Elsa Deshors, avec son documentaire « De briques et de tôles », ouvre les portes de la Rocinha, favela de Rio de Janeiro, une des plus grandes favelas d’Amérique latine, et donne la parole à ses habitants. Deux vies à la poursuite d’un seul rêve : celui de pouvoir vivre un jour décemment chez soi.
Adeline Bourdillat : Comment est né le projet de votre film ? Qu’est-ce qui vous a amenée à la Rocinha ?
Cédric Lépine : Quel est votre lien avec ce lieu en particulier ?
Elsa Deshors : Je suis arrivée à Rio au Brésil parce que je faisais un stage d’éducation à l’image. J’étais en Master de documentaire à Marseille et il y avait une Brésilienne dans ma classe. Je suis partie parce qu’elle avait un projet avec la Cinémathèque française, intitulé « Images en mouvement ». Dix écoles de Rio ont été choisies pour participer à ce projet et recevoir des cours d’éducation à l’image. Il y avait cinq écoles dans des favelas, et cinq écoles des quartiers plus riches. Le but était de créer une rencontre par le cinéma entre les différentes classes sociales. Ça a très bien marché, ça a donné lieu à plein de petits films différents selon les quartiers. C’est comme ça que je suis entrée dans les favelas et que j’ai découvert les différences entre les quartiers et les frontières dans la ville, entre les quartiers riches qui ne fréquentent pas du tout les favelas et tous les a priori qui existaient, exactement comme nous pouvons en avoir par rapport à nos banlieues. On nous dit que ne n’est que de la violence, alors que finalement ce sont des travailleurs pauvres. J’ai eu envie, à travers ce film, d’entrer à l’intérieur des favelas, et de le faire aussi pour les gens de Rio. Sinon, ce film est né d’une amitié avec une architecte, Elsa Burguière. Elle est française et vit à Rio ; elle a monté l’agence « Arche » qui s’occupe de l’aménagement des favelas. C’est elle qui m’a emmenée sur ce chantier autogéré : « Esperança ».