Rondônia est un laboratoire des politiques d’extermination menées par Bolsonaro Série commémorative 5 ans De Olho nos Ruralistas

 | Par De Olho nos Ruralistas, Leonardo Fuhrman

Le gouverneur de Rondônia, Marcos Rocha (PSL), a été élu en 2018, dans le sillage de la campagne de Jair Bolsonaro. Contrairement à la majorité des gouverneurs, Rocha, colonel de la Police Militaire, est resté un fidèle allié du Président pendant tout le mandat. La collaboration étroite devient évidente non seulement comme le montrent les visites fréquentes de Bolsonaro et de ses fils à l’État de Rondônia, notamment celles du sénateur Flávio, mais aussi les réunions du gouverneur dans les ministères à Brasília.

Par : Leonardo Fuhrman
Traduction : Maria Betânia Ferreira Champagne pour Autres Brésils
Relecture : Roger Guilloux

Les affinités entre le Président et le gouverneur sont confirmées par le projet politique en cours dans la région. Rondônia est le cinquième État de la région Nord dans la rétrospective de cinq années de De Olho nos Ruralistas. Les premiers ont été les États de la région Sud : Rio Grande do Sul, Santa Catarina et Paraná. En suite ce fut le tour de la région Sud-Est, dans cet ordre : São Paulo, Minas Gerais, Rio de Janeiro et Espírito Santo. Les États du Nord-Est ont suivi : Bahia, Sergipe, Alagoas, Pernambuco, Paraíba, Rio Grande do Norte, Ceará , Piauí et Maranhão. Les États de la région Nord, Pará, Amapá, Amazonas, Roraima et Acre, ont déjà été traités.

LES ATTAQUES CONTRE LA LIGUE DES PAYSANS PAUVRES SONT UN PROJET NATIONAL

Un exemple de ce projet politique dans l’État de Rondônia est la violence commise contre les mouvements sociaux, comme cela a été le cas des actions contre la Ligue des Paysans Pauvres (LCP ). Cet observatoire [De Olho nos Ruralistas] a accompagné des épisodes de violence tels que les meurtres de cinq paysans en quatre mois, en 2021, commis par les forces de police, dans la région de Nova Mutum Paraná, qui fait partie de la commune de Porto Velho.

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Selon les paysans, les tirs sont partis d’hélicoptères. Le Secrétariat à la Sécurité Publique a confirmé la présence de tireurs dans les aéronefs. Voir « Gouvernement de Rondônia confirme la présence de tireur en hélicoptère contre des paysans . »
De Olho était sur place dans la région en novembre. Un des reportages montrait que la violence quotidienne ne se résumait pas uniquement à des actions de grande envergure, les meurtres, par exemple. Les témoignages parlent d’agressions, d’humiliations, de menaces et de contraintes contre tous – hommes, femmes, personnes âgées et enfants. Voir, non-traduit, “Faim, eau polluée, enfants harcelés et meurtres : les armes de la PM contre les paysans en RO“.

Les journalistes ont accompagné le retour dans le campement Tiago dos Santos, après les pressions subies par les paysans pendant les expulsions, une semaine auparavant. On avait empêché l’entrée des travailleurs qui apportaient de la nourriture et on les avait placés dans une école où l’eau était impropre à la consommation.

En plus de reportages écrits, ce retour au campement a fait l’objet d’une partie de l’émission hebdomadaire De Olho na Resistência, sur les peuples de la zone rurale.

LE PROCUREUR CONTESTE L’UTILISATION DE LA FORCE NATIONALE

L’action des forces de police a été soutenue par le gouvernement fédéral, qui a même envoyé la Force Nationale de Sécurité Publique (FNSP) pour prêter main-forte à la police de l’état dans les attaques contre les paysans. Dans un autre article, De Olho a montré que le Président a utilisé plusieurs fois l’argument que la ligue était une “guérilla terroriste” pour justifier la violence contre les travailleurs. Dans une interview, le procureur de la République Raphael Beviláqua a affirmé qu’un tel argument, en plus d’être fallacieux, a été utilisé pour une action irrégulière d’envoi de la FNSP, puisque cette action n’a pas respecté les critères de situation spécifique et d’intervention ponctuelle, ni n’a justifié la nécessité d’une telle action.

Les troupes de la Force Nationale sont arrivées en juin. (Photo : Gouvernement de Rondônia)

Les pressions exercées sur les alliés de la Ligue a d’autres conséquences et bénéficie de soutiens à l’intérieur du pouvoir judiciaire. En novembre, la maison de l’avocate Lenir Correia Coelho, défenseure de la LCP, a été envahie par des agents de la police civile porteurs d’une commission rogatoire pour perquisition et saisie. Selon cette décision, le juge responsable de l’ordonnance accuse la ligue d’être une “organisation criminelle” et l’avocate d’être une des leaders du groupe.

La politique d’extermination devient évidente avec l’omission des pouvoirs publics face aux activités illégales des orpailleurs dans le fleuve Madeira, et cela en plein jour tout près du centre de la capitale. L’orpaillage utilise du mercure, un métal qui contamine l’eau et met en danger les plantes, les animaux et les humains.

