Surnommée « princesse de la langue portugaise », Clarice Lispector écrivait comme si cela devait lui permettre de sauver la vie de quelqu’un et de s’approcher de la beauté silencieuse du monde. Figure majeure de la littérature brésilienne, elle est longtemps restée méconnue en France. La publication de ses lettres devrait contribuer à son rayonnement. Voir la page de l’autrice sur aux éditions Des Femmes _ Antoinette Fouque
Commençons par la fin. Deux volumes de correspondance publiés au Brésil en 2001 et 2007, l’un et l’autre traduits en français. ont permis aux admirateurs de Clarice Lispector d’entrer en intimité avec cette romancière insaisissable, née Chaya Pinkhasovna Lispector le 10 décembre 1920 à Tchechelnik, en Ukraine, débarquée dans le Nordeste brésilien à l’âge de 2 mois avec ses parents qui fuyaient la guerre civile, et morte le 9 décembre 1977 à Rio de Janeiro. En France, où elle a été découverte dès 1954 , quinze ouvrages de fiction, parus depuis 1978 aux éditions Des femmes - Antoinette Fouque, n’étaient pas parvenus à provoquer une telle familiarité avec cette artiste dont l’œuvre évoque Franz Kafka par l’angoisse et Virginia Woolf par le raffinement — et dont la personnalité rappelle quelques-unes des plus mystérieuses étoiles de la littérature universelle, Katherine Mansfield, Catherine Pozzi, Victoria Ocampo, Simone Weil ou Sylvia Plath. Le sourire de « meia satisfação », de demi-joie — comme elle l’écrit d’un personnage — qu’elle affiche sur ses photographies garde intact son secret. Depuis Près du cœur sauvage, son premier roman, paru l’année de ses 23 ans, jusqu’à L’Heure de l’étoile, posthume, chacun de ses livres semble avoir été écrit pour dresser un mur protecteur entre elle et le monde. Certains ont jugé hermétique ce monument de sensations subtiles. L’artiste s’en défendait, en affirmant qu’elle était aussi simple que Bach...