Le Brésil à l’ère des épuisements de l’imagination politique Un pays de zombis qui trouve dans la mélancolie son mode de vie. Entretien avec Vladimir Safatle.

 | Par Ricardo Machado

Par Ricardo Machado pour IHU – En ligne le 20 juin 2016

Traduction : Roger GUILLOUX
Relecture : Céline FERREIRA

« Nous sommes à un moment de triple épuisement, épuisement d’une période historique, d’un modèle de développement et d’une gauche brésilienne » nous dit Vladimir Safatle.

Photo diarioliberdade.org

La Nouvelle République instaurée dans le Brésil post-dictature, devenue un régime d’accommodation et d’intégration des secteurs qui avaient appuyé le régime militaire, s’est épuisée. Et la gauche, au lieu de rompre avec ce modèle, a adopté comme mode de gouvernement l’alliance avec les milieux de l’entreprise et s’est transformée en un grand modèle de gestion de la corruption institutionnalisée, ce qui l’a conduit à son propre épuisement.

« C’était alors le moment pour la gauche brésilienne de revenir en arrière et de dire : ce n’est pas possible de faire les choses de cette façon, ce n’est pas possible de justifier quoi que ce soit de cette manière et ce n’est pas possible d’accepter cette histoire de la corruption qui serait un fait inhérent au système capitaliste. Ceci est un manque de respect, non seulement à la population mais à la propre histoire de la gauche », critique Vladimir Safatle dans un entretien exclusif accordé à IHU On-Line.

A partir des épuisements de divers modèles - y compris celui de la représentativité telle qu’elle fonctionne - a émergé une nation de zombis qui trouvent dans la mélancolie leur mode de vie. « Le pouvoir agit en intériorisant une expérience mélancolique. Le pouvoir nous rend mélancoliques et c’est là sa fonction, faire en sorte que nous nous heurtions à chaque instant à cette croyance en notre propre impuissance », analyse-t-il. « Ce qui se produit au Brésil n’est qu’une explicitation d’un processus culturel et c’est ainsi qu’il se perpétue. La première question à résoudre pour récupérer notre imagination politique est que nous fassions la critique des affects mélancoliques », ajoute-t-il.

« Le problème est que le discours intellectuel au Brésil s’est réduit à une logique de conjuration, alors ça n’a pas de sens d’espérer que se mette en place une formation effective permettant de préparer les personnes à une quelconque forme de débat », estime Safatle. « Il y a un certain nombre de responsables et pas seulement du côté de la pensée conservatrice. Même à l’intérieur de la gauche, il existe une incapacité de la part des intellectuels à se poser en tant que force critique, comme si l’idée de critique était un crime de lèse-majesté, une forme d’imposition de classe », souligne-t-il.

Vladimir Safatle est licencié en philosophie (Université de São Paulo – USP) et en communication sociale (École Supérieure de Propagande et Marketing). Il a obtenu son Master en philosophie à l’USP et son doctorat portant sur les « Lieux et transformations de la philosophie » à l’université Paris VIII. Il est actuellement professeur au département de philosophie de l’USP. Il a été professeur invité des universités Paris VII, Paris VIII, Toulouse, Louvain et Stellenboch (Afrique du Sud) ainsi que responsable de séminaire au Collège international de philosophie (Paris).

Il est l’un des coordinateurs de l’International Society of Psychoanalysis and Philosophy, du Laboratoire de recherche en théorie sociale, philosophie et psychanalyse (Latesfip) et président de la Commission de coopération internationale (CCint) de la FFLCH-USP depuis 2012.

Il est l’auteur de plusieurs livres parmi lesquels nous retenons A paixão do negativo : Lacan e a dialética (La passion du négatif : Lacan et la dialectique) São Paulo : Unesp, 2006, Lacan (São Paulo, Publifolha, 2007), A esquerda que não teme dizer o seu nome (La gauche qui n’a pas peur de dire son nom) São Paulo, Três Estrelas, 2012 et O circuito dos afetos. Corpos políticos, desamparo e o fim do indivíduo (Le circuit des affects. Corps politiques, désespoir et la fin de l’individu) São Paulo, Cosac Naify, 2015.

Safatle lors de l’entretien avec IHU
Photo Cristina Guerini / IHU

Voici l’entretien
IHU On-Line – Comment analysez-vous la conjoncture actuelle ?
Vladimir Safatle - Nous sommes à un moment de triple épuisement, épuisement d’une période historique, d’un modèle de développement et d’une gauche brésilienne.
La période historique est celle de la Nouvelle République [1] qui a pris fin en 2013. Elle a incarné un moment historique fondé sur une certaine idée de conciliation et de ré-démocratisation qui a duré près de 30 ans mais elle ne s’est jamais réalisée complètement car elle n’a jamais existé pour être menée à bien complètement.

