Macapá -
« Alors que nous tentions d’entrer sur nos terrains, une nouvelle fois, ils ont tiré dans notre direction pour nous effrayer, en guide de menace. » Ce genre d’histoire semble surgie des temps anciens, quand les Noirs étaient réduits en esclavage et chassés à travers bois lorsqu’ils luttaient pour leur liberté. C’est pourtant un témoignage contemporain, celui de Maria de Jesus Pereira da Silva, résidente de la communauté Quilombola Lagoa dos Índios, dans la zone rurale de Macapá (Amapà, nord du Brésil). Avec un ton de révolte. Elle vient d’être expulsée, par deux hommes, de l’orée d’un terrain appartenant à ses ancêtres, mais qui est aujourd’hui occupé par un entrepreneur local. « Mes parents sont nés ici, tout comme mes enfants et petits-enfants, qui ont grandi ici. C’est à nous », s’insurge la quilombola, fille de Jerônimo Ramos da Silva et de Ricarda Pereira da Silva, qu’elle fait question de mentionner.
À cinq minutes de la voie rapide Duca Serra, l’une des plus fréquentées de la capitale de l’Amapá, il existe donc une communauté quilombola qui en est à se battre pour préserver son droit ancestral à la terre, au sein de la zone humide « Ressaca da Lagoa dos Índios », riche en biodiversité, mais dégradée par une expansion urbaine désordonnée qui s’est intensifiée depuis les années 1980.
En 2020, Amazônia Real se trouvait là au moment où une gigantesque panne d’électricité a laissé l’État de l’Amapá sans électricité pendant des semaines. À l’époque, les habitants dénonçaient déjà l’abandon de la communauté. Quatre ans plus tard, nous sommes revenus pour documenter une plainte visant l’invasion de ces terres, pourtant reconnues comme quilombo par la Fondation Palmarès.
Lors de ma dernière visite, en 2023, Danielson Nascimento Padilha, président de l’Association des résidents de Lagoa dos Índios, m’a conduit jusqu’à l’entrée du terrain en question. Alors que je l’entretenais avec des habitant·es, au bord de la route du Goiabal, j’ai été interrompu par deux hommes se disant « gardiens de la propriété », et qui, de manière agressive, m’ont demandé ce que je faisais ici en m’intimant l’ordre de quitter les lieux — propriété de Satoru Kubota, prétendaient-ils. L’un d’eux, qui a dit s’appeler Lourival Cardoso Gomes, a indiqué travailler « pour les Japonais ». « Les quilombolas, c’est là-bas, pas ici », a-t-il lancé, tentant de chasser les habitant·es de l’entrée du terrain, et menaçant d’appeler la police. Une vidéo montre en partie l’affrontement, avant que nous soyons empêchés de poursuivre l’enregistrement. Alors que je quittais les lieux, j’ai été photographié et filmé par les prétendus gardiens.
Ce type d’intimidation, les habitant·es le subissent depuis des années. Maria de Jesus raconte que le Quilombo da Lagoa dos Índios a été fondé en 1802, par des habitant·es du quilombo Curiaú qui l’ont quitté à la recherche de nouvelles terres. La communauté n’a pourtant été certifiée comme « quilombo rémanent » par la Fondation culturelle Palmares qu’en 2005, mais toujours dans l’attente d’un titre de propriété en bonne et due forme de la part de l’Institut national de colonisation et de réforme agraire (Incra).
Une histoire effacée
Avec le retard pris par ce processus d’officialisation, les résidents ont vu leur repères histoiriques s’estomper et leurs terres prises par des occupants venus de l’extérieur de la communauté. Depuis 2016 et le dédoublement de la voie rapide Duca Serra, l’un des plus vaste chantiers routiers réalisés en Amapá, le site a vu son apparence fortement modifiée. Un pont de 50 mètres de long et de 26 mètres de large, sur quatre voies, enjambe le lac Lagoa dos Índios. Avec huit millions de reais (sur un total de plus de 93,3 millions de reais en incluant les autres ouvrages), l’investissement est partie intégrante du plan de croissance de la région. Le gouvernement de l’État espère ainsi faciliter le trafic entre la zone ouest et le centre-ville, au bénéfice de plus de 150 000 habitant·es de la région métropolitaine de Macapá.
