Citoyennes de Porto Alegre

 | Par Dominique Foufelle

Que représente le FSM pour celles et ceux qui, à Porto Alegre, portent le flambeau de la lutte contre l’exclusion par les alternatives économiques ? Paroles recueillies auprès de créatrices de coopératives.

Assmusol : couture et promotion des jeunes filles

Pour Malvina Beatris Sousa, fondatrice d’Assmusol (Association des femmes solidaires du quartier Grande Cruzeiro), la plus belle réussite, c’est qu’il n’y ait plus dans son entourage « des filles enceintes à 14 ans, mères de 5 enfants à 20 ans. » Son initiative s’inscrit dans une démarche de quartier ; l’activité économique y sert de support à une activité sociale.

Le projet a démarré en 1996, indispensable « parce qu’il y avait trop de filles au chômage, victimes de violences, atteintes du HIV... ». La coopérative a été fondée en 1999, avec une activité confection (coupe et couture). Les membres, une quinzaine actuellement, travaillent à domicile ou dans l’atelier. Ou plutôt les ateliers, installés aux deux étages d’une petite maison que l’association a pu acheter, et où les femmes du quartier se sentent parfaitement en sûreté. Assmusol est en partenariat avec la ville pour dispenser une formation professionnelle à des jeunes filles, dont certaines intègrent la coopérative à l’issue de leur stage.

Malvina Beatris Sousa milite dans plusieurs associations. Elle s’active à chercher des partenariats pour commercialiser la production de la coopérative. Celle-ci connaît en effet des problèmes financiers, qui empêche la satisfaction de ses besoins en matériel et l’acquisition d’un nouveau local plus vaste. La commande des sacs destinés aux participant-es du FSM, que le réseau de l’économie solidaire de Porto Alegre a dû batailler pour obtenir de la coordination organisatrice, a été extrêmement bienvenue. Mais de telles opportunités restent rarissimes.

Convaincue que la coopérative a fait les preuves de la qualité de son travail, comme l’association de son utilité sociale, Malvina Beatris Sousa multiplie les propositions à la municipalité - et enrage de ne pas être davantage entendue.

La tenue du FSM dans sa ville a renforcé sa propre confiance, et l’influence du réseau de l’économie solidaire local. Elle en a, dit-elle, « profité pour avancer. » Elle croit profondément qu’un autre monde est possible, et que l’avenir des jeunes filles s’annonce meilleur.

"En cousant et tissant la citoyenneté"...

... ainsi pourrait se traduire le nom de cette structure créée il y a deux ans, qui vient d’acquérir il y a deux mois des machines à coudre et s’est lancée dans la production. Elle avait auparavant mené à bien six projets d’insertion, avec le soutien des pouvoirs publics. La tenue de groupes de parole permettait de définir les besoins ; l’organisation de multiples activités culturelles et sportives favorisait la convivialité ; les formations préparaient la création d’activités économiques. Car « sans création d’activités générant des revenus, rappelle Leci, une des fondatrices, pas de réussite à long terme pour un projet social. Quand les femmes ont une source de revenus, ça améliore la vie de la famille entière. » Financièrement, c’est une évidence ; mais aussi parce que les mères acquièrent plus d’autorité, et haussent la voix contre les violences.
L’association, qui compte aujourd’hui 28 personnes, a aussi travaillé, avec succès, à la mise en réseau des groupes de quartier. Pour Leci, le FSM fournit une excellente occasion d’échanger des idées - qu’il convient de mettre impérativement en pratique dans la vie quotidienne.

Griô : femmes noires en résistance

Griô a réalisé en sérigraphie les motifs imprimés sur les sacs qu’Assmusol a coupés et cousus. C’est la première production lancée par ce groupe, à laquelle vient de s’ajouter la fabrication de savonnettes très jolies aux senteurs naturelles.
Il est installé dans un centre pour la jeunesse, sis dans une ancienne prison pour mineurs, où les jeunes peuvent suivre des cours de danse ou de poterie, comme d’éducation sexuelle. Venir se retrouver aussi, passer agréablement le temps pour résister aux tentations maléfiques de la rue.

Griô a également vocation sociale, en direction des Afro-brésilien-nes. Mixte, comptant 13 personnes, le groupe est animé par quatre coordinatrices.
Dont Claudia Santana, pour laquelle l’économie solidaire, « c’est émerger avec les autres. » Choisir cette voie, estime-t-elle, impose un bouleversement des relations humaines dans le travail. « Arriver dans un endroit et exiger 100 t-shirts pour le lendemain, ce n’est pas solidaire, c’est capitaliste. Ce qui est solidaire, c’est de demander à quelqu’un s’il veut bien travailler avec vous. » Son espoir par rapport au FSM : qu’il contribue à mettre en valeur des initiatives qui manquent encore de visibilité et de soutien.


Par Dominique Foufelle - 23 janvier 2003

Source : Les Pénélopes


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