L’épuisement de la Nouvelle République

La Nouvelle République est née de l’union entre le PMDB [2] et le PFL [3] au moment de l’élection de Tancredo Neves [4] et cette union a scellé toute l’histoire du Brésil jusqu’à nos jours. C’est ainsi que fut établi un régime de gouvernement basé sur l’intégration de secteurs qui avaient appuyé la dictature militaire. L’intégration ne signifiait pas seulement qu’on allait les faire entrer au gouvernement, elle signifiait également qu’on allait adopter leur mode de gouvernement, leur façon de construire des alliances, leur modèle de relation avec le secteur de l’entreprise ainsi que tout ce qui allait faire que la Nouvelle République se transforme en un grand modèle de gestion d’une corruption institutionnalisée atteignant tous les partis.

Ceci est l’une des choses les plus fantastiques concernant les problèmes de corruption au Brésil, ils atteignent tout le monde. On le perçoit de manière très claire car il s’agit d’un mode de gouvernement et non pas d’une pratique spécifique. Avec ce régime de gouvernabilité, on a installé dans la Nouvelle République, un système d’entraves, ces entraves signifiant qu’il est impossible de réaliser de grandes réformes au sein d’une coalition où, une partie de celle-ci, tire profit de ce retard.

L’une des questions que nous devons nous poser est de savoir pourquoi nous avons eu 13 années de gouvernement de gauche et que les idées traditionnelles du réformisme socio-démocrate n’ont même pas été envisagées. Un exemple non formulé est la non-discussion de la réduction de la journée de travail, une idée traditionnelle du syndicalisme, car nous vivons dans un pays où la journée de travail est de 44 heures hebdomadaires alors que dans une bonne partie du monde civilisé, elle est de 40 heures et dans certains pays, de moins de 35 heures.

Système de pacification nationale

Dans la Constitution, le seul impôt qui est constitutionnel est l’impôt sur les grandes fortunes. La Constitution a été promulguée en 1988 et à ce jour, il n’existe aucune loi permettant d’appliquer cet impôt constitutionnel. Ce sont là des aberrations incroyables mais ceci est justifiable à l’intérieur du modèle de la Nouvelle République.

D’un autre côté, ce modèle d’entraves a été un système de pacification nationale car il signifie que tous ceux qui allaient entrer au gouvernement allaient devoir administrer ce retard et c’est ce qui s’est passé avec Fernando Henrique Cardoso, avec Lula et avec Dilma. Mais en échange, celui qui gagne l’élection gouverne. Cela a fonctionné jusqu’au moment où, en 2013, le déphasage entre la caste politique brésilienne et les aspirations de la population est apparu très clairement.

Je ne me souviens d’aucun autre moment de l’histoire du Brésil où l’on s’est trouvé dans une situation aussi dramatique que le jour où, à Brasilia, une masse de personnes courait en direction du Congrès et que tout ce que la police réussit à faire a été de pousser cette masse sur le côté de la rue pour que les manifestants mettent le feu au Palais de l’Itamaraty [5]. C’est l’une des scènes les plus impressionnantes de l’histoire brésilienne.

Le vide post 2013

Cette scène démontrait clairement au point où nous en étions arrivés. Et cependant, rien ne se produit après 2013, aucun acteur politique, de droite comme de gauche, n’est capable de prendre en considération les demandes des manifestants. J’en conclurais donc que, depuis 2013, le pays vit dans l’attente. C’est un pays en lévitation « en attente de », incapable d’incorporer les demandes de justice sociale - dans le sens le plus éloigné du terme – en d’autres termes, incapable d’incorporer le « je veux un système de santé et d’éducation « standard Fifa [6] » »

« C’était l’occasion pour la gauche brésilienne de faire un pas en arrière. »

L’épuisement du lulisme

A ce moment, apparaît un deuxième type d’épuisement, l’épuisement du modèle de développement brésilien connu sous le vocable de lulisme. D’un côté, le lulisme a été l’apogée de la Nouvelle République, c’est ce qu’il a réussi à faire de mieux dans le sens où il a su profiter des systèmes d’entraves et de coalition et mettre en place un programme d’assistance sociale minimal qui a tiré vers le haut 36 millions de personnes. En d’autres termes, il a retiré 36 millions de personnes de la misère et de la pauvreté et a fait monter une classe moyenne pauvre mais qui disposait de pouvoir d’achat.

Au cours de cette période, l’augmentation réelle du salaire minimum a été consolidée, le capitalisme d’État brésilien a été réorganisé à travers la Banque nationale de développement économique et social, la BNDES. Et le modèle de coalition hérité de la politique de la Nouvelle République s’est perpétué. La gauche a réussi à maintenir ce modèle politique car elle a ressuscité le seul modèle d’inclusion des masses au processus politique que le Brésil connaisse et qui est le populisme.

Quand Lula a revêtu la combinaison de la Petrobras, qu’il a trempé les mains dans le pétrole et qu’il a reproduit la scène de la photo de Getúlio Vargas, il savait très bien ce qu’il faisait, car on ne reproduit pas une des images les plus paradigmatiques de l’histoire brésilienne impunément. En fait, il comprenait que son action s’inscrivait au sein du modèle varguiste. Ce modèle où Vargas disait « mes problèmes ne sont pas mes ennemis, mes problèmes ce sont mes alliés ».

