Des vaccins pour les Quilombolas Les quilombolas reçoivent les premières doses de vaccin, mais le manque de données inquiète les représentants.

 | Par Caroline Nunes, CONAQ

Traduction de : Julia CANTERINI pour Autres Brésils
Relecture : Rosemay JOUBREL

Le gouvernement fédéral a commencé à faire parvenir les premières doses de vaccin contre la Covid-19 aux communautés quilombolas à la fin de la semaine dernière (15 au 21 mars 2021). La distribution est toujours en cours et certains États - comme ceux du Nord-Est et du Sud-Est - ont déjà reçu les doses. Cet acheminement est le résultat de plusieurs mois de mobilisation de la Coordination nationale d’articulation des communautés rurales noires quilombolas (CONAQ) aux côtés de partenaires d’organisations de la société civile. Le STF (Tribunal suprême fédéral) a été saisi par le biais de la déclaration de non-conformité au précepte fondamental (ADPF) 742 afin d’exiger de l’administration Bolsonaro un plan d’urgence pour protéger les communautés quilombola face à la crise sanitaire.

Selon Antônio Crioulo, un des coordinateurs de la Conaq, à Pernambuco, les doses distribuées équivalent à 60% des doses prévues pour l’immunisation des communautés de tout le Brésil. Pour lui, le manque de données démographiques précises sur les quilombolas entrave une analyse quantitative des vaccins nécessaires, de sorte que la quantité envoyée peut ne pas répondre aux besoins des quilombos.
« Le plan national de vaccination a utilisé des informations municipales croisées avec les données de l’IBGE, puisqu’il n’existe pas de registre ou de portail de consultation contenant uniquement des informations sur les restants. Il n’y a jamais eu d’action unifiée pour collecter ces données, et c’est pourquoi nous sommes confrontés à la difficulté et à l’inquiétude que dans certains endroits les doses seront insuffisantes », explique-t-il.

La communauté de Portão de Gelo, à Olinda, le premier quilombo urbain du nord-est, a reçu les premières doses de vaccination à l’occasion de la Journée mondiale de lutte pour l’élimination du racisme
Gouvernement de Pernambuco

La semaine dernière (15 au 21 mars), la coordination exécutive de la Conaq et son collectif juridique ont rencontré le ministre STF, Edson Fachin, pour discuter de la manière de mettre en œuvre le plan d’urgence pour protéger les communautés quilombola durant la pandémie. Denildo Rodrigues, articulateur politique de Conaq, raconte que la conversation a principalement servi à souligner le manque d’informations statistiques sur les quilombolas.

« São Paulo, Rio de Janeiro et les neuf États du Nord-Est [Maranhão, Piauí, Ceará, Rio Grande do Norte, Paraíba, Pernambuco, Alagoas, Sergipe et Bahia] ont déjà mis en pratique la hiérarchisation des restants dans le plan de vaccination national. Cependant, dans certains États, la vaccination est toujours pratiquée par tranche d’âge dans ces communautés », explique Denildo.

L’avocate Vercilene Dias, également de la Conaq, ajoute que l’une des actions de la réunion a été la mise en œuvre d’une plate-forme numérique avec des données officielles des communautés quilombolas, en plus de projets comprenant des plans pour l’agriculture, la santé, le logement, l’éducation, le travail et l’accès aux informations pour ce groupe. Selon Vercilene, Fachin a demandé des suggestions concernant la situation des communautés quilombolas et le 24 mars, le Tribunal suprême fédéral rencontre à nouveau les représentants pour informer quant aux suggestions acceptées et afin d’analyser les données des secrétariats municipaux de la santé sur la vaccination dans les quilombos.

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Progrès de la vaccination dans les quilombos

Quilombo d’Amapá se faisant vacciner le 22/03
Divulgation Conaq-AP

Dans l’état de Minas Gerais, Graça Epifânio, représentante de la Fédération Quilombola de l’État, travaille à la collecte de données avec le Comité de Santé de la Population Noire et Quilombola afin que les doses soient distribuées dans les territoires quilombolas. « Nous utilisons les données des services municipaux avec les informations de l’IBGE (Institut Brésilien de Géographie et de Statistique. Il n’y a probablement pas de vaccin pour tout le monde, mais une grande partie sera immunisée à ce stade », précise-t-elle.
A Rondônia, la communauté quilombola Rolim de Moura do Guaporé n’a pas encore reçu les doses. Selon Angeline Balbino, présidente de l’association quilombo, il ne reste plus qu’à attendre un positionnement de l’État sur la question de la logistique de livraison des vaccins.

« Ils [le gouvernement] ne savent rien de nous parce qu’il n’y a pas suffisamment d’informations sur la communauté. J’ai contacté le département de la santé et j’attends, mais je ne sais vraiment pas quelle base de données ils ont utilisé, combien de doses nous arriveront et si elles seront suffisantes pour tout le monde », explique Balbino.

La première version du Plan national d’immunisation présentée par le gouvernement fédéral ne considérait pas les populations de quilombola comme un groupe prioritaire pour la vaccination. En septembre de l’année dernière, Conaq a déposé un ADPF (Déclaration de non-conformité au précepte fondamental) 742 au Tribunal suprême fédéral pour faire pression sur le gouvernement fédéral afin qu’il crée un plan d’urgence pour les quilombolas dans la pandémie.

Après cinq mois d’attente, les ministres ont analysé la violation des droits fondamentaux des quilombolas, garantis par la Constitution fédérale, et ont approuvé l’argument avec neuf voix contre deux (9 × 2), ce qui a lancé, dans les derniers jours, l’envoi des premières doses du vaccin contre la Covid-19. Le gouvernement fédéral n’a pas encore présenté de plan pour lutter contre la pandémie de quilombos, qui comprend la définition d’un groupe de travail pour traiter de la question.
« Nous allons devoir faire face au défi d’inspecter ce que le gouvernement va présenter, car ce plan aura très probablement des lacunes, afin que nous puissions analyser si les communautés quilombolas se verront accorder les droits prévus », conclut Maíra Moreira, conseillère juridique à Terra de Direitos, une organisation qui œuvre également pour la défense des populations quilombolas.

Voir en ligne : Caroline Nunes : Des vaccins pour les Quilombolas

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