Par Jean-Pierre Goulard
<img1091|left> Depuis la Conquête des Amériques, plusieurs mouvements à caractère messianique ont vu le jour en Amazonie. Le plus connu est celui des Tupi engagés dans la quête de la « Terre sans mal ». Plusieurs auteurs, Nimuendaju, Vinhas de Queiroz notent que ces mouvements existaient déjà au XIXe siècle. Nous nous attacherons aux Ticuna, groupe de langue indigène isolée et répartie sur trois pays : Brésil, Colombie et Pérou qui s’inscrivent dans un contexte semblable.
La plus grande partie de la population ticuna est rassemblée aujourd’hui dans deux mouvements relativement récents : le cruzisme et l’évangélisme. Notre propos est de présenter ici les traits liés à l’un des aspects transmis dans le message, celui relatif au territoire. D’origine interfluviale, les Ticuna se sont installés progressivement sur les rives de l’Amazone, jusqu’à vivre sur un territoire transfrontalier qu’ils revendiquent. Comment le message et les règles définis par les prophètes induisent-ils les membres du groupe à adopter une démarche commune, au-delà des limites imposées par les Etats ? Et sur quelle praxis se fonde-t-elle ?
Jean-Pierre Goulard, « La Cité de Dieu dans la forêt. Une terre immortelle », Socio-Anthropologie, N°10, Religiosités comtemporaines, 2001, [En ligne], mis en ligne le 15 janvier 2003.