Ce type de système d’incorporation fonctionne de la manière suivante : on intègre la masse des exclus du processus politique mais le prix à payer est de mettre les demandes populaires au même niveau que les demandes des oligarchies insatisfaites, demandes qui allaient alors entrer conjointement dans une coalition d’intérêts opposés. Une coalition qui, parce qu’elle est contradictoire, ne durait qu’un temps et explosait car à un moment donné il fallait gérer les insatisfactions venant de toute part. La différence est que Vargas est mort à ce moment-là, il n’eut donc pas à voir cela, à la différence de Lula qui a vu le processus se dégrader.

Sans alternatives

Comme il n’existait pas de seconde alternative - un deuxième cycle de politiques, il n’y avait rien depuis 2010 - toute la créativité politique à l’intérieur du gouvernement fut paralysée, aucun nouveau projet ne fut lancé, si ce n’est quelques projets très ponctuels tels que le Mais Médicos Programme [7]et d’autres de ce type. Nous avions cependant besoin d’un véritable deuxième cycle de politique de lutte contre les inégalités sociales et cela n’a même pas été mis à l’ordre du jour. Que s’est-il donc passé ? 2013 est arrivé et les gens se sont rendus compte que le Brésil était paralysé, qu’ils avaient amélioré leurs revenus mais qu’en même temps, ils avaient développé de nouveaux besoins et que ceux-ci faisaient fondre leur revenus. Les gens ont quitté l’école publique et ont mis leurs enfants dans l’école privée et se sont rendus compte qu’ils perdaient une partie de leur salaire pour faire face aux frais d’une école privée de très mauvaise qualité. Ils ont quitté le SUS [8] et ont souscrit à une assurance de santé privée et se sont rendus compte de la même chose, ils ont arrêté de prendre le bus et ont acheté une voiture à crédit et de nouveau ils se sont rendus compte de la même chose. Si l’on additionne ces trois dépenses, c’est un tiers du salaire de ce que l’on a appelé la nouvelle classe moyenne, qui a fondu. Ainsi deux choses se sont ajoutées : la fin de la Nouvelle République et l’épuisement d’un modèle de développement économique.

Epuisement de la gauche brésilienne

Mais à cela s’est ajouté un troisième élément et à ce moment-là, oui, c’est devenu explosif : l’épuisement de la gauche brésilienne, courant politique qui depuis 1945 avait toujours eu une certaine force, même durant la dictature militaire [9]. Pendant la dictature, la gauche a perdu mais n’a pas été vaincue car elle a réussi à consolider une résistance considérable dans différents secteurs, représentant une parcelle importante de l’opinion publique, ce qui est véritablement impressionnant. Et alors, que s’est-il passé ? Cette gauche sera court-circuitée car il est arrivé un moment où elle a dû payer le prix de ce modèle de gouvernement et ce prix c’était, entre autres choses, la corruption.

C’était donc l’occasion pour la gauche brésilienne de faire un pas en arrière et de dire qu’il n’était pas possible de faire les choses de cette manière, qu’il n’était pas possible de justifier quoi que ce soit de cette façon et qu’il n’était pas possible de faire avaler cette histoire qui voulait que la corruption soit une donnée inhérente au système capitaliste. Ceci est la marque d’un manque de respect non seulement à la population mais aussi à la propre histoire de la gauche. D’une certaine manière on perd la légitimité de faire des propositions à mesure que l’on flexibilise les jugements éthiques et moraux en les adaptant aux intérêts immédiats, en les soumettant, en premier lieu, à un calcul politique.

Toutefois, avec le Parti des Travailleurs, le PT, il y a une différence majeure. Ce parti a passé 40 ans à casser les oreilles de tout le pays en disant que la corruption était une énormité, que c’était immoral et alors, tout d’un coup, il se met à faire la même chose. Il est évident que cette bombe va exploser dans le giron du PT et que les personnes vont dire : « vous, je ne veux plus jamais de vous ».

Le pays des zombis

L’imbrication de ces trois processus nous conduit à la situation actuelle, très proche de ce que Freud commente dans L’interprétation des Rêves, quand, au moment du réveil, il ressent une profonde tristesse lorsqu’il revoit la scène du dîner dans son rêve, où son père est assis devant lui. Freud pense ce qui est évident : « mon père était mort et je ne le savais pas ». C’est la meilleure description que l’on peut donner de notre situation, nous sommes un pays de zombis qui ne sait même plus mentir. Nous sommes dans un processus continu de déconstruction de tout et où il apparaît très clairement qu’il existe une oligarchie financière qui a pris le pouvoir par la force et qui va imposer un modèle de gestion, celui de la terre brûlée. Une telle chose ne se produirait jamais s’il y avait une élection. C’est pour cela qu’ils essaient d’imposer ces mesures par la force, parce qu’il n’y a pas d’autre manière de le faire.

Nous sommes dans une situation telle que nous ne réussissons plus à intégrer aucune force d’opposition car nous avons un modèle de fonctionnement de la gauche qui aurait dû être abandonné mais qui ne l’a pas été. Et presque comme un réflexe, nous essayons de remettre en selle ce modèle mais il ne fonctionne plus. Nous sommes donc dans cette situation qui est la pire situation possible. Ceci me rappelle un peu la situation mexicaine, un pays qui a stagné pendant 50 ans en raison d’une contradiction qui, en fait, était déjà parfaitement inscrite dans le nom du parti qui a gouverné ce pays pendant cette période, le Parti Révolutionnaire Institutionnel, le PRI.