Et les quelques familles qui subsistent sur leurs terres du « quilombo rémanent » luttent désormais pour survivre, subvenir à leurs besoins et avoir le droit de loger dans les maisons où elles sont nées et ont grandi.
La bataille se mène sur plusieurs fronts. Ainsi, avec la disparition des plus âgés ainsi que l’exode des jeunes en quête d’emplois et de meilleures conditions de vie, la communauté s’est réduite. Les maisons se vident, tout comme les rues. Et ceux qui sont restés font état de menaces et de violences de la part des envahisseurs.
Luiz Carlos da Silva Padilha, 38 ans, est né dans le quilombo et y a grandi, à l’image de ses ancêtres. « Ça fait des générations que notre famille est d’ici, et il nous faut nous battre pour un territoire qui nous appartient. L’Incra est venu, et les zones qui nous reviennent de droit sont inscrites dans leur rapport », lâche-t-il ému, expliquant l’insécurité dans laquelle vit la communauté : tant que rien n’est officialisé, un juge pourrait à tout moment attribuer la propriété du terrain à un envahisseur qui la revendiquerait. « N’importe qui peut entrer sur une de nos parcelles et prendre la liberté d’alléguer que la terre est à lui. Dans un territoire lieu qui appartient à nos enfants, nos petits-enfants et arrière-petits-enfants ! », insiste-t-il. Le quilombola se réfère aux dires des plus anciens, qui relatent que leurs parents et grands-parents ont quitté le Quilombo do Curiaú pour à la recherche d’autres terres pour y construire leur maisons et cultiver leurs jardins. Une migration a donné naissance aux 27 communautés quilombolas recensées pour la seule capitale Macapá.
Alors que l’administration n’a toujours pas établi officiellement à qui appartient ce territoire, qu’occupent pourtant ces familles depuis des centaines d’années, beaucoup d’entre elles ont fini par abandonner leurs maisons en quête de moyens de survivre.
Autrefois, les quilombolas vivaient de la pêche, de la chasse, de l’agriculture et de l’élevage, des activités à faible impact sur l’environnement. Avec la croissance urbaine, la communauté s’est retrouvée prise en tenaille entre les deux plus grandes zones urbaines de l’État [Macapá et Santana, ndlt], cernée par de grands travaux routiers, à proximité de centres pénitenciers, de condominiums de luxe et même de parcelles privées empiétant sur le périmètre quilombola. La communauté a peu à peu perdu son identité, assistant apeurée à la reconfiguration du paysage et à l’épuisement de ses ressources.
Conflits fonciers
Danielson, frère de Luiz Carlos, le décrit bien : les conflits fonciers conduisent systématiquement à la réduction du territoire quilombola, ils empêchent le développement de la communauté et de ses activités agricoles. Les deux frères évoquent avec émotion Antônio Guardiano da Silva, José Raimundo da Silva, Auta Maria da Conceição, Raimundo Cândido da Silva et Manoel Joaquim dos Santos, reconnus comme héritiers de cette terre par le titre de propriété de la communauté délivré en 1918. C’était une époque paisible, affirment-ils, où les habitant·es pratiquaient exploitaient les ressources de la nature, pratiquant la cueillette, la chasse, la pêche, ainsi que l’agriculture et l’élevage. « Les arbres portaient plus de fruits, les rivières étaient plus poissonneuses. Et maintenant, alors que nos ancêtres sont morts, ils veulent nous déposséder », déplore Maria de Jesus, habitante du quilombo.
