A 16 ans, Camille Soares ne se souvient plus très bien de la date à laquelle elle est allée à l’école pour la dernière fois. « C’était quel mois déjà ? En février, en mars ou avril ? Je ne sais plus trop… mais ça fait vraiment très longtemps en tout cas ! », s’exclame cette ado bouillonnante, habitante de la tentaculaire favela de Maré, à Rio de Janeiro.
En ce matin de fin septembre, une chaleur de plomb s’abat sur le bidonville. Qu’importe la météo : lunettes noires à monture épaisse sur le nez et tee-shirt rose flanqué d’un Mickey Mouse souriant sur les épaules, Camille dégaine son ordinateur portable, fermement déterminée à accéder aux cours écrits en ligne proposés par son lycée, fermé depuis le mois de mars pour cause de Covid.
« Internet rame, les fichiers sont lourds… C’est lent ! », rouspète-t-elle. Dans son appartement, situé au rez-de-chaussée d’une ruelle étroite, Internet est un luxe et « lâche tout le temps ». « Depuis le mois d’août, j’ai enfin un ordinateur. Mais avant, c’était vraiment compliqué d’accéder aux cours. Je devais utiliser le smartphone de ma mère. Mais elle en avait beaucoup besoin. A deux sur un téléphone, c’est impossible ! », dit-elle.
Résultat des courses : Camille a loupé plus de cinq mois de cours. « Je suis complètement larguée, j’ai 120 leçons de retard ! Comment est-ce que je vais rattraper tout ça ? Je suis inquiète, j’ai peur de redoubler », soupire l’adolescente, qui rêvait jusqu’à il y a peu de hautes études, d’université, pourquoi pas de médecine… et craint de devoir tout abandonner.
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