São Paulo by night ... et en sécurité

 | Par Thierry Ogier

Cet article a été publié dans le numéro de mars 2015 "La planète djihadiste" d’Alternatives Internationales qui consacrait un dossier spécial au tourisme équitable.

Au crépuscule, un joyeux petit groupe se réunit au pied du Théâtre Municipal, une salle de spectacle traditionnelle, au centre de São Paulo... Une cinquantaine de visiteurs, venus de tous les quartiers de la ville, se rassemble autour du drapeau jaune de la « Caminhada Noturna », une promenade nocturne organisée une fois par semaine par Carlos Beutel, un petit homme rieur à la barbe poivre et sel. Aujourd’hui, destination la Pinacothèque, un musée d’art moderne à plus de deux kilomètres de là.

Violence, crack, insécurité, insalubrité... le Centro ne parvient pas à se débarrasser de sa mauvaise réputation, pourtant de moins en moins méritée. « Il y a dix ans, c’était un projet de dingue de proposer des balades comme ça dans une ville si violente la nuit », admet Carlos Beutel. Mais la volonté de montrer le quartier tel que l’a toujours vécue ce propriétaire d’un restaurant végétarien a eu raison des doutes et de craintes. Depuis, il mène ces itinéraires nocturnes, chaque semaine.

À chaque fois, il guide ses voisins, des habitants d’autres quartiers de la ville, des expatriés et des touristes curieux et rassurés par l’effet groupe, vers une destination différente. Gratuitement et dans une humeur bon enfant.

Ces visites ne financent pas directement de programmes sociaux ou de projets de réhabilitation, mais elles attirent l’attention des autres habitants et des institutions municipales sur les difficultés du Centro et de ses habitants. De fait, les touristes étrangers sont encore rares à oser franchir le pas. « C’est une super façon de mettre en valeur le patrimoine architectural du vieux centre et de tordre le cou à un certain nombre d’idées reçues », soutient Renato Fugulen, de Viva o Centro, l’association à l’instigation de la balade nocturne, qui milite et cherche des fonds pour améliorer les conditions de vie du quartier depuis 23 ans.

L’Histoire de la ville se raconte

Ce soir-là, en se dirigeant vers la Pinacothèque, l’ambiance est chaleureuse, presque familiale. Sans être inquiété par quiconque, comme toujours, le petit groupe dissèque les façades des vieux immeubles, remonte le temps devant la gare de Luz, édifiée par les Anglais au XIXe siècle pour réceptionner le café acheminé de l’intérieur des terres. Un tournant pour São Paulo, petite bourgade de quelque 20 000 habitants devenue une mégapole, grâce au chemin de fer.

Et puis, d’un coup, se dresse la Pinacothèque, la cerise sur le gâteau. Un superbe bâtiment en briques rouge, entièrement rénové par le célèbre architecte Paulo Mendes da Rocha, vainqueur du prix Pritzker en 2006. Chacun, étudiants ou employés, écoute, regarde, analyse, se souvient. « C’est une partie de ma jeunesse qui est ici. On allait aux manifs des ‘Diretas Já’ ! » pour la restauration du suffrage universel direct en 1984, s’exclame Celia, une employée de banque qui a longtemps travaillé dans le quartier. Un sujet de conversation idéal pour ceux qui décident de poursuivre la rencontre autour d’une pizza, dans un petit restaurant du coin.

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