« Il n’est pas possible de nous faire croire l’histoire selon laquelle la corruption est une donnée inhérente du système capitaliste »

IHU On Line – Cet épuisement de la gauche, qui se manifeste également par le manque de dialogue, comme en 2013, n’est-il pas le signe d’une crise de la pensée de gauche ?
Vladimir Safatle – Il existe une gauche pour laquelle, la seule possibilité d’existence ne peut se réaliser que sous la forme d’une représentation ; si elle n’arrive pas à représenter quelque chose, ce quelque chose n’existe pas. Je trouve cela drôle car nous avons fait la critique de la représentation de la philosophie, il y a plus de 100 ans mais en politique, il a été impossible de le faire. C’est comme si l’on considérait la critique de la représentation comme un appel à l’autoritarisme, ce qui pour moi n’a ni queue ni tête. Pour cette gauche, si vous ne dramatisez pas les conflits sociaux dans les formes traditionnelles de représentation, c’est-à-dire en les incorporant à un parti, un syndicat ou une association, alors le processus n’existe pas ou est de type proto-fasciste.

Mais il y a aussi un autre type de gauche qui, faisant la critique de la représentation, comprenant que ces structures ne rendent plus compte des processus de mobilisation, est allé vers une fragmentation complète des objectifs. Et alors, il y a des objectifs spécifiques mais qui ne réussissent qu’à générer des mobilisations pour un temps limité sans créer une constellation. Et ensuite, que se passe-t-il ?

Nous sommes dans une situation surréaliste avec de fortes mobilisations, telles que les occupations de lieux publics par les étudiants, les occupations des artistes au Ministère de la Culture, la lutte des féministes et toute une série de discussions mais qui ne constituent pas une constellation. Que présuppose la constellation ? Que quiconque y entre, puisse occuper n’importe quel espace, circuler dans n’importe quel espace, c’est-à-dire, casser l’idée de lieux et de discours spécifiques, ce qui est perçu comme une opposition sacrilège à une certaine idée de mobilisation aujourd’hui. On construit ces lieux de parole mais on ne se rend pas compte que c’est une démarche autoritaire et antipolitique.

Politique

Le propre de la politique, c’est de déconstruire tous les lieux et de produire une sorte de sujet générique qui peut occuper n’importe quel lieu car il est capable de percevoir les résonnances de toutes les demandes. Et donc, cette critique à une certaine conception de l’universalité a eu un effet terrible et, d’une certaine manière, destructeur pour la gauche. En faisant la critique de la normativité inhérente à une conception de l’universalité, on a oublié que la critique à la fausse universalité est faite en vue d’une véritable universalité et que cela serait l’objectif théorique majeur de la gauche, celui de se questionner sur ce que serait une véritable universalité.

Aussi longtemps qu’il n’existera pas de capacité à réorganiser des demandes à l’intérieur d’un système de constellation conduisant à une traduction tangible de toutes ces demandes en un lieu de convergence, il n’y aura pas de gauche avec une réelle force de mobilisation. Nous aurons quelque chose de semblable à ce qui s’est produit en Allemagne quand le parti Pirate est apparu, qui a connu une ascension fulgurante arrivant même en deuxième position lors de certaines élections. Il n’avait qu’un seul mot d’ordre : transparence et liberté d’expression sur Internet. Où se trouve ce parti aujourd’hui ? Il a disparu car on ne fait pas de politique en passant d’un mot d’ordre à un autre, la somme de ces mots d’ordre n’est pas supérieure à l’ensemble. Et on a donc perdu une vision de l’ensemble du processus, de la structure systémique et cela bloque radicalement la puissance de transformation sociale.

IHU On Line – Comment échapper à la mélancolie du vide de la gauche qui a commencé en 2013 ?
Vladimir Safatle – Cela est l’une des réactions naturelles. Freud décrit les mélancolies comme une forme d’amour pour des objets perdus. La gauche a perdu ses objets, mais elle n’a pas été capable, en raison du deuil, d’élaborer quelque chose de nouveau. Elle s’est fixée sur ce qui a été perdu et ce qui a été perdu a été incorporé au cœur de la question, telle une ombre. Ce contexte conduit à deux conséquences possibles : ou bien on entre dans un processus d’auto-culpabilisation en raison de ce qui a été perdu, se responsabilisant pour cette perte, se mettant dans une situation de paralysie complète, ou bien la perte se transforme en agressivité comme si l’objet perdu était un traite en quelque sorte, quelque chose qui n’aurait pas dû être perdu. Et alors, d’une manière ou d’une autre, on reste prisonnier d’une époque passée. Cela s’appelle la mélancolie, une fixation à l’intérieur d’une expérience hors du temps qui n’a plus aucune utilité. C’est une pathologie classique de situations où il existe un processus d’épuisement sans aucune alternative en vue.

