Festival Brésil en Mouvements 2020 : bilan et revue de presse d’une édition exceptionnelle

 | Par Autres Brésils

Du 2 au 4 octobre, le cinéma Les 7 Parnassiens accueillait le festival de documentaires et de débats « Brésil en Mouvements » (BEM) pour sa 16ème édition. Cette année, le festival s’est construit face au contexte pandémique qui nous a imposé de multiples défis. Face à cette situation qui exacerbe les crises et les tragédies brésiliennes, le festival a mis en avant les déchirures mais aussi les puissances d’un pays et de son cinéma.

© Aurélia Piletitch

Le Festival « Brésil en Mouvements » a su rester fidèle à son objectif initial : offrir un moment de cinéma de qualité mettant en évidence les contre-champs de la société brésilienne : vie quotidienne des favelas, résistances des peuples autochtones et des quilombolas, luttes du mouvement des sans terres, combats LGBTQI+, mobilisations pour l’environnement, histoires et mémoires du Brésil, racisme ...

Cette année, « Brésil en Mouvements » a présenté de documentaires inédits et a organisé de débats sur les questions sociales, politiques et environnementales qui agitent la société brésilienne.

L’équipe d’Autres Brésils et Douglas Estevam, membre de la coordination nationale du Mouvements Sans Terre (MST) © María Guerra

Réalisat·teur·trice·s, product·teur·trice·s, représentant·te·s d’ONG et de mouvements sociaux, brésilien et français ont été, une fois encore, au rendez-vous pour échanger avec le public lors de ses trois jours intenses.

Ce furent trois jours de projections de films documentaires qui portent un regard acéré, cru ou bien poétique de l’actualité brésilienne. Trois jours de rencontres, destinées à dresser des ponts et consolider les échanges entre les sociétés françaises et brésiliennes. Nous vous proposons ici un retour non exhaustif sur le festival.

Cette année, le mot d’ordre de la programmation était : « Un cinéma pour l’avenir ». A travers 12 films, dont 9 inédits en France, la 16ème édition a voulu mettre en avant un cinéma fait par une jeune génération qui refuse de se faire écraser par la réalité autoritaire, ultra-libérale, patriarcale et néocoloniale du pouvoir. A occupé l’écran un cinéma portant le regard des périphéries, qui revendique les marges comme seul espace possible pour penser l’avenir.

© Éléonore Ardelanot

Une sélection de films, de débats et de rencontres au fil de l’actualité

Le festival s’est ouvert avec la projection de Zawxiperkwer Ka’a – Guardiões da Floresta (de Jocy et Milson Guajajara, avec Vídeo nas Aldeias, en partenariat avec ForumDoc. À travers une perspective singulière, située au cœur des conflits, le film dévoile le quotidien invisible de l’invasion et de la destruction des territoires autochtones. La projection a été précédé du court métrage Apiyemiyekî ?, documentaire expérimental d’Ana Vaz retraçant l’histoire des violences contre les peuples autochtones pendant la dictature militaire. La séance d’ouverture s’est terminée par une rencontre avec la réalisatrice Ana Vaz. Un échange très intéressant s’est construit autour du processus de réalisation du film, puis d’une réflexion sur les luttes urgentes des peuples autochtones, et du rôle que chaque auteur peut jouer dans ces luttes. Vous pouvez retrouver les détails de la rencontre sur notre page Facebook. Pour les lusophones, nous vous invitons à écouter l’entretien d’Ana Vaz pour RFI réalisé à l’occasion du festival.

Pour ce deuxième jour de festival documentaire, c’est les violences de l’État brésilien, de la colonisation jusqu’à maintenant, et plus particulièrement les mémoires construites par ses victimes, qui ont été présentées à l’écran. Exposant les racines profondes du Brésil, les films de la première séance de la journée Raízes (Simone Nascimento & Wellington Amorim) et Galinhas no Porto (Caio Zatti & Luis Henrique Leal) ont montré que le racisme et la violence structurelle de l’État traversent les vies et les géographies du Brésil. Ils ont aussi exposé comment les ruptures historiques s’inscrivent sur les vies privées et se transmettent entre les générations. L’assistance a pu rencontrer à l’issue de la projection Luis Henrique Leal, co-réalisateur de Galinhas no Porto. La rencontre a donné lieu un échange particulièrement marquant grâce aux différents angles d’étude abordés par les intervenant·e·s et le questionnement du public. Vous pouvez retrouver l’intégralité du débat sur notre page Facebook, mais aussi retrouver l’entretien Luis Henrique Leal donné à RFI.

La soirée de samedi a permis de donner voix aux victimes des violences d’État. Atordoado, eu permaneço atento [Stupéfait, je reste attentif] (Lucas H. Rossi dos Santos & Henrique Amud) réalise un court-circuit de la mémoire et de l’histoire de la dictature militaire. Sete Anos em Maio [Sept années en mai], d’Affonso Uchôa, est une descente aux enfers retraçant une histoire singulière pour explorer la violence génocidaire contre la population noire des favelas. À travers ces images puissantes, Uchôa reconfigure la possibilité de donner voix aux victimes. Le débat, ancré dans une problématique quotidienne des brésilien·ne·s, a permis aux spectateur·rice·s d’échanger sur le phénomène systémique au Brésil des abus commis par les personnes détentrices de l’autorité. Nous nous sommes rappelés du massacre de Carandiru - 2/10/1992. Pour l’association, grâce aux intervenant·e·s qui nous font l’honneur et la confiance d’être présent·e·s, le Festival Brésil en Mouvements a pu dialoguer avec l’Observatoire de la Démocratie Brésilienne.

