Faim - Zéro
Le plan Faim-Zéro, l’un des principaux programmes du Gouvernement, nécessitera selon le ministre J.Graziano près de 5 milliards de Reais cette année, pour développer dès le premier semestre 41 actions dans 959 communes considérées comme prioritaires. Le budget de l’Etat fédéral brésilien pour 2003 prévoit une dépense de 1,8 milliards de Réais pour ce programme. Selon l’estimation du ministre, les ressources nécessaires ne devraient pas seulement provenir du budget, mais de dons et partenariats privés. Dès la première quinzaine de l’année, l’OCB (Organisation des Coopératives Brésiliennes) a annoncé qu’elle donnerait 24.000 tonnes de produits alimentaires pour Faim - Zéro. Parmi les actions du plan, figure notamment la distribution de ressources aux familles pauvres pour des achats alimentaires, au moyen de cartes magnétiques.
Le nouveau Gouvernement a déjà annoncé la re-création du Conseil National de la Sécurité Alimentaire (CONSEA), qui avait existé sous le Gouvernement Itamar Franco et avait été dissout par F.H. Cardoso. Formé de façon paritaire avec des représentants des ministères et de la société civile, il devrait être le lieu privilégié de la conception des politiques pour combattre la faim.
M. Rossetto, ministre emblématique
Miguel Rossetto, né en 1960, est un ancien syndicaliste du secteur pétrochimique. Devenu secrétaire d’Etat dans le Gouvernement (PT) du Rio Grande do Sul à Porto Alegre, il s’y est montré un habile conciliateur, jusqu’à devenir l’homme de confiance du gouverneur Olívio Dutra. Il a souvent négocié avec la CUT (Confédération Unitaire du Travail), les syndicats de fonctionnaires et les fédérations patronales. Député fédéral de 1995 et 1998, il a été désigné chaque année comme l’un des meilleurs élus du Congrès par le DIAP (Département Intersyndical des Assesseurs Parlementaires). Il a alors présidé la commission de l’emploi de la Chambre, participé à la Commission spéciale du Pétrole et a représenté ses collègues dans la Commission parlementaire du Mercosul, le marché commun de l’Amérique du Sud. Aux élections de 2002 il était candidat vice-gouverneur PT dans le Rio Grande do Sul, aux cotés de Tarso Genro, mais ils ont été battus par le candidat du PMDB, G. Rigotto. Malgré cet échec son nom figurait en tout premier sur la liste de la composante du PT « Démocratie Socialiste » pour la formation du Gouvernement Lula.
Premières déclarations sur la réforme agraire
Depuis sa nomination comme ministre Miguel Rossetto a précisé ses orientations, en particulier sur les points suivants.
Dans son propre discours de prise de fonction il a affirmé : « nous allons travailler avec cette conception stratégique qu’une réforme agraire ample et massive s’impose dans ce pays. Nous tenons à dire et voulons réaffirmer que pour nous, qui défendons un modèle de développement respectueux de notre peuple, de démocratisation de la propriété et des revenus, constructeur d’une autre perspective d’avenir d’inclusion, plus qu’un problème, la réforme agraire est une solution pour ce pays ».
Il a indiqué par la suite que l’une des premières tâches de son équipe, pour améliorer le soutien à l’agriculture familiale, serait d’incorporer au PRONAF (Programme de financement fédéral de l’Agriculture Familiale), des services d’assistance technique, des instruments de commercialisation et un encouragement aux coopératives.
De même, il a annoncé que son Gouvernement pourrait réviser la Mesure Provisoire 2.109-50/2001 du Gouvernement sortant, qui interdit la visite à des fins d’expropriation, de toute zone rurale « envahie » par des sans-terre. Or, la fin de cette mesure provisoire, qui a certes beaucoup freiné les occupations, est l’une des principales revendications du Mouvement des Sans-terre (MST) , en même temps qu’une des pires craintes des organisations de grands propriétaires ruraux, comme l’UDR (Union « Démocratique » Rurale).
Enfin, Miguel Rossetto a indiqué qu’il ferait rapidement établir un audit sur la réforme agraire, afin de savoir exactement quel est le nombre de familles paysannes installées à ce titre au Brésil. Selon le ministre, la population veut savoir ce qui a été véritablement fait au nom de la réforme agraire sous le Gouvernement de F.H.Cardoso et la société a droit à une information exacte. L’audit devrait aussi établir un utile état des lieux concernant les infrastructures dans les Projets de réforme agraire (assentamentos).
Reste évidemment à suivre avec attention la mise en œuvre de ces orientations très encourageantes pour la relance d’une véritable réforme agraire au Brésil, ce que nous ne manquerons pas de faire ici ces prochains mois.
Auteur : Jean-Yves MARTIN
Texte tiré de Info Terra - Frère des Hommes - Janvier 2003