Festival Brésil en Mouvements 2019 : le bilan d’une belle quinzième édition

 | Par Autres Brésils
Crédit : Rosemay Joubrel

Du 25 au 29 septembre, le cinéma Les 7 Parnassiens accueillait le festival documentaire Brésil en Mouvements pour sa quinzième édition. Ce furent cinq jours de projections de films documentaires qui portent un regard acéré, cru ou bien poétique de l’actualité brésilienne. Cinq jours riches en débats, pour explorer un Brésil en résistance face au gouvernement Bolsonaro. Cinq jours de rencontres, destinées à dresser des ponts et consolider les échanges entre les sociétés françaises et brésiliennes. Nous vous proposons ici un retour non exhaustif sur le festival.

Cette année, le mot d’ordre de la programmation était : « occuper et résister ». C’est notamment la résistance des femmes, en première ligne face au gouvernement du président brésilien Jair Bolsonaro, qui a été mise en avant. Les trajectoires de femmes autochtones, trans, sujettes à la violence d’État, mais aussi de toutes celles et ceux qui se battent tous les jours pour leurs droits et ceux de leur communauté, ont occupé l’écran.

Une sélection de films, de débats et de rencontres au fil de l’actualité

Le festival s’est ouvert avec la projection de Chão, long-métrage contemplatif de Camila Freitas, qui apporte une perspective vivifiée du Mouvement des sans-terre. Les spectateur.ice.s sont sorti.e.s de la salle souvent ému.e.s, pensif.ve.s face à la capture de moment de vie de personnes qui ont eu le courage de faire de leur quotidien une utopie politique.

Pour ce deuxième jour de festival documentaire, ce sont les résistances, et plus particulièrement celles des femmes, qui ont été mises à l’écran. Les perspectives des femmes quilombolas et autochtones, ainsi que les mères des victimes des violences policières ont constitué cette séance de courts-métrages, suivie par une rencontre avec Gabriel Barbosa et Fernando Sousa, les réalisateurs de Nossos Mortos Têm Voz [La voix de nos morts]. Si vous avez raté la séance, n’hésitez pas à lire notre entretient avec les co-réalisateurs, conduit par Luc Duffles Aldon.

La place a ensuite été laissée pour une rencontre entre des proches de victimes de la violence d’État, au Brésil et en France. Marinete da Silva, mère de Marielle Franco, Assa Traoré, sœur d’Adama Traoré et Nivia Raposo, membre du réseau des Mães e Familiares das Vitimas do Estado da Baixada Fluminense, ont été réunies pour débattre des violences policières, et des moyens pour y faire face. La projection d’Auto de resistência [Légitimes défenses], film de Natasha Neri portant sur la politique de sécurité publique mortifère et les exactions de la police miliaire à Rio de Janeiro, a précédé les échanges riches du vécu et du combat des participantes.

Marinete da Silva et Assa Traoré // Crédit : Anne Paq

Le vendredi soir a été dédié aux luttes des femmes autochtones. Celia Xakriabá, enseignante et leader Xakriabá, nous a donné un aperçu des cosmovisions et pratiques de son peuple face aux politiques répressives du gouvernement d’extrême-droite. C’est avec un public nombreux que Celia a pu échanger sur l’importance de décoloniser les imaginaires et les modes de faire. La rencontre, modérée par Geneviève Garrigos, d’Amnesty International France, suivait la projection de plusieurs courts-métrages illustrant des va-et-vient constants exercés par les communautés autochtones, entre traditions historiques et inscription dans la modernité.

Crédit : Rosemay Joubrel

Pour la quinzième édition du festival, c’est un des films marquants des années précédentes de Brésil en Mouvements, Ultimas Conversas, que nous avons projeté lors de la séance de rétrospective. Commencé par Eduardo Cutinho et terminé par João Moreira Salles, ce documentaire met en perspective la vision de jeunes brésilien.ne.s sur des aspects variés de leur vie dans le pays. Le mot d’ordre du festival, « occuper et résister » a par la suite été mis à l’honneur avec Parque Oeste [Parc Ouest] de Fabiana Assis. Le long-métrage montre que l’occupation est résistance, et que la résistance permet de donner du sens à une vie à travers le combat d’une femme pour le droit au logement. Plus d’informations sur le film dans avec notre entretien après des co-réalisateurs.

