Ce communiqué est daté du 24 mars 2019.
Deux autres communiqués montrent l’importante mobilisation des organisations des peuples autochtones :
- La note de la Fédération des Organisations Indigènes du Rio Negro – FOIRN
- La note de la Fédération des Peubles et Organizations Indigènes du Mato Grosso (Fepoimt).
Au niveau municipal, les organizations ont obtenus - à force de lutte - des déclarations de soutien. Par exemple du Maire de São Paulo, ou de l’association des maires du Parana.
Le 11 avril, le Secrétariat spécial à la santé indigène (SESAI) s’est déclaré contre le projet de loi. Celui-ci doit encore être soumis au vote du Parlement.
Le combat continu.
Le Communiqué de l’APIB
Le gouvernement Bolsonaro poursuit sa politique génocidaire, attaquant chaque fois plus violemment, les peuples autochtones. Son ministre [1], Luiz Henrique Mandetta, lors d’une déclaration sur la santé publique au Brésil, a annoncé, la fin du sous-système de santé des peuples autochtones en 30 secondes. Si une telle attitude ne nous surprend absolument pas, étant donné les annonces et pratiques rétrogrades de l’extrême-droite au pouvoir, elle soulève toutefois une profonde indignation et appelle à la révolte.
L’Articulation des peuples autochtones du Brésil (Apib), avec l’appui de ses organisations de base dans toutes les régions du pays, vient, devant la population, exprimer sa profonde et ferme condamnation de la position systématique et autoritaire de ce gouvernement, de destruction, de toutes les manières possibles, des peuples autochtones de ce pays.
Dès le début de son mandat, le ministre de la Santé a annoncé le projet du gouvernement Bolsonaro et ses intentions concernant la municipalisation de la santé des peuples autochtones. Cette action est condamnée par les peuples autochtones et leurs organisations, car cette intention consiste uniquement à démanteler la Politique nationale de veille sanitaire des peuples autochtones (PNASPI), conquête historique, gagnée de hautes luttes, du mouvement autochtone.
Depuis la création de la Fondation nationale de l’Indien (FUNAI) en 1967, différentes institutions et organes gouvernementaux ont été chargés des soins de santé des peuples autochtones, ce qui, malgré des évaluations et des recommandations diverses et régulières n’a jamais été satisfaisant.
En 1999, avec la création de la "Loi Arouca" (N° 9 836) la gestion de la santé des peuples autochtones revenait au ministère de la Santé, avec la responsabilité d’établir des politiques et des directives pour la promotion, la prévention et le rétablissement de la santé des peuples autochtones, dont les actions ont commencé à être mises en œuvre par la Fondation nationale de la santé (Funasa) avec la création et la mise en place de 34 districts sanitaires spécifiques aux peuples autochtones (Dsei’s), dont les services de santé et de prévention ont été assurés dans tout le Brésil, à travers la décentralisation des ressources, par des accords conclus avec des organismes de la société civile, notamment des associations Indigènes et indigénistes, ainsi que certaines administrations municipales.
Le sous-système de santé des peuples autochtones (SASI/SUS) directement lié au Système unique de santé (SUS), sous la tutelle de la Funasa pendant des décennies, a été la cible de graves accusations de corruption et de carences dans les soins. Dès lors, le mouvement des peuples autochtones a commencé à lutter pour que la gestion de la santé des peuples autochtones passe sous la responsabilité du pouvoir exécutif fédéral, à travers un secrétariat spécifique, directement lié au ministère de la Santé.
En 2010, cette revendication historique des peuples autochtones s’est traduite par la création du Secrétariat spécial à la santé indigène (SESAI), directement rattaché au ministère de la Santé et chargé de gérer l’ensemble du sous-système de soins de santé des peuples autochtones du pays, en tenant compte des critères épidémiologiques, géographiques, culturels et ethnographiques des peuples autochtones.
Le SESAI est une conquête de la lutte des peuples autochtones du Brésil. Il est né après des mois de débat du groupe de travail créé à l’époque par le gouvernement fédéral lui-même, composé de 26 membres, notamment de représentants du ministère de la Santé, de la Funasa, de la Funai et des représentants des peuples autochtones. Ce travail approfondi a abouti à la tenue de cinq grands séminaires régionaux dans tout le pays, qui ont favorisé l’écoute et le débat avec divers peuples et leaders autochtones, et dont le résultat a été approuvé collectivement dans le cadre d’un vaste processus de consultation populaire.
Récemment, face à diverses menaces de retour en arrière, les peuples autochtones se sont fermement opposés aux orientations d’une municipalisation de la santé des peuples autochtones, étant donné la catastrophe évidente et inévitable que la mise en œuvre de la proposition serait pour les peuples autochtones, notamment durant la période politique des élections municipales qui approchent.
Le Ministre de la Santé a fait preuve d’indifférence à l’égard de la préoccupation des peuples autochtones, puisqu’il continue de réaffirmer dans ses manifestations la transformation du SESAI en un simple DEPARTEMENT. En réalité, la mesure est un coup dur pour la politique de santé, puisque, transformé en département, le SESAI perdra son autonomie administrative, budgétaire et financière.
Les actes criminels prévus par le ministre Mandetta, tels que le non-paiement des salaires, rendant impossible la prestation de services aux communautés, le manque de transfert de ressources compromettant des actions essentielles telles que l’achat de médicaments, la réalisation d’examens et le transfert de patients dans les centres de référence, la fermeture des Maisons de Soins à l’Autochtone (l’acronyme en portugais - CASAI - est un homonyme du mot maison) et la généralisation du travail des ONG sont déjà en cours, déjà articulées par le projet pervers d’enfoncer « la municipalisation » dans la gorge des peuples autochtones - étouffant ainsi un système rendu insoutenable, afin que les peuples autochtones agonisent dans les municipalités, déchargeant l’Union de toute responsabilité.
Ce n’est pas dans la municipalité que la diversité des services sera assurée. Notre modèle a été construit avec des principes et des lignes directrices qui garantissent le respect de la diversité des peuples autochtones et des territoires, et garantissent la tenue du contrôle social afin que les communautés puissent surveiller, inspecter et contribuer à la mise en œuvre de la politique nationale de santé.
Par conséquent, les peuples autochtones du Brésil sont organisés et mobilisés pour ne pas accepter de telles atrocités, appelant au plus grand soulèvement de l’histoire, des mobilisations locales, régionales et nationales pour la vie de nos peuples. Nous n’assisterons pas à l’extermination de notre population en silence !
Nous lutterons, debouts, avec toutes les forces que nous avons !
Mobilisons-nous maintenant !
Résistez pour Exister !
Sang autochtone : pas une seule goutte de plus !
25-29 mars, semaine de mobilisation !
Articulation des peuples autochtones du Brésil, le 24 mars 2019.