L’une des fonctions de la mélancolie est de paralyser la capacité d’action du sujet. C’est pour cela que l’affect fondamental du pouvoir est la mélancolie. Le pouvoir n’agit pas en contraignant directement les personnes ; il n’existe aucun pouvoir qui s’impose durablement par la coercition car la coercition est quelque chose qui doit être utilisée pendant 24 heures. Pour cela plutôt que d’une coercition externe, on a besoin d’une coercition interne qui résulte de l’intériorisation d’un principe disciplinaire.
Le pouvoir agit en intériorisant une expérience mélancolique, le pouvoir nous « mélancolise » et c’est là sa fonction, faire en sorte que nous nous trouvions à tout moment avec la conviction de l’impuissance de notre propre force. En d’autres termes, une expérience de notre constante fragilité qui va jusqu’au positionnement dépressif de penser que « je n’ai plus rien à faire, qu’il vaut mieux que je retourne à mes occupations quotidiennes et que j’oublie complètement ma dimension sociale ». Ce qui se produit au Brésil n’est qu’une explicitation d’un processus culturel, c’est ainsi qu’il se perpétue. La première étape à franchir pour récupérer notre imagination politique est de faire la critique de nos affects mélancoliques.

"Le pouvoir agit en intériorisant une expérience mélancolique"

IHU – On line – Est-il possible d’envisager une nouvelle structure politique dans la conjoncture actuelle ?
Vladimir Safatle – Nous connaissons le modèle d’incorporation qui est le modèle fondé sur le populisme, celui qui incorpore plusieurs demandes dans une personne, laquelle de fait, apparaît comme un leader et ce leadership fonctionne avec un signifiant vide de sens. On n’est jamais arrivé à transposer à l’intérieur de l’État, tous les conflits de la société civile. Donc les conflits entre les monétaristes et les développementistes, entre la Banque centrale et le Ministère de la planification, entre le Ministère de l’agrobusiness et les écologistes, entre le Ministère de l’agriculture et le Ministère de l’environnement, entre les Forces armées et les défenseurs de droits humains, etc., se transforment en objet de manœuvre à gérer.

Le populisme et ses personnages apparaissent comme une espèce de médiateur universel qui, au moment où l’on croit que le conflit va exploser, offre une compensation symbolique au perdant, lui disant : je suis en fait de votre côté mais la relation de force n’est pas favorable, mais la situation va s’améliorer. Seulement, les choses ne changent jamais et cette adhésion peu à peu s’effrite. Nous connaissons bien ce processus d’incorporation en Amérique latine. Le théoricien argentin, Ernesto Laclau a très bien décrit ce modèle et il fonctionne très bien dans notre réalité.

Autres incorporations

Il nous reste donc à penser une autre forme d’incorporation, cette forme d’incorporation de fait, fait du peuple une catégorie fondamentale du politique, ainsi le peuple est celui qui s’incorpore à ce processus avec les masses et il y a toujours ce jeu du peuple contre l’élite. Il y a là tout un malabarisme rhétorique qui essaie de cacher qu’une partie de l’élite est de votre côté. Nous savons comment cela s’est produit avec le péronisme jusqu’à ce qu’aucune possibilité de gouvernement ne fut plus possible. Nous avons vu que cela s’est également produit au Brésil. La caractéristique de ce modèle d’incorporation à grande échelle, que nous voyons, est une gestion de paralysie. Elle est la transformation du peuple en une catégorie centrale qui peut basculer et se transformer en différentes choses, parmi lesquelles, une forme de nationalisme comme élément fondamental de la gauche, ce que, soit dit en passant, est une des choses les plus incompréhensibles que l’on puisse imaginer.

Si la gauche a une raison d’exister, cela est dû à son cosmopolitisme et à son internationalisme, ce qui n’est pas compatible avec un schéma nationaliste. Cette idée de vouloir parler d’un État-nation en 2016 ne peut être qu’une plaisanterie. Il serait beaucoup plus utile de discuter d’institutions post-nationales que de ce type de récupération d’un concept obsolète qui du point de vue même de l’organisation institutionnelle, n’existe plus.

Le peuple

Tout cela se produit parce que le peuple est pensé comme une catégorie centrale. Je dirais cependant deux choses : le peuple ne constitue pas une catégorie fondamentale de la politique, c’est une catégorie provisoire. Il est important qu’il se constitue dans des situations provisoires afin de donner forme à certains antagonismes fondamentaux, mais il est impossible de parler de peuple sans parler de processus d’exclusion, de processus d’identité, de processus d’unification. Plutôt que de nous enfermer dans la dichotomie entre peuple et individu, nous devrions essayer de développer une troisième catégorie qui n’est ni l’une ni l’autre, ni une association d’individus comme le propose le libéralisme, chacun avec ses multiples intérêts et ces intérêts qui vont entrer dans une relation contractuelle débouchant sur un contrat virtuel.