Le président de l’Association des résident·es de Lagoa dos Índios rapporte les événements. « Bien que nous soyons installés à l’intérieur du périmètre, le tribunal n’en a pas reconnu la délimitation et l’a attribué à l’homme d’affaires (Satoru Kubota). Sur plus de cent règlement de conflits fonciers, aucun n’a tourné en faveur des communautés, ils donnent systématiquement droit aux hommes d’affaires. La loi stipule pourtant que tout·e descendant·e de quilombola a le droit de rester dans son territoire historique », appuie Danielson. Et aujourd’hui sa communauté en est expulsée alors qu’elle est installée depuis plus de 200 ans dans son aire d’origine, défend-il. « Nos ancêtres y sont nés, y ont grandi, travaillé, souffert et sont morts ici. Et la Justice viendrait nous raconter que nous n’avons aucun droit ? ».
Sont considérés comme rémanents de communautés quilombo, selon la législation (article 2 du décret nº 4.887 du 20 novembre 2003), les groupes ethniques et raciaux (selon des critères d’auto-définition) présentant une présomption d’ascendance noire liée à la résistance à une oppression passée, dont la trajectoire historique est identifiée, et dotés de relations spécifiques avec un territoire. Lagoa dos Índios répond à une telle définition, mais le temps joue contre cette communauté, aujourd’hui à risque de perdre ses caractéristiques, devenue une cible stratégique pour la spéculation immobilière et pour les priorités expansionnistes de la ville.
Exode
Au fil du temps, l’avancée de l’urbanisation a entraîné un très forte exode au sein de la communauté. Avec l’accaparement des terres traditionnelles et la précarité voire l’inexistence des services publics, les habitant·es sont des cibles faciles pour les entrepreneurs immobiliers. En 2020, alors que le quilombo ne disposait encore d’aucun accès goudronné, une parcelle située à proximité de la piste de terre était mise en vente pour 5 000 reais. En 2005, Dona Ricarda Silva, l’une des personnalités les plus éminentes de la communauté (aujourd’hui décédée), rapportait dans un entretien que sa sœur aurait vendu son « bout de terre » pour 300 reais. Tout au long de la route de Goiabal, on peut voir des panneaux proposant de vieilles maisons abandonnées qui contrastent avec des constructions nouvelles en brique faite avec de l’argile prélevée de manière irrégulière sur des sites localisés l’intérieur du quilombo, disent les habitant·es.
Selon la législation brésilienne, les territoires quilombola disposant d’un titre enregistré ne peuvent pas être démembrés (de manière à être conservés pour les générations futures), ce qui interdit de plus aux héritier·es de vendre leur propriété. Malgré tout, la spéculation immobilière, s’exerçant au sein d’une société raciste et excluante qui marginalise les peuples traditionnels, contraint peu à peu les quilombolas à renoncer aux droits octroyés par leur origines.
Alors que Satoru Kubota tente de prouver devant les tribunaux qu’il est propriétaire de son terrain, qu’il aurait hérité de son père Chiaki Kubota, des habitant·es de la communauté affirment que l’homme d’affaires a déjà « saucissonné » la parcelle, dont il aurait vendu des tranches à un commissaire, à un policier et même à un juge, quand bien même elle a été dument cartographiée par un anthropologue de l’Incra. L’homme d’affaires affirme que sa famille a acheté la zone lors d’une vente aux enchères fédérale en 1977 et qu’elle est exploitée par une ferme depuis. « Nous y travaillons toujours. Nous ne sommes pas des vagabonds ou des bandits », déplore Kubota, qui ajoute de plus que sa propriété a été menacée par des « envahisseurs ».
