Face à la violence de la société et de l’État, que peut le cinéma ? Au fil des mois, le régime non-démocratique post-coup d’État a plongé le Brésil dans un contexte de précarisation extrême, de suppression des droits civiques et fondamentaux et de criminalisation des mouvements sociaux. Le cinéma documentaire dénonce, résiste et brûle de voir cette société brésilienne s’élever contre sa propre destruction. Court-métrages, long-métrages, professionnels ou amateurs, petits films réalisés avec un téléphone portable ou vidéos live sur Facebook, les images mènent une guerre contre le démantèlement de la démocratie. Le cinéma documentaire n’est pas en reste. C’est ce cinéma brûlant que propose la 14ème édition du festival Brésil en Mouvements.
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Cette année, le festival, qui se tiendra du 19 au 23 septembre au cinéma Les 7 Parnassiens, s’est concentré sur plusieurs thèmes urgents :
* Femmes des favelas
(Baronesa)
Ouverture - 19/09 à 20h30
Baronesa (Juliana Antunes, 2017), a été sélectionné par divers festivals internationaux (dont la Viennale) et primé dans toute l’Amérique Latine – au Chili (Fic Valdivia 2017), à Cuba (Festival international du nouveau cinéma latino‑américain de la Havana, 2017) et en Argentine (Festival International de cinéma de Mar del Plata, 2017). La séance sera présentée par Amaranta César, chercheuse, réalisatrice et créatrice du festival CachoeiraDoc.
* Impunité et dictature civile et militaire
(Pastor Cláudio)
20/09 à 20h30
Pastor Cláudio (Beth Formaggini, 2017) part à la rencontre d’un des bourreaux de la dictature. En cette période à nouveau sombre, où des députés rendent hommages à des tortionnaires, où la police assassine et où les droits humains fondamentaux sont attaqués, il est plus que jamais urgent de regarder le passé et d’en tirer des leçons.
* Barrages hydroélectriques
(Arpilleras : bordando a resistência)
21/09 à 18h
Arpilleras, Bordando a Resistência (2017) a été réalisé par le collectif de femmes du Mouvement des Personnes Atteintes par les Barrages au Brésil. Cette séance aura lieu en partenariat avec France Amérique Latine.
* Transidentités
(Bixa Travesty et Tailor)
21/09 à 20h30
Bixa Travesty (Kiko Goiffman, Claudia Priscilla, 2018), est le vainqueur du Teddy du meilleur documentaire à la Berlinale 2018. Sélectionné par divers festivals internationaux (dont le Documenta Madrid 2018, Toronto LGBT 2018 et le Festival International du film de Cartagena, 2018), il nous donne à voir Linn Da Quebrada, performeuse noire et trans de la périphérie de São Paulo, questionnant la place de la scène queer dans les favelas. Cette séance aura lieu en partenariat avec le festival Chéries-Chéris et débutera avec la projection du court-métrage d’animation Tailor (Calí dos Anjos, 2017).
* Carte-blanche au festival CachoeiraDoc
22/09 à 15h
Nous sommes très heureux de consacrer une séance inédite au festival brésilien CachoeiraDoc, qui depuis 2010 montre à Bahia un documentaire innovant, capable de penser l’esthétique et le politique. Amaranta César, la créatrice et programmatrice du festival sera présente pour introduire les films et animer le débat.
* Incendies criminels et spéculation immobilière
(Limpam com Fogo)
22/09 à 20h30
Limpam com Fogo (César Vieira, Conrado Ferrato, Rafael Crespo, 2016) revient sur les incendies criminels et pose une question fondamentale : qui a droit au logement ?
* Avenir de la gauche au Brésil
(Esquerda em Transe)
23/09 à 16h30
Esquerda em Transe (Renato Tapajós, 2017), quelques semaines avant les élections présidentielles au Brésil, permet de faire un point sur l’état et l’avenir de la gauche au Brésil.
* Ethnocide des peuples autochtones
(Ex-Pajé)
Clôture - 23/09 à 20h30
Ex-Pajé (Luiz Bolognesi, 2017), mention spéciale à la Berlinale 2018, a été programmé, entre autres, au Festival du Documentaire de Sheffield 2018 au Royaume Uni, et au 21e Festival International de Shanghai en Chine. Il retrace avec émotion et poésie la vie d’un ancien chamane, après que l’homme blanc, la médecine et la technologie l’aient peu à peu remplacé dans la communauté.
Un pays en transe
Les documentaires de cette édition nous plongent au cœur d’un pays en transe, devant un peuple et un cinéma prêts à s’insuffler, refusant d’être anéantis. Ce souffle de vie, de survie et de résistance anime les dix huit films sélectionnés. L’image cinématographique, « ce n’est pas une image juste, c’est juste une image », annonce Jean-Luc Godard dans Vent d’est (1970). Les images exigent un acte de pensée et de montage, certes, mais dans le contexte actuel, certains films cherchent une image juste – ou plutôt une « justesse » des images : des images capables de rendre et de réclamer justice, des images capables de représenter la réalité mais aussi de résister et de rêver d’un monde juste. La 14e édition de Brésil en Mouvements présente de tels films.
Avant ou après les séances, d’autres activités sont prévues :
- L’exposition
Brésil en Mouvements a le plaisir d’accueillir le dessinateur et auteur Marcelo D’Salete, lauréat d’un Prix Eisner 2018. Ce dernier exposera quinze planches originales de sa B.D. Angola Janga entre les murs du cinéma Les 7 Parnassiens. En partenariat avec les maisons d’édition Çà et là et l’Échappée, ainsi que la librairie Quilombo, l’auteur sera présent pour une rencontre avec le public le samedi 22 septembre. Nous présenterons également le livre Quilombo, de Flávio dos Santos Gomes, traduit du Portugais par Georges Da Costa, administrateur d’Autres Brésils.
- Le stand de littérature
Cette année, la littérature sera reine au festival avec la participation des maisons d’édition Çà et Là, L’Échappée et Anacaona ainsi que la librairie Quilombo. Ils vous présenteront leurs ouvrages en accord avec les thématiques du festival. Des romans engagés pour des histoires modernes.
- Les débats
Après chaque séance, des débats sont prévus avec des spécialistes sur des questions politiques, sociales et environnementales tant brésiliennes que françaises. Quatre réalisateur.ice.s spécialement venu.e.s du Brésil seront présent.e.s pour échanger avec vous.
- L’apéro musical
Par sa voix touchante, Ana Guanabara nous transporte au coeur de la musique populaire brésilienne, accompagnée par le guitariste Nelson Ferreira : sambas, bossas novas, mais aussi du baião ou du xote, des rythmes festifs du nord-est du Brésil, aux couleurs et à la sensualité particulières. Caymmi, Chico Buarque, Julio Dain, Luiz Gonzaga, Djavan, entre autres, composent son répertoire à la fois élégant, poétique et percutant. Rendez-vous samedi 22 septembre à 19h.
- La buvette
Pour les petites faims et soifs, tout au long du festival un bar sera à disposition. Nous aurons le plaisir de vous proposer de la nourriture traditionnelle brésilienne, notamment des pães de queijo et des brigadeiros. La caïpirinha sera également au rendez-vous.