Il nous manque cette capacité à savoir ce que signifie une association de sujets politiques, c’est-à-dire de sujets qui ne sont pas dotés d’intérêts et d’identités mais qui peuvent entrer en une relation de constellation sans constituer une unité. Ceci est un type de structure politique d’une autre nature qui n’a pas de place pour les idées de nation, d’État-nation, de peuple mais qui réussit à construire une forme d’implication générique avec ce qui est hétérogène, avec une idée de l’hétérogénéité de base que je considère être un élément fondamental, plus encore dans la situation de régression politique actuelle que nous retrouvons non seulement au Brésil mais dans le monde entier.

IHU On-Line – La crise est devenue un mode d’existence ?
Vladimir Safatle – J’en ai parlé dernièrement. Si j’étais un marxiste classique, je dirais que depuis Karl Marx, l’idée fondamentale est que le capitalisme est un système de gestion des crises, il fait de la crise son mode d’existence. Cela parce qu’il existe un processus de flexibilisation continue qui est le résultat de cette confrontation entre force productive et relation sociale de production. Autrement dit, ce mode d’existence se retrouve dans un modèle de développement qui fait en sorte qu’il est absolument nécessaire, décisif et fondamental que les formes de vie et de relations traditionnelles soient continuellement détruites. C’est ce qui se produit en raison d’un principe fondamental, celui de l’augmentation générale de productivité. Cette augmentation générale de la production est un objectif en soi.

La Chine et le capitalisme

Ceci nous conduit à une question intéressante. Pourquoi le capitalisme n’est-il pas apparu initialement en Chine ? Alors que la Chine, dans bien des domaines, était en avance sur l’Europe aux XVII ème et XVIIIème siècles, le capitalisme n’apparaît pas là parce que l’idée d’excédent n’existe pas. L’idée de la nécessité de faire fonctionner le processus de manière telle que l’excédent de production permette d’établir une dynamique de productivité de plus en plus grande, faisant baisser les prix, dévalorisant le travail, etc…, cette idée n’existe pas.

Toute cette dynamique génère un processus continu de dévalorisation du travail, ce qui signifie qu’il y a deux possibilités : ou bien, intensifier les régimes de travail qui nous conduisent à travailler deux fois plus que nos parents pour arriver à gagner la même chose et maintenir le même niveau de vie, ou bien provoquer des catastrophes comme une guerre par exemple. De cette manière on trouve un moyen de retirer une partie de la population du processus de production.

« Le type se plaint au sujet du noir qui a droit à un quota, au sujet d’un autre qui reçoit l’allocation Bolsa familia [10],mais fainéant pour fainéant, qui en réalité ne travaille pas dans ce pays ? Qui en réalité n’a jamais eu besoin de travailler ? »

Crise continue

A l’intérieur de ce modèle qui ne s’est intensifié que pour arriver à une situation dans laquelle nous vivrons en crise continue, le discours sur la crise aura deux fonctions : la première est une fonction économique, la seconde est une fonction morale, la pire de toutes. Ce discours a une fonction économique car il dira que la crise va continuer et que, pour cette raison, nous instaurons une espèce de flexibilisation continue de toutes les règles et droits du travail. Et alors on fait une réforme de la Sécurité sociale aujourd’hui et dans cinq ans une autre et dans dix ans, encore une autre et on continuera ainsi jusqu’à la disparition du système de Sécurité sociale et on fera la même chose avec le droit du travail jusqu’à sa disparition totale.

Crise morale

Ça, c’est ce qui nous attend. Maintenant, il y a une question intéressante : pourquoi la population est-elle passive vis-à-vis de cette crise ? Parce que la crise relève du discours moral. Un discours moral est plus ou moins un jeu de vertus : seul celui qui a la vertu du courage survivra. En d’autres termes, s’il a le courage de prendre des risques, d’avoir la force d’entreprendre, de réaliser des innovations, celui-là ne sera pas affecté par la crise ; la crise n’affectera que ceux qui sont paralysés – les lâches – ou ceux qui agissent comme des enfants capricieux et qui attendent le soutien d’un certain type d’État protecteur ou d’État providence.

L’individu qui se voit comme un raté du point de vue économique, se voit également comme un raté du point de vue moral. De cette manière, on crée une situation dans laquelle la responsabilité de l’impossibilité de s’insérer économiquement pèse uniquement et exclusivement sur les individus. C’est la seule raison pour laquelle nous avons des pathologies de dysfonctionnement des individus, comme la dépression. Ce qui est intéressant, c’est l’incapacité à réaliser un travail systématique visant à casser ce type d’argument.

Le patrimonialisme économique

Toutes les données apparues au cours des quatre ou cinq dernières années montrent à quel point notre modèle économique est patrimoniale, à quel point il est imperméable à la concurrence et à l’esprit d’entreprise. Le fait est que, au sens le plus traditionnel et le plus banal de l’expression, l’entrée dans la vie sociale avec un capital venant d’un héritage du patrimoine familial, a un impact décisif. Cela parce qu’il est beaucoup plus facile de ne pas travailler quand on dispose d’un héritage et plus encore dans un pays où le taux d’intérêt de base est de 14,75%. Par exemple, si j’ai un capital de 3 millions de réaux placé dans une banque et que je sais un peu jouer avec le système financier, je ne travaille plus, je n’ai plus besoin de le faire. C’est un modèle mondial. Si une personne possède trois ou quatre appartements, il peut tout simplement se transformer en gestionnaire de ces propres biens et il n’aura besoin de ne rien faire d’autre, absolument rien.