En raison du retard pris par la délivrance de son titre, la communauté est de plus en plus vulnérable. En 2019, l’Incra avait pourtant annoncé le lancement d’une étude foncière, dans le but d’instruire un Rapport technique d’identification et de délimitation (RTID), première grande étape de la procédure supposée délimiter une aire reconnue comme quilombo, mais les travaux ont été paralysés par la pandémie de Covid19. Le RTID s’appuie pour l’essentiel sur deux éléments : un rapport anthropologique, qui décrit l’histoire de la communauté, y compris l’arbre généalogique complet et la descendance des habitant·es ; ainsi qu’une étude foncière, qui s’apparente à un recensement démographique, outil d’identification de tout ce qui se situe dans l’espace délimité, précise Mateus Pagliarini, agronome et expert fédéral agraire de l’Incra.
Le processus de régularisation d’un territoire passe par plusieurs phases : évacuation des occupant·es « non-quilombolas » (expropriation, réinstallation), délimitation fiscale de la zone, attribution du titre et son enregistrement dans les registres fonciers. L’auto-déclaration en tant que quilombolas se fonde sur les relations que la communauté entretient avec le territoire concerné, sur ses traditions et pratiques culturelles, ainsi que sur l’ascendance de ses membres. L’agronome rapporte également qu’il y a dix ans, l’institut a fait venir une anthropologue de Manaus pour commencer à rédiger le rapport anthropologique. Mais qu’il ne lui n’aurait pas été possible de conclure l’étude en raison de la pression subie par cette professionnelle, qui était enceinte à cette époque.
« Un grand nombre de personnes sont opposées à la délivrance d’un titre de quilombo, et ce type d’enquête nécessite une immersion parfois intense. On a vu des panneaux “quilombolas dehors !” et d’autre choses du même ordre », ajoute-t-il, expliquant que la question foncière, dans ces processus, génère toujours des conflits et des tensions difficiles à affronter. En 2017, l’Incra a repris en main le rapport anthropologique, cette fois-ci mené à son terme. Et la zone susceptible d’obtenir le titre a été délimitée par l’Incra, couvrant quelque 470 hectares.
Une longue régularisation
Cristina Almeida, qui était surintendante de l’Incra (2003 - 2006) lorsque le processus a commencé, explique qu’un quilombo n’est pas une « création » mais le fruit d’une reconnaissance. « Je me souviens avoir visité des maisons avec l’équipe technique, et averti les résident·es “non-quilombolas” qu’à partir de ce moment-là, plus rien d’autre ne pouvait être construit dans ce périmètre », explique-t-elle, regrettant que le processus n’ait toujours pas abouti.
Pagliarini, l’agronome de l’Incra, reconnaît que ça prend du temps, et que les politiques publiques en la matière ont été paralysées par le gouvernement Bolsonaro. « Nous sommes passés par une période vierge de tout décret d’intérêt social visant à régulariser les territoires quilombola. Sans décret, le processus est bloqué. Lagoa dos Índios comporte des quilombolas, mais aussi des propriétés privées, des terres publiques ainsi qu’un nombre important de non-quilombolas, dont l’évacuation prend du temps », constate-t-il, dénonçant de plus le rétrécissement imposé à l’institut, ce qui occasionne des retards faute de personnel.
Et la bureaucratie rend difficile également de prévoir une date de fin du processus. « En cas de contestation, la phase de recours administratif se déroule toute entière au siège de l’Incra, à Brasília. Un délai de 180 jours est accordé à l’instance régionale pour finaliser l’étape de contestation. Et au-delà de l’ultime protocole, il faut encore compter six mois de délai », complète l’agronome, qui précise que la période de contestation administrative peut prendre jusqu’à un an dans les cas les plus complexes.
Et les habitant·es, en plus d’être dans l’incapacité d’occuper leur propre terrain, dénoncent de sérieuses menaces. Marcos Pereira da Silva, 44 ans, petit-fils de Jerônimo Ramos da Silva, se souvient que lorsque des habitant·es ont été repérés sur le terrain de Kubota, ils ont été reçu à coups de feu. « Ils ne nous visaient pas, mais c’est une manière de faire fuir les gens, de nous tenir à leur merci. Nous vivons sous la menace sur nos propres terres ! Les gens ont peur. La communauté est soumise aux grands qui veulent nous humilier », commente-t-il, précisant que son grand-père était l’un des premiers habitants de la communauté. Il déplore ce qu’il appelle une « invasion de terre ». Ému, il affirme que tant qu’il aura des petits-enfants et des arrière-petits-enfants vivants, ce territoire continuera d’appartenir aux quilombolas.
