Bolsonaro intervient dans la nomination des recteurs de trois universités

 | Par Ana Luiza Basilio

L’Université Fédérale de Grande Dourados (UFGD), l’Université Fédérale de Rio de Janeiro (Unirio) et l’Université Fédérale du Triângulo Mineiro (UFTM) n’ont pas sélectionné les recteurs désignés par la communauté académique, mais ceux choisis par le gouvernement.

Traduction : Marie-Hélène BERNADET pour Autres Brésils
Relecture : Martine MAURY

Au moins trois universités subissent l’intervention directe du président Jair Bolsonaro en ce qui concerne la nomination de leurs recteurs. La UFGD a été la première (d’entre elles) à être concernée. Le mardi 11 juillet, le ministre de l’éducation Abraham Weintraub a nommé la professeure Mirlene Damazio au poste de rectrice intérimaire.

La décision de cette nomination ne tient pas compte de l’élection organisée par l’université au mois de mars et qui a vu la victoire du camp « Unité », conduite par les professeurs Etienne Biasotto et Cláudia Gonçalves. Damázio, qui donne des cours au département d’éducation de la UFGD, ne faisait pas partie de la triple liste transmise au gouvernement et n’a pas non plus participé au processus électoral de l’université.

Lire aussi : L’émergence de l’autoritarisme pluraliste : l’offensive de la Police Fédérale à l’Université Fédérale de Santa Catarina, pour faire taire toute critique sur l’opération qui a mené au suicide du recteur Luiz Carlos Cancellier.
La nouvelle rectrice intérimaire a nommé vice-recteur le professeur Luciano Geisenhoff, partisan déclaré du président Bolsonaro. La thèse qui se dessine est que l’intention du gouvernement est de renforcer le groupe du camp électoral 2 et établir une direction alignée sur l’administration fédérale dans l’université.

Unirio

Le lundi 17 juillet, un processus similaire a eu lieu à l’Université Fédérale de Rio (Uniorio). Bolsonaro a, là aussi, nommé recteur de l’institution quelqu’un qui ne figurait pas sur la liste des candidats aux élections de la communauté académique : le professeur Ricardo Silva Cardoso. Les élections de l’Uniorio ont eu lieu en avril, en présence de la communauté académique, et c’est Leonardo Villela de Castro qui en est sorti vainqueur, avec 72 % des votes homologués.

Cependant, à l’issu du scrutin, le Collège Electoral de l’Uniorio a mis à la tête de l’université la triple liste transmise au Ministère de l’Education et a désigné le nom de Cardoso, qui ne figurait pas sur la liste des possibles nominés.

Universidade Federal do Triângulo Mineiro (UFTM)

Le mardi 18 juillet, à l’UFTM, le président Bolsonaro a également ignoré le premier nom désigné pour le poste de recteur de l’université. Le professeur Luiz Resende dos Santos Anjo ne figurait qu’en deuxième position sur la triple liste, mais a quand même obtenu le poste. Fábio César da Fonseca a reçu la majorité des voix dans le collège électoral et a été désigné par la communauté académique, mais son affiliation au PT de 1990 à 2005, puis au PSOL de 2007 à juillet 2018, renforce l’hypothèse que sa non-élection serait due à des raisons politiques.

D’après l’Association Nationale des Dirigeants des Institutions Fédérales d’Enseignement (Andifes), la nomination de recteurs se fait attendre dans trois institutions : l’Université Fédérale du Recôncavo de Bahia, le Cefet-RJ et l’Université édérale du Ceará (UFC).

Avec cette prise de décision dans trois universités, Bolsonaro rompt avec une tradition issue du gouvernement Lula de nommer les premiers noms figurant sur la liste transmise par les établissements. Ce changement pourrait cependant être la conséquence d’un décret crée en mai par le gouvernement et qui prévoit une étape supplémentaire dans la nomination des recteurs.

Selon la loi en vigueur, le recteur et le vice-recteur des universités fédérales sont nommés par le président de la République qui examine une liste de trois noms (triple liste) élaborée par le collège des institutions composé à 70 % de professeurs et à 30% de fonctionnaires et d’étudiants de l’institution.

Avec le nouveau décret, cette liste passe par le sas du Secrétariat du gouvernement - représenté par le général Luiz Eduardo Ramos Baptista Pereira suite à la démission du général Santos Cruz – avant d’être remise au président.

Les représentants de l’éducation, les recteurs des universités publiques ainsi que l’Andifes soutiennent la nomination du premier nom de la liste désigné par le collège électoral, dans une forme de respect de l’autonomie des institutions et de garantie des valeurs démocratiques pour ces nominations. Il s’avère que le choix d’un autre nom que celui du « vainqueur » de la triple liste peut non seulement déplaire à la communauté scientifique, mais également impacter la qualité administrative. On peut également craindre que les questions politiques et idéologiques soient utilisées pour refuser les noms [1].

Lire aussi : L’Éducation est en jeu au Brésil : une conversation avec Luis Felipe Miguel
D’ici 2023, les universités fédérales devront procéder au changement de leurs recteurs.

Voir en ligne : Carta Capital

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