Des artistes et agents de la culture brésilienne se sont réunis en janvier 2019 pour s’opposer à l’extinction du ministère de la Culture, prévue par la Mesure Provisoire 870 / Crédit : Mídia Ninja
De retour à Cannes avec son film Bacurau, en sélection officielle, Kleber Mendonça Filho n’a qu’un regret : « Avoir vu juste ». Il y a trois ans, le réalisateur brésilien avait enflammé la Croisette avec son long-métrage Aquarius – le combat d’une femme du Nordeste contre des promoteurs immobiliers avides – mais aussi avec son happening politique.
L’artiste engagé avait, avec son équipe, profité de la montée des marches pour dénoncer, à grand renfort de pancartes, le « coup d’Etat » en cours dans son pays. A l’époque, la présidente Dilma Rousseff, dauphine de Lula, était en passe d’être destituée par le Congrès pour un motif alambiqué et polémique lié à des manipulations budgétaires.
« Nous sommes très fiers d’avoir protesté, mais tristes aussi de voir que nous avions tellement raison », explique le réalisateur aujourd’hui. Depuis cette incursion politique à Cannes, le Brésil a vécu le mandat tourmenté du président Michel Temer, mis en examen une dizaine de fois pour corruption, puis l’investiture du leader de l’extrême droite, Jair Bolsonaro, le 1er janvier. L’ancien capitaine de l’armée, connu pour sa vulgarité, a, dès sa prise de fonctions, affiché son mépris pour la culture.
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