Les films de Brésil en Mouvements 2023 : Ce qui nous relie

Brésil en Mouvements 2023 : la sélection officielle

L’association Autres Brésils a le plaisir d’annoncer la sélection de films de la 19e édition du festival Brésil en Mouvements, qui aura lieu du 28 septembre au 1er octobre 2023 au cinéma Les Sept Parnassiens.

  • A Invenção do Outro (L’Invention de l’autre, 2022, 144’) de Bruno JORGE (film d’ouverture)
  • Sessão Bruta (Séance brute, 2021, 90’) des collectifs AS TALAVISTAS et ELA.LTDA
    avant-première française
  • Rejeito (2023, 75’) de Pedro DE FILIPPIS
  • Vento na Fronteira (Le vent souffle la frontière, 2022, 78’) de Laura FAERMAN et Marina WEIS
  • Fé e Fúria (Foi et furie, 2019, 103’) de Marcos PIMENTEL
  • Vãnh gõ tõ Laklãnõ (2022, 25’) de Barbara PETTRES, Flávia PERSON, Walderes COCTÁ PRIPRÁ
    avant-première européenne
  • Desova (Le largage, 2023, 29’) de Laís DANTAS
    avant-première européenne
  • A Morte Branca do Feiticeiro Negro (La Mort blanche du sorcier noir, 2020, 10’) de Rodrigo RIBEIRO-ANDRADE
    avant-première française
  • L’Esquisse (2023, 9’) de Tomas CALÍ
  • Espectro Restauración (2022, 8’) de Felippe SCHULTZ MUSSEL
    avant-première française
  • Interior da Terra (L’intérieur de la terre, 2022, 20’) de Bianca DACOSTA
  • avant-première mondial
  • Romão (2022, 10’) de Clementino JUNIOR
    avant-première européenne
  • Nada Sobre Meu Pai (Rien sur mon père, 2023, 90’) de Susanna LIRA (Film de clôture)
    avant-première européenne
L’Invention de l’autre, Bruno Jorge

Les films de Brésil en Mouvements 2023 : Ce qui nous relie

La sélection de films de la 19e édition de Brésil en Mouvements révèle la capacité qu’a le cinéma brésilien de faire basculer nos rapports au monde et nos liens avec les communs. Les treize films de la sélection nous invitent à construire d’autres manières d’exister, capables de défaire la violence qui institue les relations entre humains et avec la nature. Depuis le Brésil, les films font face à cette violence politique, environnementale, sociale et historique à travers des récits puissants.

Espectro Restauración, Felippe Mussel

La sélection présente des films produits notamment pendant les années Bolsonaro, à partir desquelles la création de contre-récits semblait devenir plus urgente et vitale. Contre les projets de destruction de notre temps, le cinéma documentaire engagé propose la création commune comme voie de résistance, réimagination et restructuration du monde.

Réinventer la communauté

Le film d’ouverture, A Invenção do Outro (L’Invention de l’autre, Bruno Jorge), propose de bouleverser les perspectives fixes occidentales (colonialistes) à partir de la rencontre de l’altérité. Grâce à l’immersion dans l’expédition de contact de peuples autochtones isolés, coordonnée par l’indigéniste Bruno Pereira, dans la région amazonienne du Vale du Javari, le film évoque l’événement spectral qui fonde la civilisation brésilienne. Comment filmer, en 2023, le contact ? Comment le représenter dans son émerveillement, sa violence, sa force, sa tragédie ? Quels sont les enjeux contemporains de la protection des peuples isolés ? C’est avec Bruno Pereira et son équipe que le film nous invite à un devenir autre – et ne serait-ce la tâche du cinéma lui-même ?

L’histoire du film évoque les défis de la lutte pour les peuples de la forêt face à l’invasion extractiviste en Amazonie. Elle est traversée par son après-coup : l’assassinat de Bruno Pereira et du journaliste Dom Phillips le 5 juillet 2022.

