Police et politique sous la présidence de Temer

 | Par A l’encontre

Entretien publié en entier et en portugais sur le site Correio da Cidadania en date du 25 novembre 2016 ;

Traduction d’extraits par A l’Encontre

Entretien avec Pedro Estevan Serrano, Antônio Visconti, Alessandra Texeira et Givalnido Manoel.

L’actuelle situation politique au Brésil remet à l’ordre du jour – bien que la pratique répressive de la Police militaire (PM) n’ait jamais cessé – la place de cette dernière dans la défense « des intérêts d’une élite qui, directement ou indirectement, vit de la rente (exportations agricoles, minerais, dette publique, etc.) et qui, pour maintenir ses privilèges – bien supérieurs à ceux d’une quelconque élite européenne ou nord-américaine – se doit de maintenir sous contrôle la population pauvre. Et ce avec un contrôle le plus brutal et moyenâgeux possible » (Pedro Estevam Serrano).

Les modalités répressives politiques de la PM – renvoyant à son institution en 1969 – sont ressorties, avec éclat, lors des manifestations contre Michel Temer – suite à la destitution de Dilma Rousseff – le 31 août et le 4 septembre 2016. Les preuves (vidéos, témoignages, enquêtes) d’une répression très brutale face à des manifestant·e·s pacifiques furent accumulées. Mais jamais le Ministère public qui, formellement, est censé contrôler l’action de la PM depuis l’instauration de la Constitution de 1988 n’est intervenu. La PM, sur la base de la réorganisation du système d’information (« intelligence ») instauré en 1999 et l’extension au Brésil de la doctrine de « la guerre contre le terrorisme », s’affirme plus que jamais comme un des instruments « adéquats » à l’imposition d’une domination de classe.

Ainsi, la pauvreté, des questions de santé publique – comme la dépendance à des drogues – relèvent en priorité d’un traitement militaire et d’une politique carcérale ayant pris des dimensions extrêmes, en termes de brutalité, de durée des peines infligées et d’abaissement de l’âge de la responsabilité pénale des mineurs. La criminalisation des mouvements sociaux et plus généralement de la pauvreté ainsi que la gestion pénale des inégalités sociales et de leurs expressions sont étayées par une multitude « d’histoires » contées par des chaînes télévisées qui multiplient les « exemples » d’actions policières « courageuses », à tonalité hygiéniste sociale et raciste.

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