Je trouve amusant qu’aujourd’hui, l’un des discours les plus fréquents du Brésilien conservateur est incarné dans le plaisir presque enfantin de traiter les autres de fainéants quand il manifeste dans la rue. J’ai toujours trouvé cela amusant car ce type peste contre le noir qui bénéficie d’un quota, contre l’autre qui reçoit l’allocation Bolsa Familia, mais fainéant pour fainéant, qui ne travaille pas dans ce pays ? Qui, en réalité, n’a jamais eu besoin de travailler ?

Une vie de rentier

J’ai des amis qui n’ont jamais vraiment travaillé. Ils ont fait des petits boulots ici ou là, ils ont travaillé quelques années et sont arrivés à la cinquantaine et ne travaillent plus. Nous connaissons tous des personnes qui sont dans cette situation, on les trouve dans les grandes villes brésiliennes. Ils s’occupent de leur patrimoine et attendent la mort d’un parent pour voir leur rente augmenter. Au Brésil, l’impôt sur les successions ne dépasse pas les 4% alors qu’aux États-Unis, cet impôt peut s’élever à 40% ce qui permet de développer la philanthropie car personne n’a envie de donner 40% à l’État, ce qui permet aussi d’assurer son marketing personnel. En d’autres termes, dans un pays comme le nôtre, il est difficile de ne pas avoir l’impression que le système économique est organisé tout simplement pour défendre le patrimoine et rien d’autre. Si je suis propriétaire de trois appartements et si je les mets en location, je peux réussir à ne pas les inclure dans ma déclaration d’impôts. Alors que si moi, je viens ici, que je reçois 300 R$ pour la conférence que je fais et que j’oublie de l’inclure dans ma déclaration, vous pouvez être certain que j’aurais une amende.

lHU On-Line – Comment percevez-vous ce mouvement de jeunes organisé par les élèves qui occupent des écoles [11] ?
Vladimir Safatle – Je pourrais dire qu’il s’agit d’une jeunesse absolument fantastique en raison de sa capacité de mobilisation, de sa capacité à établir des objectifs, absolument décisives, mais j’aimerais insister sur un autre aspect. Je regarde cela avec une profonde honte parce qu’un pays qui en arrive au point où ses élèves sont obligés d’occuper une école parce qu’ils veulent avoir cours, parce qu’ils ne veulent pas que leur école soit fermée et dégradée. Vous imaginez ce que cela signifie ? Cela n’a rien à voir avec la gauche ou la droite, ceci n’est pas un débat sur la gauche ou sur la pensée conservatrice, ceci est un débat sur la faillite complète de l’État brésilien.

Même dans un pays gouverné par des conservateurs, on ne ferme pas les écoles. Il est possible que l’on fasse payer dans les universités ou aux autres niveaux d’enseignement mais je ne connais aucun pays qui ait fermé ses écoles. Cela montre de manière très claire à quel point nous avons un système de défense de caste, de caste politique.

L’anti-intellectualisme

Les écoles sont fermées pour deux raisons : d’abord parce que la caste qui nous gouverne est une caste qui réussit à se perpétuer. Elle n’a plus du tout peur - car la relation que le politique doit avoir avec la société est une relation de peur, si le politique n’a plus peur de la société, c’est fini. A São Paulo par exemple, la même caste gouverne depuis 20 ans. Une des choses les plus amusantes que j’ai trouvé concernant cette situation, fut la déclaration de Paulo Maluf [12] qui disait « je n’ai jamais fermé des écoles, j’en ai ouvert ». Et de fait, c’est une manière un peu caricaturale de dire que nous sommes dans une situation où on n’entend plus ce discours qui disait que l’éducation et la santé étaient prioritaires.

Il existe un autre élément, justifié par un certain anti-intellectualisme très présent dans la société brésilienne. Depuis le début de la Nouvelle république, il existe une sorte « d’accord »visant à se débarrasser de cet anti-intellectualisme. Il y a toujours eu une partie de la population qui disait que les universités brésiliennes ne produisaient rien, « qu’elles étaient les antres du marxisme ». Comme c’est bizarre ! J’ai étudié la philosophie à l’Université de São Paulo – l’USP et je n’ai jamais eu un seul cours sur Marx. Si vous regardez mon CV, vous verrez que c’est vrai. J’ai eu un cours sur Hobbes, sur John Locke mais sur Marx, rien du tout, il y a donc quelque chose de bizarre !

« Il y a une série de responsables, il ne s’agit pas seulement de la pensée conservatrice. »

Le fantasme de la « génialité »

Ce fantasme a toujours été présent car il fait partie d’un imaginaire d’une certaine partie de la population qui ne réussit pas à être reconnue pour sa « génialité » car le type pense qu’il a un génie incroyable et alors il se retourne contre l’université et contre la Constitution. Cette forme de logique du ressentiment, tout le monde la connaît. Cependant, elle a gagné droit de cité, de parole, droits d’expression pour une série de raisons.

