Neilton Pinto se souvient de chaque détail de ce lundi 18 mai. Le bruit de l’hélicoptère qui tournoie dans le ciel, aux alentours de 14 h 30. Les tirs en rafales qui résonnent au loin. La course effrénée à travers la favela de Salgueiro, à São Gonçalo, dans la banlieue de Rio de Janeiro. Et enfin, cette maison ceinturée par des forces de sécurité qui pensaient y trouver des délinquants et criblée d’impacts de balles, où, quelques instants plus tôt, jouait Joao Pedro, son fils. Tué par la police, à 14 ans.
« La police a mis fin à la vie d’un enfant, qui s’amusait tranquillement avec ses cousins dans la maison de son oncle ! », s’émeut cet homme de 40 ans, effondré après le drame. Il a compté 70 impacts de balles, logées dans les murs. « Ils disent qu’ils étaient à la recherche d’un criminel. La vérité, c’est que mon fils noir a été victime d’une barbarie raciste ! La police n’aurait jamais osé attaquer la maison d’un Blanc d’un quartier riche », enrage M. Pinto.
A la différence de George Floyd, tué lors de son interpellation à Minneapolis, aux Etats-Unis, la mort tragique de Joao Pedro n’a pas ému la planète. Est-ce parce qu’elle n’a pas été filmée ? Ou parce que, ici, elle est d’une monstrueuse banalité ?
[...]