Reconnaissance et menaces rythment la vie d’un évêque de la région du Xingu (2)

 | Par Beatriz Camargo

Défis

Selon Erwin Kraütler, terre et environnement sont actuellement les plus grands problèmes dans la région. « Le Xingu est la dernière frontière à l’avancée de la dévastation provoquée par les exploitants forestiers, les proptiétaires illégaux et les éleveurs en Amazonie ». Outre le préjudice causé à la nature, la déforestation s’accompagne d’un autre fléau : le travail esclave. Le dernier rapport de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) sur le travail esclave au Brésil montre que la concentration des propriétés rurales qui utilisent le travail esclave se situe exactement dans la frange de l’arc de déforestation de l’Amazonie. São Felix do Xingu (Etat du Pará), par exemple, est une championne de la déforestation et du travail esclave.

« Le travail esclave et la surexploitation doivent être combattues par la surveillance, qui a été insuffisante », analyse-t-il. Dans cette région, l’un des grands problèmes auxquels sont confrontés les contrôleurs fiscaux est le déplacement jusqu’à l’endroit incriminé par les dénonciations. Beaucoup d’exploitations se trouvent à distance des centre-villes et sont d’accès difficile, par des routes de terre. Pendant la saison des pluies, les voies sont impraticables.

En ce moment, le projet de construction de l’usine hydroélectrique de Belo Monte vient s’ajouter aux problèmes traditionnels de l’Amazonie. La critique de l’évêque est la même que celle des organisations, mouvements locaux et spécialistes en énergie : le manque total de transparence dans la divulgation des informations par Eletronorte, responsable des travaux. « On ne parle pas des conséquences pour la population local, d’indigènes et de riverains. L’idée selon laquelle un seul barrage sur le fleuve Xingu est suffisant pour générer le potentiel qu’ils veulent atteindre est mensongère », dénonce D. Erwin.

Il relève que les défenseurs de la centrale - gouvernement, entrepreneurs et commerçants locaux - parlent seulement des bénéfices qu’elle va apporter, mais qu’il n’y a pas encore eu de débat franc sur l’éventualité que le fleuve Xingu accueille le projet, ainsi que sur les préjudices que l’inondation apportera aux communautés. « Jusqu’à présent, Eletronorte n’a pas démenti ce que nous avons dit, ils demeurent silencieux. Donc ils sont d’accord, puisqu’ils n’ont rien à répondre », conclut le président du Cimi.

Le projet vient des années 1980, sous le nom de Kararaô (ou Cacaraô). En 2002, Eletronorte a re-présenté l’idée, reformulée. « Je ne suis pas tout seul, ce n’est pas l’évêque qui est contre le projet. Diverses organisations et mouvements se battent pour que la centrale hydroélectrique ne soit pas construite », souligne Kraütler.

Espoir

L’évêque place de grands espoirs dans la gestion de la gouverneure Ana Júlia Carepa (PT, Parti des Travailleurs). « Je connais bien Ana Júlia, je suis proche d’elle et je connais son travail. Comme sénatrice, elle a toujours été très attentive et a toujours porté nos revendications, y compris en lisant mes lettres en séance plénière », rappelle-t-il. « J’espère qu’elle continuera, avec la même disponibilité ». D. Erwin désire, par-dessus tout, qu’Ana Júlia amène des améliorations pour le peuple du Xingu. Et qu’elle protège la nature, « notre mère à tous ».


Par Beatriz Camargo

Source : Reporter Brasil - 16/01/2007

Traduction : Caroline Sordia pour Autres Brésils


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