De gauche à droite, de haut en bas : Jussara Freire (sociologue CEMS/EHESS) et Glauber Sezerino, Luis Henrique Leal, Ana Vaz et Bia Rodovalho, Eloy Terena (avocat et conseiller juridique de l4articulation des peuples autochtones du Brésil - APIB) © Quesia Do Carmo, Eleonore Ardelanot et María Guerra

Nous nous sommes retrouvé·e·s dimanche après-midi pour notre habituelle séance de court métrage, consacrée cette année au jeune cinéma lesbien du Brésil. Avec humour, amour, tendresse, perspicacité, joie et la force folle de ces femmes, les films Quebramar (Cris Lyra), Rebu – A Egolombra de uma Sapatão Quase Arrependida (Mayara Santana), À Beira do Planeta Mainha Soprou a Gente (Bruna Barros et Bruna Castro), Carne (Camila Kater) et Minha História é Outra (Mariana Campos) ont mis en image le nouveau monde.

Lors du débat politique de l’après-midi, un bilan a été dessiné de la situation au Brésil, marquée par de brutales crises sanitaire, environnementale et politique. Douglas Estevam, coordinateur du Mouvement des sans-terre brésilien (MST), Eloy Terena, avocat et conseiller juridique de l’Articulation des peuples autochtones du Brésil (Apib), Jussara Freire, sociologue à l’Instituto de Estudos Comparados em Administração Institucional de Conflitos INCT-InEAC (Universidade Federal Fluminense) et au Centre d’Etude des Mouvements Sociaux CEMS/EHESS ont partagé leur vision de ces crises en cours. Leurs perspectives se sont croisées pour donner un éclairage aigu sur l’état de la démocratie dans le pays.
 
Le festival s’est clôturé par le le sensible Um Filme de Verão [Un film d’été] de Jo Serfaty, faisant résonner en France les rêves d’une jeunesse périphérique au Brésil. De quoi sera fait l’avenir ?

Discours de clôture / © María Guerra et Federico Pipitone

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Des moments d’échange pour tisser les solidarités

Malgré l’annulation de plusieurs évènements culturels habituels animant le festival pour respecter les mesures sanitaires (concert, bar, exposition), nous avons su maintenir un espace d’échanges et de rencontres grâce à divers stands. Chaque jour, des partenaires du festival étaient présent·e·s, pour proposer de la littérature brésilienne, parler de la situation des droits humains au Brésil, faire connaître les événements politico-culturels sur l’Amérique latine à Paris ou encore vous faire déguster des produits naturels tout droit venus du Brésil. 

Stands de nos partenaires © Eleonore Ardelanot et María Guerra

« Brésil en Mouvements », c’est aussi un espace privilégié pour rencontrer ou retrouver les membres de l’équipe des bénévoles ! Et plus généralement, l’occasion de tisser des liens, consolider les échanges et les solidarités !

A gauche : Aderivaldo Santana, historien de la traitre négrière au Brésil © María Guerra et Quesia Do Carmo

Revue de presse

  • "Le Brésil engagé s’invite à Paris", paru dans le magazine le film français, 18 septembre 2020

Remerciements

Nous remercions donc les partenaires qui ont permis la réalisation de cette nouvelle édition de Brésil en Mouvement, la Fondation Gabriel Péri et la Mairie de Paris, mais également Mediawen, les Éditions Anacaona, ainsi que Amnesty International France et Guayapi. Merci également à notre partenaire culinaire Terraçai.

Merci à nos précieux partenaires communications : Bastamag, Nouveaux Espaces Latinos, CAP Magellan et el Café Latino.

Merci à l’équipe du cinéma Les 7 Parnassiens, pour leur accueil bienveillant. Mille mercis enfin à tou·te·s les bénévoles, sans qui BEM n’aurait pas pu se réaliser !

Merci à Marie-Floriscia Ada et à Hevelyn Chanton pour leur participation à la campagne de communication du festival

Merci aux généreux donateurs et généreuses donatrices de la campagne HelloAsso : Anahi Ubal Retamozo ; Angela Duffles ; Angélica Trindade-Chadeau, Benoît Bradel ; Catherine Aubertin ; Cécile Bourgade ; Célia Delhomme ; Du Dufles ; Edith Patrouilleau ; Elise Leclerc ; Fanny Corcelle ; François de Larrard François ; Frédérix Pagès ; Jean-Pierre Guis ; marie Funke ; Marie Moussey ; Marie du Roy ; Martin Monti-Lalaubie ; Melisa Guerrien ; Silvia Capanema ; Sylie Michaud ; Thomas Klung ; Virginie Lafon ; Aurélie Tyszblat.
 
Vive le cinéma brésilien. Vive la Cinemateca Brasileira.

Photo de couverture : © María Guerra

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