La violence à Rio et à São Paulo (1)

 | Par Ariel de Castro Alves

Pour mieux comprendre les attaques sur Rio et la violence quotidienne dans le pays, il est important de rappeler ce qui est advenu à São Paulo avec le PCC. La faction criminelle, dont les Statuts revendiquent un traitement humain pour les prisonniers, a perdu sa finalité initiale face à un État faible et désorganisé.

Par Ariel Castro de Alves


<img850|left> La société brésilienne panique une fois de plus face à de nouveaux assauts du crime organisé. Cette fois-ci la scène n’est pas la terra da garoa [ndt : São Paulo] mais bien la cidade maravilhosa [ndt : Rio, « principale carte postale du Brésil »] en plein été, ce qui provoque de graves dommages au tourisme. Une fois encore, certains politiques de divers bords lancent leurs bravades et usent de démagogie afin de mystifier l’opinion publique. Les profiteurs, sensationnalistes et opportunistes de garde surgissent également, défendant des solutions miraculeuses, luttant principalement pour l’élaboration de nouvelles lois qui resteront à l’état de projet. D’ici deux semaines tout sera certainement oublié et aucune mesure ne sera prise avant une nouvelle vague d’attaques.

D’un autre côté, le crime organisé profite de cet état de mésentente entre gouvernants, de la corruption qui soutient les institutions qui devraient combattre le crime, des transitions de gouvernements, du ressac et de la récession du début d’année et même du tourisme estival afin d’imposer la terreur puis ensuite de négocier une trêve. A São Paulo, l’un des ingrédients ayant motivé l’action du crime organisé, en sus de certains cités plus haut, a été la période préélectorale, alors que les gouvernements se trouvent complètement perdus et tout se prête aux disputes et attaques réciproques. A Rio de Janeiro, les milices agissent en connivence avec la police. A São Paulo des groupes d’extermination sont passés à l’acte, là encore avec la complaisance des forces de police. Afin de mieux comprendre les assauts sur Rio et la violence quotidienne dans le pays, il est important de rappeler ce qui est arrivé à São Paulo ces dernières années :

La faction criminelle dénommée Primeiro Comando da Capital (PCC : Premier Commando de la Capitale) est apparue en 1993, dans les locaux de l’Anexo da Casa de Custódia de Taubaté [ndt : un établissement hospitalier sous régime carcéral], à São Paulo. A l’origine, l’idée première des fondateurs du groupe était d’organiser les prisonniers à travers une « entité » ou un « parti » avec pour finalité la lutte contre ce qu’ils nommaient « l’oppression carcérale », les tortures, les humiliations, l’absence de perspectives et de droits élémentaires dans le système carcéral, et le rétablissement d’une Justice en ce qui concerne l’assassinat de 111 prisonniers au cours de l’épisode internationalement connu comme le « Massacre de Carandiru » qui s’est déroulé en 1992.

Le Statut du PCC manifestait y compris des idées de type progressiste et revendiquait des droits humains prévus dans la propre législation brésilienne au sujet du traitement des détenus et de leur famille. Il se trouve qu’avec le temps l’organisation a gagné en complexité et a fini par dévier des finalités initiales formées par ses fondateurs dans son Statut. LE PCC s’est rapidement renforcé en raison de la précarité de la condition carcérale. Le crime organisé est fort là où l’État est faible et désorganisé ! Le manque de fiscalisation et de contrôle externe des établissements pénitentiaires de la part du pouvoir Exécutif, mais aussi de la part du Judiciaire et du Ministère Public, en sus d’être contraire à la propre législation, a contribué au renforcement du PCC.

Durant la même période, les pouvoirs publics ont restreint la fiscalisation qui aurait pu être assurée par des organisations de défense des droits de l’homme, empêchant l’entrée de nombre de leurs représentants dans les prisons. Comptant sur la corruption ambiante à divers niveaux du système carcéral, l’organisation de prisonniers s’est transformée en véritable faction criminelle supportée par des crimes et des infractions dans le système et hors du système pénitentiaire, exploitant des détenus et leur famille, s’alimentant du trafic de drogues, imposant la peur, la terreur et la mort à ses opposants et jusqu’à ses propres suivants, gagnant certains adeptes au barreau, dans la fonction publique du système carcéral, dans les polices et dans divers secteurs de la société. Ils combinaient ainsi tous les ingrédients de ce que l’on définit comme crime organisé.

Face à l’accroissement de l’organisation criminelle, l’État est resté pratiquement inactif et a même collaboré indirectement à son renforcement et ce en instituant et en reconnaissant des « leaders », des « voix », des « adjoints » dans le système carcéral, en maintenant un dialogue constant avec négociations et accords réciproques. L’État lui-même a toujours montré un intérêt pour l’établissement de systèmes d’autogestion du contrôle interne par les prisonniers. Cela a toujours été plus commode. Effectivement il est plus simple de garantir du travail, une bonne alimentation, des postes de télévision, des conditions d’étude et d’assistance juridique pour certains plutôt que pour tous. Et, dans le cas contraire, à l’aide de la corruption, de l’entrée de drogues, d’argent et de portables. De cette façon, on négocie avec ces quelques « privilégiés » afin qu’ils contrôlent les autres.


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