Source : El País - 17/10/2015
Traduction pour Autres Brésils : Pascale Vigier
(Relecture : Hélène Bréant)
Alckmin sur un chantier de la Sabesp [1], qui détient certaines données secrètes. /E. Saraíva
Le gouverneur Geraldo Alckmin [2] a annoncé la création d’une commission destinée à évaluer les documents tenus secrets par l’administration de l’État de São Paulo. Désormais, selon le décret publié ce 15 octobre, la décision de restreindre l’accès à l’information ne pourra être prise que par le gouverneur, le vice-gouverneur, les secrétaires d’État ou les procureurs. Voici quelques éléments pour comprendre les circonstances qui ont fait reculer l’administration :
1 – Les secrets à la Sabesp
En mai dernier, en pleine crise hydrique, la Sabesp a déclaré secrète une liste de 626 « points prioritaires » qui ne pourraient supporter l’absence d’approvisionnement en eau. Ce n’était pas la première fois que la compagnie se refusait à fournir des informations : en mars, elle n’avait pas respecté sa promesse de diffuser le contenu des contrats signés avec 537 grands consommateurs qui, malgré la crise hydrique, continuent à bénéficier de rabais allant jusqu’à 75%. En outre, des renseignements relatifs aux processus et aux projets techniques et opérationnels, à la localisation de réseaux d’eau et d’égouts figuraient sur la liste secrète pour 15 ans, jusqu’en 2030. Cette information a été révélée par le portail iG.
Dans une note, la compagnie a affirmé que « la localisation des installations souterraines reste secrète pour éviter d’éventuels actes de sabotage ou de vandalisme qui mettraient en danger la vie, la sécurité ou la santé de la population ». En réponse aux interrogations, la société a fait savoir que le nombre des points prioritaires était passé à 544 et qu’il s’agissait en priorité d’hôpitaux, de prisons et de cliniques d’hémodialyse. La liste en est désormais disponible sur le site de la Sabesp.
2 – Les secrets du Métro
Le gouvernement de l’État de São Paulo a également décrétées secrètes des informations relatives au Métro, à la Compagnie pauliste de trains métropolitains ainsi qu’aux bus de lignes interurbaines. Selon les révélations du journal Folha de São Paulo, les études de viabilité, les rapports de travaux et projets, et les bulletins d’intervention de la Police sont inaccessibles pendant les 25 prochaines années. En pratique, cela rendrait impossible de connaître la raison des retards des travaux – problème pour lequel le métro est champion.
Aux quatre questions envoyées au ministère des Transports de l’État de São Paulo, le service de presse a seulement répondu que « conformément au décret n° 61.559 du 15 octobre 2015 [qui porte sur l’abrogation], toutes les résolutions, instructions et tous les actes légaux font l’objet d’une révision selon le délai établi par ce même décret ». Il n’y a eu aucune réponse sur la teneur des documents secrets, pas plus que sur la raison de leur statut secret.
3 – Les secrets de la Police militaire
Le secret a été imposé pour 15 ans sur différents sujets de la Police militaire de l’État, allant d’informations administratives à des informations financières de la corporation, en passant par des manuels de conduite de la PM. Et finalement est apparu au grand jour le secret déclaré pour 100 ans concernant certaines données de l’administration pénitentiaire de São Paulo. Des actions du ministère contre le crime organisé, le processus d’internement de prisonniers en régime disciplinaire différencié et des informations personnelles sur le ministre et les fonctionnaires du ministère deviennent ultrasecrètes.
Le service de presse de la PM a fait savoir, également dans une note, que « la classification en niveaux de secret des documents a été réalisée après une analyse selon des critères par une commission créée à cette fin ». Il a aussi indiqué que les critères de classification prennent en compte différents facteurs comme, par exemple, la sécurité des personnes et les stratégies opérationnelles qui imposent un contrôle de l’accès à certaines informations spécifiques contenues dans chacun des documents.
Notes de la traduction :