Nous, nation autochtone Tupinamba de Olivença, située dans les municipalités de Ilhéus, Una, Buerarema et São José da Vitória, dans le sud de l’état de Bahia [Brésil], DENONÇONS à travers cette lettre la position du gouvernement brésilien consistant à ne pas démarquer notre Territoire Sacré, ne respectant pas la Constitution fédérale, dans ses articles 231 et 232 ainsi que le décret 1775/96, qui garantissent la régularisation des territoires autochtones.
En 2001, nous avons obtenu notre reconnaissance ethnique auprès de la FUNAI et le groupe technique chargé de l’étude territoriale - où nous nous trouvons depuis bien avant 1500 - a été créé. En avril 2009, le rapport détaillé sur l’identification et la délimitation de la Terra Indígena Tupinambá de Olivença, totalisant 47 376 hectares, a été publié dans le Journal Officiel de l’Union. Depuis la publication, les attaques des propriétaires terriens contre notre peuple pour ne pas reconnaître notre droit au territoire, ni le droit sacré de notre propre terre se sont intensifiées. En 2004, nous avons commencé à récupérer notre territoire, car nous étions déjà entourés par les propriétaires terriens qui nous attaquaient constamment, commettant de nombreux meurtres, encouragés par le gouvernement Bolsonaro. De plus, ils détruisaient le reste de nos biens naturels.
Il existe maintenant une sollicitation du président de EMBRATUR (Institut brésilien du tourisme), par l’intermédiaire de M. Machado Neto, PSL [Parti social-libéral], ainsi que du maire de Una-BA, Tiago Bischner, ou de Tiago Dejair, du PP [Parti progressiste] ; du gouverneur de l’État de Bahia, Rui Costa, PT [Parti des travailleurs] ; du vice-gouverneur, João Leão, du PP ; du sénateur Otto Alencar, PSD [Parti social-démocrate] ; du député fédéral Mario Negromonte Junior, PP ; du député d’État Eduardo Sales, PP ; entre autres, pour mettre fin au processus de démarcation de notre territoire sacré dans le but d’implanter une station balnéaire portugaise, nommée VILA GALÉ, d’une valeur estimée à plus de 200 millions de BRL [soit environ 50 millions d’Euros].
Notre processus de démarcation est paralysé depuis 10 ans au ministère de la Justice, en attente de la signature de l’arrêté déclaratoire par le Ministre de la justice, Sergio Moro. Notre territoire avait déjà été reconnu, lors d’un jugement unanime rendu en septembre 2016, à la Cour suprême de justice (STJ). Le STJ a déterminé le respect de la Constitution et la signature du dit arrêté déclaratoire par le ministre de la Justice, étant donné qu’aucun empêchement juridique n’existait. Le retard dans la non-signature de l’arrêt déclaratoire cause des préjudices énormes sur nos communautés.
De plus, lors de sa campagne, Bolsonaro a constamment attaqué les peuples autochtones, en nous traitant de manière hostile et en déclarant que nous constituons des obstacles au développement du pays et que, dès le début de son mandat, aucun millimètre de terre ne serait démarqué pour les peuples autochtones. Après avoir été élu, il a commencé à tenir ses promesses, soit par le biais de mesures provisoires, soit par des décrets présidentiels, en révoquant les droits des peuples autochtones acquis au cours de siècles de lutte. Il a également précisé que, pour lui, l’environnement n’est pas important. L’important est d’ouvrir les terres autochtones à l’exploitation de façon générale et sans restriction pour les accapareurs de terres, l’agroalimentaire, les bûcherons illégaux, l’exploitation minière et la spéculation immobilière.
Nous nous adressons donc aux différentes instances du gouvernement brésilien, des ambassades, des ONG nationales et internationales œuvrant pour la défense des droits des autochtones, pour leur dire que nous n’accepterons pas cette attaque nocive contre nos droits et sollicitons :
- Que le ministre de la Justice signe immédiatement l’arrêt déclaratoire de démarcation de notre territoire sacré, afin de nous garantir une sécurité juridique, physique et psychologique ;
- Que toutes les personnes citées ci-dessus fassent l’objet d’une enquête, en particulier le président d’Embratur, M. Gilson Machado Neto, en raison du lobbying en faveur de la société de tourisme portugaise et au détriment des Tupinambas, comme cela a récemment été rapporté dans les médias.
- Une enquête concernant les subventions accordées par INEMA / BA au sein des limites du territoire sans consulter les communautés comme le garantie la Convention 169.
Halte-là ! Cette terre a un propriétaire !! Ce territoire appartient à la nation Tupinamba !!! Nous ne serons pas décimés !!!