Il est certain que l’intervention de l’État visant à corriger les défauts de la structure agraire n’est pas un fait récent en Amérique latine. Dès l’époque coloniale, la métropole, les vice-rois et les gouverneurs généraux ont essayé de trouver une solution au désordre des titres légaux régulant l’accès à la terre et aux conflits sanglants provoqués par la forme de propriété datant de l’époque de la « conquête » et de l’implantation de l’économie mercantiliste dans les campagnes latino-américaines.
Notre analyse ne portera cependant que sur les processus les plus récents, ceux du XXe siècle, connus sous le nom de réforme agraire ; c’est-à-dire, sur ces politiques qui se sont efforcées de redistribuer des terres excessivement concentrées entre les mains de grands propriétaires. En plus de ces interventions de l’État dans la distribution des terres, les campagnes latino-américaines connurent aussi deux révolutions agraires : la révolution mexicaine (1910) et la révolution bolivienne (1952) qui furent à l’origine de programmes de réforme agraire.
Ainsi, les réformes agraires latino-américaines du siècle dernier peuvent être classées, de façon très schématique, en trois sous-ensembles : les processus issus de révolutions agraires ; les processus institutionnels qui ont distribué une partie significative des terres à des paysans sans terre ; et, enfin, ceux qui se sont limités à des interventions ponctuelles dans la structure de distribution de la propriété de la terre. [1]
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