L’omission du gouvernement est flagrante dans les cas d’accaparement de terres et d’invasion de territoires indigènes tels que ceux des Karipuna et des Uru Eu Wau Wau, ainsi que dans les zones de préservation environnementale. Le premier mois du gouvernement Bolsonaro n’était pas encore fini que l’observatoire signalait déjà cette tendance. Voir “L’année commence avec des attaques contre huit terres indigènes ”.

La situation dans l’État de Rondônia était déjà très tendue avant l’arrivée de Bolsonaro à la présidence. L’année du lancement de De Olho nos Ruralistas, en 2016, 106 zones de conflits fonciers était signalées dans l’État. Une des conséquences de cette réalité fut le meurtre d’un couple qui faisait partie de la LCP.

ALIGNÉ AVEC LE BOLSONARISME, LE GOUVERNEUR CENSURE DES LIVRES

Dans le cas des parcs et réserves de l’état, l’action du gouvernement de Rondônia s’est avérée encore plus grave. Le gouverneur Rocha a présenté un projet pour réduire les zones de préservation, dans le but de protéger l’activité illégale d’élevage de bétail sur ces terres. Ce plan, déjà approuvé par la Chambre des Députés et toujours sub judice, vise à retirer 153 mille hectares des 191 mille de la Réserve Jaci-Paraná.

Rocha et Bolsonaro sont unis également par leur obscurantisme. En 2019, le gouverneur a suspendu la vaccination obligatoire contre la fièvre aphteuse, mesure contestée même par les défenseurs du secteur. Quelques mois plus tard, le Secrétariat de l’Éducation de sa gestion a ordonné la saisie de livres. Parmi les 43 titres, 19 œuvres de Rubem Fonseca, une de Franz Kafka, une de Edgar Allan Poe, une autre de Euclides da Cunha.

Marcos Rocha : liberté pour la fièvre aphteuse, censure pour les classiques de la littérature. (Image : De Olho nos Ruralistas/Reproduction)

DES DEPUTÉS VEULENT L’AMNISTIE POUR L’APPROPRIATION FRAUDULEUSE DE TERRES ET DEMANDENT L’EXPANSION DU PORT D’ARMES

L’alignement entre bolsonarisme et ruralisme prend de l’ampleur au Congrès. Après une mobilisation de militants écologistes, le Sénat a bloqué le PL (Projet de Loi) 510/2021, du Sénateur Irajá Abreu (PSD-TO), qui permettrait une large amnistie des envahisseurs de terres publiques. Néanmoins, dans une manœuvre de dernière minute, le député Lúcio Mosquini (MDB-RO) a réussi à inclure à nouveau dans le texte toutes les propositions faites par le sénateur Irajá.

Le député bolsonariste Lúcio Mosquini est l’auteur du PL de l’accaparement de terres. (Photo : Divulgation)

Coordinateur de la Commission du Droit de Propriété du Groupe Parlementaire [1] de l’Agriculture et de l’élevage (FPA), le député Mosquini, qui en fait partie, a rajouté au PL 1730/2021, dont il est l’auteur, pratiquement l’intégralité du texte proposé par le sénateur Irajá. Le texte a fini par être approuvé en août par la Chambre des Députés et est actuellement examiné par le Sénat.

Un autre représentant de Rondônia, le sénateur Marcos Rogério (DEM), est l’auteur d’un projet de loi qui considère toute l’extension d’une propriété foncière rurale comme faisant partie du domicile de son propriétaire ou de son gérant. Cette modification de la loi, approuvée par le Sénat et en discussion à la Chambre des Députés, permet également aux propriétaires fonciers d’utiliser des armes à l’intérieur de leurs propriétés, sans nécessité de se soumettre aux exigences établies pour l’obtention d’un permis de port d’armes.

De Olho nos Ruralistas a signalé que le sénateur est le propriétaire de 98,65 hectares dans la Vallée du Jamari, (État de Rondônia), une zone de conflits avec les indigènes, les paysans et les défenseurs des zones de protection environnementale.

AU COURS DE CES CINQ ANNNÉES D’EXISTENCE, L’OBSERVATOIRE DE OLHO NOS RURALISTAS A MONTRÉ QUE LES RURALISTAS SONT DEVENUS LES NOUVEAUX MAITRES DU BRÉSIL

Plusieurs documents destinés au grand public seront présentés lors de la commémoration des cinq années de De Olho nos Ruralistas. Le but est, d’un côté, d’obtenir 500 abonnements de plus, et, de l’autre, d’offrir des informations à un public plus large. Il est urgent que le pays connaisse mieux le pouvoir des ruralistes et qu’un groupe socio-environnemental soit constitué au Congrès, un ensemble de parlementaires qui défendent les droits élémentaires prévus dans la Constitution et dans les Pactes Internationaux relatifs aux droits civils et politiques dont le Brésil est signataire.
 
Ci-après, la vidéo de l’anniversaire :
 
Le 14 septembre, nous avons lancé la version audiovisuelle de l’édition de De Olho na Resistência, avec des informations sur les initiatives des peuples de la campagne et des propositions alternatives pour l’environnement et la nourriture saine. Vous pouvez soutenir l’observatoire ici.

Voir en ligne : Rondônia é laboratório das políticas de extermínio de Bolsonaro

[1Glossaire de l’Observatoire de la démocratie : Regroupements de députés et de sénateurs de différents partis autour d’une cause. Le groupe parlementaire de l’agrobusiness est actuellement composé de 241 députés et de 39 sénateurs.

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