Une soirée placée sous le signe des résistances LGBTQI+ a clôturée la soirée avec la projection d’Indianara, suivie d’une rencontre avec Aude-Chevalier Beaumel et Marcelo Barbosa. Les réalisat.eur.ice.s. ont montré que porter le débat sur la liberté de choisir son orientation et son identité sexuelle est plus que jamais nécessaire dans un Brésil miné par les crimes homophobes et transphobes.

Comme chaque année, la journée du dimanche nous a permis de revenir sur l’actualité politique brésilienne . Exemple en images, avec Bloqueio [Bloquage], le film de Quentin Delaroche et Victoria Alvares : peu avant les élections présidentielles, les chauffeurs routiers font grève et appellent une intervention militaire. La rencontre avec la réalisatrice et le réalisateur a donné lieu à des échanges et suscité de nombreuses questions de la part du public. Pour mieux comprendre ce qui a poussé les réalisateurs à s’intéresser de près à un mouvement souvent dédaigné des milieux progressistes, lisez cet entretien réalisé avec les co-directeurs du film.

Lors du débat politique de l’après-midi, un bilan des politiques du gouvernement Bolsonaro a été dressé, presque un an après son arrivée au pouvoir. Celia Xakriabá, Nivia Raposo et Carol Proner, professeure à l’UFRJ et membre du Comité international de l’Association brésilienne des juristes pour la démocratie y ont partagé leur vision de la situation politique au Brésil. Leurs perspectives se sont croisées pour donner un éclairage aigu sur l’état de la démocratie dans le pays.

Crédit : Rosemay Joubrel

Le festival a été clôturé par le film de Susanna Lira, Torre das Donzelas [La Tour des Demoiselles], qui évoque les enjeux de mémoire en regroupant des prisonnières politiques, dont l’ex-présidente Dilma Roussef, 40 ans après la dictature militaire. La réalisatrice était présente pour nous rappeler les relations entre passé et présent au moment où de nombreux militaires sont au pouvoir.

Des moments d’échange pour tisser les solidarités

La résistance est partout. Elle occupe les espaces au Brésil. En France, elle a occupé les écrans et les salles de cinéma pendant cinq jours, mais ce n’est pas tout ! Les résistances ont aussi été célébrées avec le concert de sambas-enredos d’Ana Guanabara, qui a repris les airs engagés des écoles de samba de Rio de Janeiro. Tout au long du festival, l’exposition photographique de JL Bulcão et Antoine Olivier nous a montré que la préservation de l’Amazonie est étroitement liée aux activités des peuples qui l’habitent.

Crédit : Rosemay Joubrel

Brésil en Mouvements, c’est aussi l’occasion de tisser des liens, consolider les échanges et les solidarités, autour d’un bar proposant des spécialités brésiliennes par exemple ! Chaque jour, des partenaires du festival étaient présent.e.s, pour proposer de la littérature brésilienne, parler de la situation des droits humains au Brésil, faire connaître les événements politico-culturels sur l’Amérique latine à Paris, faire déguster des produits naturels tout droit venus du Brésil ou bien rencontrer les membres de l’équipe des bénévoles !

Nous remercions donc les partenaires qui ont permis la réalisation de cette nouvelle édition de Brésil en Mouvement, la Fondation Gabriel Péri et la Mairie de Paris, mais également Amnesty International France, le CRID, ainsi que les Éditions Anacaona, Guayapi et le Festival Pico y Pala pour leurs présences. Merci également à nos partenaires alimentation Nossa ! et Giffard.

Merci à nos anciens et précieux partenaires communications, Bastamag et Espaces Latinos.

Merci à l’équipe du cinéma Les 7 Parnassiens, pour leur accueil bienveillant. Mille mercis enfin à tou.te.s les bénévoles, sans qui BEM n’aurait pas pu se réaliser !

Les stands des Éditions Anacaona et d’Autres Brésils // Crédit : Rosemay Joubrel
Cocktail d’ouverture // Crédit : Rosemay Joubrel
Cocktail d’ouverture // Crédit : Rosemay Joubrel
Crédit : Rosemay Joubrel
Crédit : Anne Paq
Nívia Raposo, membre de l’association Redes de familiares e vitimas da violência do Estado da Baixada Fluminense // Crédit : Anne Paq
Assa Traoré // Crédit : Anne Paq
Celia Xakriabá // Crédit : Anne Paq
Crédit : Rosemay Joubrel
Crédit : Rosemay Joubrel
Crédit : Rosemay Joubrel
Discours de clôture // Crédit : Rosemay Joubrel
Discours de clôture // Crédit : Rosemay Joubrel

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