Car, en dernière instance, il y a même des intellectuels conservateurs qui ont incroyablement flirté avec les intellectuels les plus rustres et les plus simplistes, à tel point qu’ils nous ont laissé une certaine nostalgie d’une époque où vivait un penseur conservateur tel que José Guillerme Merquior [13] qui pouvait avoir tous les défauts qu’il avait mais au moins, il lisait ce qu’il critiquait, ce qui est déjà demander beaucoup aujourd’hui. Ou encore quelqu’un comme Golbery do Couto e Silva [14] ; si nous étions allés dans la bibliothèque de ce monsieur, nous aurions trouvé les livres qu’il critiquait car il partait du principe que vous deviez comprendre votre ennemi.

Le problème est que le discours intellectuel s’est réduit à une logique de conjuration, alors cela n’a plus aucun sens d’espérer arriver à une formation effective pour préparer les gens à une forme de débat. Nombreux sont les responsables de cette situation et pas seulement dans le camp de la pensée conservatrice.

A l’intérieur de la gauche même, il existe une incapacité chez certains intellectuels à se positionner en force critique, comme si l’idée de la critique était un crime de lèse-majesté, comme si c’était déjà une forme d’imposition de classe. Et donc, en dernière instance, on a l’impression qu’il n’y a aucune raison de faire la défense d’une pensée difficile à comprendre, de l’expérience complexe et de ce qui, d’une certaine manière t’oblige à te remettre en question.

Le discours religieux

Pour terminer, je dirais qu’une partie des discours religieux brésiliens et notamment ceux des évangélistes, font un travail de type simpliste dans cette direction, car ils font croire qu’il n’existe qu’un seul livre qui mérite d’être lu, qu’aucun autre n’est nécessaire et qu’en plus tous les autres doivent être critiqués. Au Brésil, ce n’est pas un hasard si ces églises ont gagné en puissance à l’époque de la Dictature militaire. Si nous regardons l’évolution des droits de retransmission de télévision et de radio, nous pourrons nous apercevoir qu’à cette époque, ils ont connu une croissance vertigineuse car c’était la manière d’utiliser le secteur le plus réactionnaire des églises nord-américaines qui venaient ici pour faire contrepoids aux ailes progressistes de l’Eglise catholique.

Aux États-Unis, nous aurons, du point de vue politique et religieux des ailes conservatrices et progressistes – il suffit de se rappeler que Martin Luther King était un pasteur et une personne qui eut un rôle absolument décisif dans les débats sur les droits humains. Il serait certainement mort de tristesse à voir la manière dont ces églises traitent aujourd’hui certains problèmes liés aux droits humains. Et donc tout cela s’est alimenté et rétro-alimenté, créant la situation que nous connaissons.

Voir en ligne : IHU

[1Nova República. Nom donné à la République qui a fait suite à la dictature militaire. Elle a été instaurée en 1988.

[2PMDB. Principal parti d’opposition à la dictature. Aujourd’hui parti de notables qui a réussi à faire partie de tous les gouvernements depuis 1985.

[3PFL. Parti politique de droite dont une partie des membres étaient issus du gouvernement de la dictature militaire.

[4Tancredo Neves : Premier Président de la Nouvelle République, mort avant d’assumer ses fonctions.

[5Itamaraty : palais qui abrite le Ministère des Affaires Etrangères brésilien.

[6« Padrão Fifa » référence aux exigences matérielles de la Fifa lors de la préparation de la Coupe du monde de football de 2014

[7Mais medicos. Programme de santé mis en place en juillet 2013. Son objectif est d’assurer une présence médicale dans les communes où les médecins brésiliens ne sont pas présents. Plus de 14.000 médecins, principalement étrangers (11.000 cubains) sont engagés dans ce programme et apportent une assistance à plus de 30 millions de personnes qui auparavant n’avait pas accès aux soins médicaux.

[8SUS. Sistema Unico de Saude. Système de santé publique gratuit et accessible à tous.

[9Dictature militaire : 1964-1985

[10Bolsa familia. Programme social mis en place au début de l’année 2004. C’est un programme de redistribution des revenus en direction des familles en situation de grande pauvreté. Le montant de ces "allocations familiales" est fonction du revenu par personne, du nombre d’enfants de moins de 15 ans et du nombre d’adolescents de moins de 17 ans.

[11Occupation d’écoles dans l’État de São Paulo. Plus de 100 écoles sont occupées en signe de protestation contre le gouvernement qui prétend fermer 94 institutions scolaires et ré-ventiler les élèves affectés par ces mesures dans d’autres unités éducatives.

[12Paulo Maluf. Homme politique, il a été gouverneur de l’État et maire de la ville de São Paulo, il est actuellement député. Il est en conflit avec la justice depuis une trentaine d’années pour des détournements de fond. On lui prête la devise « je vole mais je fais »

[13José Guilherme Alves Merquior (1941-1991). Critique littéraire, essayiste, diplomate et sociologue brésilien. Il est considéré comme l’un des divulgateurs les plus influents du libéralisme au Brésil.

[14Golbery do Couto e Silva. (1911-1987). Général qui a participé à la mise en place de la dictature militaire.

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