Le Brésil va élire son prochain président de la République les 7 et 28 octobre prochain (premier et deuxième tour). Lula , qui a été président de 2002 à 2010, aurait été le candidat le plus populaire. Mais il est en prison, condamné en janvier à une peine de 12 ans de détention, et a été interdit de se présenter. Son dauphin, l’ancien maire de São Paulo Fernando Haddad, peine pour l’instant à dépasser les 10 % dans les sondages.
C’est le candidat de l’extrême droite, Jair Bolsonaro, qui mène la course en tête dans les enquêtes d’opinion, à plus de 20 % des voix au premier tour. L’homme, député au congrès, est ouvertement xénophobe, homophobe, prône l’usage de la violence, et exprime régulièrement sa nostalgie de la dictature militaire. Il est comparé à Donald Trump, il ressemble aussi à bien des égards à Rodrigo Dutarte, le président philippin élu en 2016.
Bolsonaro rejeté par 49% des femmes et 55% des jeunes
Comme le chef d’État philippin — et comme Trump —, Bolsonaro s’est fait remarquer à maintes reprises pour ses déclarations extrêmement misogynes. Il a par exemple remis en question la loi brésilienne, de 2015, qui définit le crime de féminicide : quand une femme est tuée pour le fait d’être femme. Cette loi a été adoptée sous la présidence de Dilma Roussef pour mieux lutter contre les violences de genre. Bolsonaro a même été condamné – à une simple amende – pour avoir déclaré à l’une de ses collègues députée, en 2014, lors d’un débat au Parlement brésilien, qu’« elle ne méritait pas d’être violée ». C’est cet homme qui est aujourd’hui le mieux placé pour devenir président du plus grand pays d’Amérique latine.
Il est logique que les femmes du Brésil ne soient pas particulièrement enclines à voter pour lui. Selon un sondage d’opinion du 10 septembre, Bolsonaro est rejeté par 49 % des femmes du pays. Les électeurs les plus jeunes sont aussi 55 % à rejeter fermement le candidat d’extrême droite, tout comme ceux de la région pauvre du Nordeste, qui avaient particulièrement contribué à l’élection de Lula puis de Dilma Roussef, du Parti des travailleurs, pour quatre mandats successifs.