« Bolsonaro contredit l’opinion scientifique depuis le début de la pandémie ». Cette phrase, tirée d’un document publié cette semaine par la revue britannique Nature, reflète une indignation qui a depuis longtemps dépassé les frontières du Brésil.
Ce jeudi 29 avril 2021, le pays devrait passer la barre des 400 000 morts de la Covid-19 et la communauté scientifique internationale reste incrédule devant l’omission du président de la République.
Le reportage de la revue Nature a recueilli les témoignages de Natália Pasternak, docteure em microbiologie et présidente de l’Institut Questão da Ciência, de l’épidemiologiste Jesem Orellana, de la Fondation Oswaldo Cruz (Fiocruz) et de Mauricio Nogueira, virologiste de la Faculté de Médecine de São José do Rio Preto (FAMERP).
Jair Bolsonaro (sans parti) a été contacté pour commenter ces accusations mais il a décliné l’invitation de la revue.
Nature souligne que le Brésil vit la pire phase de la pandémie : « On aurait pu éviter la moitié des décès. C’est un désastre total », a déclaré Orellana.
Le gouvernement est une source de désinformation
Le texte de la revue britannique fait un parallèle entre Bolsonaro et l’ex-président des Etats-Unis, Donald Trump, rappelant les déclarations négationnistes du capitaine réformé, quand, par exemple, il a comparé la Covid-19 à une « petite grippe » et quand il a mis le peuple en alerte par rapport au soi-disant risque de « se transformer en alligator » si on se faisait vacciner contre le coronavirus.
Sont également mentionnés les moments où Bolsonaro n’a pas respecté les règles d’utilisation des masques et où il a critiqué les mesures d’isolement social pour contenir le virus.
D’après Nature, la posture contraire à la science du président brésilien s’exprime même à travers des thèmes qui ne sont pas directement liés à la pandémie.
La publication rappelle que Bolsonaro a supprimé les ressources des universités publiques et qu’il est intervenu auprès de l’Institut National de Recherche Spatiale (INPE) lorsque celui-ci a divulgué un nouveau record d’incendies en Amazonie.
Les rapports des scientifiques indiquent clairement que malgré le fait que les états et les municipalités prennent des mesures restrictives, les déclarations de l’Exécutif fédéral n’encouragent pas la population à suivre les règles, ce qui augmente les niveaux de contamination.
« Il est très difficile de mettre en œuvre des mesures préventives quand la désinformation vient directement du gouvernement fédéral », a affirmé Pasternak.
Selon Nogueira, la politique brésilienne a laissé les scientifiques désemparés : « Nous avons les outils ou du moins la capacité à aider le pays mais nous sommes ignorés et non soutenus par les dirigeants », a-t-il dénoncé.
Edition : Poliana Dallabrida