Le dimanche 14 mars 2021, nous étions plusieurs à rendre hommage à Marielle Franco à Paris. Nous à Autres Brésils avons eu l’honneur de porter la parole de Dona Marinete Silva, mère de Marielle, lors de cet hommage.
Marielle a été assassinée lâchement il y a 3 ans, car elle incarnait le Brésil à travers ses diverses identités : femmes, Noire, bisexuelle, périphérique et surtout militante. Elle avait su transformer ses différentes facettes en plusieurs combats, de l’antiracisme au féminisme, des luttes LGBTQI+ aux droits humains en passant par l’éducation.
Voici la lettre lue par Erika Campelo, co-présidente de l’association lors de la cérémonie.
Levons-nous pour Marielle Franco
Cher.es ami.es,
Je suis Marinete Silva, la mère de Marielle et la fondatrice de l’Institut Marielle Franco, une organisation créée pour lutter pour plus de justice, pour arroser les graines qu’elle a semées, pour défendre sa mémoire et faire rayonner son héritage au Brésil et dans le monde entier.
Ce dimanche 14 mars, cela fera exactement trois ans que ma fille a été brutalement assassinée et arrachée à notre famille. La voix pleine d’émotion, je voudrais vous dire ô combien il est difficile de mesurer l’immense absence que Marielle a laissée au fond de nous.
Je prends une profonde inspiration pour écrire ce texte, le cœur submergé par la douleur. Je remercie Dieu pour les jours, les minutes et les secondes pendant lesquels elle était parmi nous physiquement, nous éclairant, se battant, provoquant sourires et sentiments, s’occupant de sa famille et luttant pour la vie et les droits de chacun d’entre nous.
Notre mission est de continuer à nous battre sur cette terre pour que justice soit rendue à ma fille et à Anderson. Au cours de ces trois années, j’ai rencontré des militants, des mouvements, des organisations, des personnes solidaires comme vous qui nous aident à perpétuer la mémoire et l’héritage de ma fille et je vous en remercie.
Notre Institut continue d’agir en faveur de l’avancement des enquêtes, de la pression sur l’État, de la recherche de la responsabilité de ceux qui ont commis et commandité ce crime barbare qui nous déchire. Mais nous devons encore nous assurer que certains acteurs collaborent à l’élucidation de cette affaire, que les informations nécessaires soient apportées afin que nous nous rapprochions toujours plus de la justice.
Justice ! Nous voulons la justice raciale et sociale pour ma fille, mais aussi pour toutes les populations marginalisées dans le monde. Je crois en la justice des hommes ainsi qu’en la justice divine ; je sais que ma fille nous accompagne et voit l’immensité de son héritage. Je souffre quotidiennement de cette perte ; Marielle ne reviendra pas. Mais au fond de mon âme, je souris quand je vois toutes ses graines occuper des espaces, quand je vois notre Institut devenir une référence pour les femmes noires, quand je vois les travailleurs de la favela, de l’éducation, de la santé, de la ville, se reconnaître dans la trajectoire et la lutte de ma fille et quand je reçois l’affection, l’attention et la force que des personnes comme vous m’envoient de partout dans le monde.
Marielle ne sera pas interrompue Nous n’abandonnerons jamais ! Notre combat pour la justice est mondial !
Levons-nous pour elle.
Merci,
Marinete Silva