en ligne : Escritoras negras refletem sobre visibilidade de narraticas a partir do legado de primeira romancista brasileira

Buste de Maria Firmina

[1Autres Brésils vous invite à découvrir ces autrices qui ont si bien raconté les Brésils

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