Deux ans après le coup d’État institutionnel, l’effroyable bilan artistique et culturel

 | Par Kakie Roubaud

Deux ans après le coup d’État institutionnel, qui a vu tomber Dilma Rousseff, la présidente de gauche, sans qu’aucun délit de corruption, enrichissement illicite, détournement de fonds ne lui soit reproché, où en sont les arts et la culture au Brésil ? Où en sont les budgets ? Quels sont les combats auxquels font aujourd’hui face les artistes du pays ? État des lieux d’un pays-continent qui a plongé dans le noir. Reportage de la correspondante de Profession Spectacle à Rio de Janeiro, Kakie Roubaud.

« Quatre mois avant le Carnaval, on sillonnait le Brésil et l’Europe pour chauffer les foules. Nos agendas étaient pleins. Cette année, on a deux concerts. Plus un sou, ni dans le public, ni dans le privé, pour financer les cultures populaires. Retour aux années 90 ! », soupire le trompettiste d’un Brass Band, l’une des 500 fanfares de cuivres, tambours et percussions qui font le Carnaval de rue de Rio et traînent des milliers de danseurs derrière elles.

Des coupes vertigineuses dans les budgets du carnaval et du cinéma

Créées sous le gouvernement du président Lula, en 2008, quand le Brésil était au mieux de sa forme, les 500 « blocos » du Carnaval de rue de Rio ne comptent plus que sur les deniers de leurs fondateurs, car les fanfares de rue ont été rayées des financements de la culture dite « populaire ». Les subventions aux écoles de samba ont été, elles aussi, divisées par deux. Le nouveau maire de Rio déteste le Carnaval ; il a profité des défilés sur le Sambôdrome pour s’envoler en Afrique du Sud, où il œuvra longtemps comme pasteur évangéliste, au nom de l’Église Universelle du Royaume de Dieu.

Ni carnaval, ni cinéma… Les deux directrices du festival international de Rio, Walkiria Barbosa et Ilde Santiago, ont perdu 40 % de leur budget, avec le retrait de la ville de Rio. « On ne nous a donné aucune explication. Pourtant, un festival de cette ampleur, le plus important d’Amérique Latine, devrait être vu d’un bon œil par les édiles pour redorer le blason de la ville. » Résultat : 50 films en 2017 contre 300 en 2007, 3 projections gratuites en banlieue au lieu de 20 et, pour le marché, les plages de Sao Conrado à 40mn, plutôt que Flamengo dans le centre.

15 années d’avancées réduites à néant

Et que dire des atteintes aux droits de l’homme dans les prisons, contre les communautés rurales et indigènes ? Que dire du gel des dépenses publiques pour les vingt prochaines années, des facilités énormes faites aux entreprises minières et des ministères supprimés – droits de l’homme, femmes, égalité raciale, sciences ? Que dire enfin du ministère de la culture devenu une « coquille vide » et de la censure qui s’abat sur les artistes ?

En un an, le Brésil a perdu 15 années d’avancées politiques, sociales et culturelles. Un tel gâchis n’a guère d’équivalent dans le monde. Sauf peut-être dans les pays en guerre… Le grand retour du crime organisé, les affrontements entre phalanges, les descentes de police et les morts entraînent une recrudescence de la violence : 100 policiers abattus depuis début 2017 dans le seul État de Rio de Janeiro et, selon des journaux, 120 à 630 innocents, dont des enfants, atteints de balles perdues !

Voir en ligne : Profession Spectacle

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