71 mois et 10 jours après le meurtre brutal de la conseillère municipale Marielle Franco et de son chauffeur Anderson Gomes, la justice brésilienne semble enfin avoir trouvé les commanditaires du crime.
Dimanche 24 mars, la police fédérale a arrêté Domingos Brazão, conseiller à la Cour des comptes de l’Etat de Rio de Janeiro, et son frère, le député fédéral Chiquinho Brazão. Personnages influents de la politique de Rio et connus pour leur proximité avec les milices de la zone ouest de la ville, les frères Brazão sont soupçonnés d’avoir commandité l’assassinat de la conseillère municipale Marielle Franco et de son chauffeur Anderson Gomes en mars 2018.
Rivaldo Barbosa, commissaire de police et ancien patron de la police civile de Rio, a également été mis en examen. Accusé d’avoir aidé à planifier l’attaque, le policier aurait selon les enquêteurs entravé les investigations sur l’affaire. D’après le témoignage de Ronnie Lessa, ancien policier militaire, membre de la milice et accusé d’être l’auteur des tirs qui ont tué la conseillère et son chauffeur, Rivaldo Barbosa a toujours veillé à ce que le meurtre reste impuni.
L’ancien policier Ronnie Lessa a également désigné Domingos et Chiquinho Brazão comme les commanditaires. Selon son témoignage, la motivation était liée à l’occupation de terres dans l’ouest de Rio, une zone contrôlée par des milices et contre lesquelles Marielle Franco s’était toujours battue. Les frères Brazão voulaient régulariser de nouveaux lotissements pendant que Marielle travaillait pour que cette zone soit attribuée à la population à faibles revenus.
Qui sont les accusés
Domingos Brazão a été conseiller municipal de la ville de Rio, député de l’État de Rio de Janeiro et est actuellement conseiller à la Cour des comptes du même Etat. Son frère Chiquinho Brazão a été conseiller municipal de la ville de Rio de Janeiro dans la même législature que Marielle Franco. Il est actuellement député fédéral.
Rivaldo Barbosa a pris la tête de la police civile de l’Etat de Rio de Janeiro peu avant l’assassinat de Marielle et Anderson. À l’époque, la sécurité publique de l’État de Rio faisait l’objet d’une intervention fédérale, sur ordre du président Michel Temer. L’interventeur était le général Braga Netto, responsable pour nommer le commissaire Rivaldo à ce poste.
Malgré une avancée indéniable dans l’enquête avec la mise en garde à vue des trois suspects, l’affaire n’est pas encore résolue. Autres Brésils se joint à la famille de Marielle, l’Institut Marielle Franco, le Comité Justice pour Marielle et Anderson et les mouvements sociaux brésiliens en demandant que l’enquête ne s’arrête pas et que les responsables soient jugés. Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant de pouvoir répondre définitivement à la question posée depuis six ans, pour que justice soit rendue à Marielle et Anderson : qui voulait la mort de Marielle et pourquoi ?