Vento na Fronteira, Marina Weis et Laura Faerman

La lutte contre le génocide et pour les droits des peuples autochtones, ainsi que la force de leur organisation politique, sont aussi representées dans des films comme Vãnh gõ tõ Laklãnõ (Barbara Pettres, Flávia Person, Walderes Coctá Priprá), Interior da Terra (Bianca Dacosta) et Vento na Fronteira (Le vent souffle la frontière,Laura Faerman et Marina Weiss) notamment à travers des histoires de femmes autochtones racontées par des femmes autochtones et non-autochtones.

Vãnh gõ tõ Laklãnõ, Barbara Pettres, Flávia Person et Walderes Coctá Priprá

Ouvrir les chemins

Le film de clôture, quant à lui, Nada Sobre Meu Pai (Rien sur mon père, Susanna Lira), évoque également des spectres privés et collectifs. La cinéaste Susanna Lira part en Équateur à la recherche du père qu’elle n’a jamais connu. Ancien militant de gauche venu au Brésil pour lutter contre le régime dictatorial, il est parti sans laisser de trace. En Équateur, les rencontres tissent des liens puissants entre la mémoire des dictatures latino-américaines – sa transmission précaire, ses trous noirs, ses histoires perdues et retrouvées, peut-être jamais racontées – et la mémoire du cinéma survivant dans les archives. Il se confronte aussi à l’altérité ; la recherche pour ce père, cet autre, étranger, disparu, ouvre la voie à d’autres histoires possibles du passé et de l’avenir.

Rien sur mon père, Susanna Lira

Les revenants peuplent aussi le récit poétique et envoûtant de A Morte Branca do Feiticeiro Negro (La Mort blanche du sorcier noir, Rodrigo Ribeiro-Andrade) – ceux de l’esclavage. Ces derniers se montrent présents dans d’autres films abordant les violences contre la diaspora noire ainsi que la résistance inépuisable des mouvements noirs du Brésil : Romão (Clementino Júnior), Desova (Le largage, Laís Dantas) mais aussi Fé e Fúria (Foi et furie, Marcos Pimentel). Ces films révèlent des histoires que l’histoire a rendu invisible et donnent voix aux combats afro-brésiliens et périphériques du présent.

La Mort blanche du sorcier noir, Rodrigo Ribeiro-Andrade
Romão, Clementino Júnior

Réparer les liens

Les films de la sélection cherchent à dénoncer et à exposer les machines de destruction du monde, comme Rejeito (Pedro de Fillipis) et Espectro Restauración (Felippe Schultz Mussel), qui évoquent des catastrophes écologiques récentes et à venir. Rejeito, suite à la catastrophe du rompement du barrage de Brumadinho à Minas Gerais, interroge les conséquences environnementales et sociopolitiques de l’exploitation minière et du terrorisme de barrage. « Rejeito, » en portugais, c’est le « déchet » de l’industrie minière mais aussi le « refus/rejet » qui mène à la lutte politique. Espectro Restauración, quant à lui, évoque les incendies du Pantanal par un spectrogramme sonore de cette autre catastrophe.

Rejeito, Pedro de Filippis
Interior da Terra, Bianca Dacosta

Par ailleurs, ces machines de mort apparaissent dans des films abordant des sujets comme l’agro-industrie. Vento na Fronteira fait croiser deux camps opposés de la dispute pour la terre au Brésil. L’expression du pouvoir violent de l’agrobusiness s’oppose aux modes sacrés de vie et de lutte autochtones. Le sujet est aussi travaillé dans la puissance poétique et esthétique de Interior da Terra.

Ces machines sont aussi affrontées dans des films donnant à voir les favelas et périphéries : Desova, dénonçant le génocide perpétré par la police, ou Fé e Fúria, explorant la relation perverse entre le pouvoir parallèle et la religion.

Foi et furie, Marcos Pimentel
Desova, Laís Dantas

Contre ces machines mort, pourtant, émergent des récits comme Sessão Bruta (Séance brute, des collectifs As Talavistas et Ela Ltda) ou L’Esquisse (Tomas Calí), qui nous invitent à la célébration et à l’affirmation de la beauté dépravée et merveilleuse des subjectivités révolutionnaires.

Séance brute, Collectif As Talavistas
(Image : Gabriela Luiza)

Vive le cinéma brésilien et son pouvoir scandaleux !

L’Esquisse, Tomas Calí

Voir en ligne : Les films de Brésil en Mouvements 2023

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