<img750|left> Que ce soit comme président ou comme candidat, Luis Inacio Lula da Silva a reçu à lui seul entre le 3 juillet et le 23 août plus de critiques dans la presse magazine que l’ensemble des trois autres principaux candidats à la Présidence de la République. Geraldo Alckmin (PSDB), Heloisa Helena (PSOL) et Cristovam Buarque (PDT) n’ont en effet fait l’objet que de 12 parutions négatives à eux trois, alors que dans le même temps Lula était critiqué par ces mêmes hebdomadaires à 14 reprises en tant que candidat, puis à 19 occasions supplémentaires comme Président.
Ces données proviennent d’une nouvelle série de recherches divulguée par l’Observatoire Brésilien des Media (OBM). Les mentions de Lula, comme on peut le constater, ont été réparties entre celles qui concernent son gouvernement et celles qui se réfèrent à sa campagne électorale.
L’OBM a enregistré 120 mentions des candidats dans les quatre grands hebdomadaires - Veja, Carta Capital, IstoE, Epoca. Selon Klejd Jakobsen, membre de l’Observatoire, les revues, à l’exception de "Carta Capital", ont une posture défavorable à Lula et "reflètent la préférence de la classe moyenne pour le candidat du PSDB".
Malgré les critiques sévères que le Président Lula reçoit aussi bien des quotidiens que des hebdomadaires, le dernier sondage de Datafolha montre que près de 46% des lecteurs considèrent son gouvernement comme excellent ou bon et que 35% le trouvent correct.
Distinction
En termes relatifs, Lula "président" a reçu plus de critiques négatives que Lula "candidat", et plus que les autres candidats. Sa gestion a été attaquée dans 61,3% des articles parus dans les hebdomadaires. Les citations positives - 16,1% du total - ont représenté à peine plus d’un sixième de toutes les mentions dans la presse sur le mois étudié. Enfin 22,6% d’entre elles sont considérées comme neutres.
Pour Kledj Jakobsen, qui préside aussi l’Institut Observatoire Social, lié à la Centrale Unique des Travailleurs (CUT), les lecteurs des hebdomadaires ne font pas de distinction entre Lula candidat ou président. "Il existe cette ambiguïté, que la grande presse exploite pour critiquer Lula", note Jakobsen. Selon lui, Lula est naturellement plus exposé dans la presse en raison de sa fonction de président, mais souffre de "l’effet vitre" : sur un total de 31 mentions le concernant, 5 seulement sont positives, 7 neutres et le reste (19) le fustigent.
Il y a une différence fondamentale entre les deux parties de l’étude de l’Observatoire : alors que la presse quotidienne publie plusieurs reportages consacrés uniquement à un candidat, les revues les réunissent en général dans un ou deux articles de fond. Ainsi, ce que l’Observatoire a mesuré dans sa dernière étude sont les "abordages" des candidats dans les revues, c’est-à-dire combien de fois ils figurent dans les légendes, dans les encarts et dans le corps des articles, indépendamment du nombre d’articles publiés.
Comparaison
En tant que candidat, Lula a reçu en termes relatifs autant d’espace dans la presse hebdomadaire que son principal adversaire, Geraldo Alckmin (PSDB). De toutes les mentions concernant ce dernier, 36,7% étaient négatives. C’est la même chose pour le candidat Lula, critiqué dans 35,9% des cas.
Alckmin et Lula « candidat », en termes de mentions positives, ont reçu une couverture semblable : 40% et 41%. Les mentions neutres des trois présidentiables sont également proches, en termes relatifs, autour de 21 à 23% du total.
La surprise vient d’Heloisa Helena, tenue pour une candidate de la gauche radicale, elle a été peu critiquée dans les revues : tout juste 7,1% des mentions la concernant étaient négatives. La candidate du PSOL a figuré en termes positifs dans 71,4% de ses apparitions dans les revues. Celles-ci ont accordé de l’espace à Heloisa précisément au moment où elle prenait de l’importance dans les sondages électoraux, atteignant des préférences à deux chiffres.
En termes absolus, les revues ont cité Heloisa Helena 14 fois en un mois. Une seule fois de manière négative. Dix autres mentions étaient positives et trois neutres. Alckmin a reçu le double de citations (30), presque autant que Lula "candidat" (39), ce qui les rend tous deux des cibles plus probables de critiques. Le membre du PT a reçu 14 mentions négatives et 16 positives, contre 11 négatives et 12 positives pour le toucan.
Les mentions négatives à l’encontre de Lula se concentrent dans les revues IstoE et Veja. De ces 14 citations, 6 concernent la première publication, et 4 la seconde. En outre, Veja n’a fait aucune mention positive de Lula. Alckmin, lui, se caractérise par l’absence de mentions négatives. Dans Veja, le candidat du PSDB a été cité 4 fois, 1 fois de manière positive, les 3 autres de manière neutre.
Analysées individuellement, chacune des revues citées reproduit « l’effet vitre » contre Lula. Pour ce qui est de Epoca, il y a eu 34 mentions des candidats, dont 12 concernaient Lula, et 4 de manière négative. Alckmin a été cité 9 fois, seulement 2 fois de manière négative.
« La logique des reportages avec laquelle les revues travaillent est différente de celle des journaux », dit Jakobsen. Pour lui, la presse hebdomadaire a besoin de proposer des reportages haletants pour remplacer l’absence d’accompagnement quotidien factuel, c’est pourquoi elle privilégie les « coups médiatiques ». « Il est fréquent, ainsi, de voir des rumeurs publiées comme s’il s’agissait d’enquêtes journalistiques inédites », dit Jakobsen.
Par Rafael Sampaio - Agência Carta Maior - 15 Septembre 2006
Traduit par Pamela Ferra pour Autres Brésils