Militaires en civil
Auprès de l’agence de presse Amazônia Real, Satoru Kubota rejette les accusations et affirme que lui et sa famille ont été menacés à l’intérieur de la propriété, où se trouve leur ferme Cozer. « Cette marque, ici, a été faite par un coup de feu tiré par les intrus sur ma maison. Sur cette photo, on voit qu’il s’agit de policiers militaires en civil », accuse l’homme d’affaires. Il a déposé une main courante auprès de la police et une plainte auprès du ministère public fédéral.
En 2022, une décision de justice du 4e tribunal civil de l’État d’Amapá a intimé aux familles qui se trouvaient sur la parcelle Kubota de la quitter avant le 5 décembre. Une décision qui a suscité une manifestation des familles quilombolas pour défendre le droit de rester sur le territoire. « Le tribunal d’État a demandé le retrait de 300 familles et la destruction de leurs maisons dans le périmètre quilombola », explicitait une affiche, tandis qu’une autre affirmait que « la protection des quilombolas figure dans la Constitution ». Selon Lindoval Rosário, avocat de la communauté, cette mesure de réintégration de propriété va à l’encontre de l’Arguição de descumprimento de preceito fundamental (ADPF 828, Argument de violation du précepte fondamental) qui suspend les expulsions dans certaines conditions, notamment lorsque ne sont pas respectés des critères d’accueil et de réinstallation des familles vulnérables dans un logement décent.
La vigilance est de mise, souligne l’ancien député fédéral Camilo Capiberibe (PSB), auteur d’amendements parlementaires en faveur de la délivrance de titres pour les communautés quilombolas d’Amapá. Il a rencontré le juge Carlos Tork en 2022, en Amapá, pour argumenter en faveur d’une suspension de l’exécution de la mesure de réintégration de propriété. Tork lui a confirmé cette suspension dans l’attente d’une décision finale sur le fond attendue de l’analyse de son collègue Carmo Antônio. L’ancien parlementaire indique que l’Incra et le ministère public fédéral ont sollicité que l’affaire, concernant des terres quilombolas, soit traitée à l’échelon fédéral. Camilo explicite : la décision de réintégration de propriété en faveur de Kubota a été prise par un tribunal d’État, alors qu’elle relève de la compétence fédérale, s’agissant d’un terrain quilombola reconnu par la Fondation Palmares.
Alors que je mettais la dernière main à cet article, j’ai reçu un message audio de Danielson : « Vous souvenez-vous du portail où les employés étaient en discussion avec la communauté ? Eh bien nous y sommes, nous sommes de retour. Car le lendemain (du conflit), la justice de l’État s’est déclarée incompétente dans l’affaire Kubota. Bien sûr, il ne s’agit pas de la seule parcelle dans ce cas, mais quelque chose me dis que nous sommes en train de gagner. La lutte est longue, mais la victoire est certaine. Au nom de Jésus, amen. »
Ainsi le juge Diogo de Souza Sobral avait-il renvoyé l’affaire à la sphère fédérale. Le processus est donc entré dans la phase des recours — contestations et réponses —, et une nouvelle audience devrait permettre d’entendre des témoins, de vérifier des preuves et des documents, et peut-être même de faire déboucher le processus — à l’échelon fédéral désormais. La décision de renvoi précise également « qu’il appartient au Tribunal fédéral de se prononcer sur l’existence d’un intérêt juridique justifiant la présence, dans la procédure, de l’Union, de ses instituts [comprendre l’Incra, notamment] ou entreprises publiques ».