Assassinat de « Mère Bernadete », leader quilombola menacée depuis des années

« La mort de Mère Bernadete et les différents visages du racisme religieux » (Carta Capital) est l’un des nombreux titres la presse brésilienne annonçant le terrible meurtre de l’une des plus importantes représentantes quilombolas [1] du Brésil.

« Un crime commandité » déclare Jurandir, fils de mère Bernadete (Maria Bernadete Pacífico, de son nom d’état civil), dont le frère a été assassiné en 2017 par arme à feu, tout comme sa mère le 17 août dernier, alors qu’elle se trouvait chez elle entourée de ses trois petits-enfants. Selon Jurandir, sa mère était menacée de mort depuis 2016 et son assassinat serait le résultat de l’impunité du crime commis contre son frère. « C’est un crime commandité, une exécution, il ne faut pas chercher ailleurs, comme pour mon frère… Je voudrais savoir ce que nous faisons contre ces gens. Je ne savais pas que faire le bien contrariait autant les élites. J’ai perdu mon frère, ma mère, il ne reste que moi, je suis le prochain sur la liste » confie t-il à la presse. Interrogé sur ceux.celles qui pourraient être les commanditaires de cet assassinat, Jurandir a répondu : « la spéculation immobilière, la déforestation par le feu, la politique, les grande entreprises de construction, tout cela ».

Mère Bernadette, 72 ans, était une des figures du quilombo Pitanga dos Palmares (Etat de Bahia – Brésil), qui compte environ 290 familles. Elle était aussi ex-secrétaire des politiques de promotion de l’égalité raciale de la municipalité de Simões Filho. Elle a passé sa vie à défendre les droits des quilombos et de leurs habitants lesquels, selon elle, sont persécutés. Elle était aussi « Ialorixá », responsable respectable d’un lieu de culte afro-brésilien ayant une fonction sacerdotale. Ce qui fait écrire au journaliste Sidnei Nogueira dans le journal Carta Capital : « Une Ialorixá est une reine – et le racisme ne supporte pas l’existence d’une reine Noire ».

Depuis 2017, Mère Bernadete luttait aussi pour que justice soit rendue à son fils assassiné, crime impuni à ce jour.

Sa lutte contre l’extraction illégale de bois dans sa communauté quilombola lui valait de nombreuses menaces. Elle défendait la Nature, les arbres sacrés, les lieux ancestraux et la subsistance des populations quilombolas.

L’écrivain de renom Itamar Vieira Junior, qui a grandi dans un quilombo, dit de la respectée Mère Bernadete : « Elle aurait pu pendre sa retraite du militantisme, après tant d’années de service pour la cause. Mais elle a préféré être en première ligne, revendiquant la reconnaissance officielle du territoire du quilombo et la mise en place de politiques publiques pour sa communauté. Elle n’avait peur de rien pour obtenir une réponse à l’assassinat barbare de son fils, lui aussi leader communautaire, allant infatigablement de Ministères en commissariats et organismes de droits humains. Son action était un exemple qu’il faut suivre pour avoir le courage de bouger et de changer le monde… Le Brésil ne protège ni ne soutient ceux.celles qui luttent pour la dignité humaine et la justice. Seulement durant l’année 2017, dans l’État de Bahia, 8 quilombolas ont été assassinés... ».

« J’ai appris avec une immense peine et une grande préoccupation l’assassinat par arme à feu de Mère Bernadete » a déclaré le Président de la République brésilienne, Luiz Inácio Lula da Silva. « Le gouvernement fédéral, au travers des ministères de l’Egalité raciale et des Droits humains et de la citoyenneté, a nommé des enquêteurs et nous attendons une enquête rigoureuse sur ce crime. »

Lire ailleurs en portugais :
“Crime de mando”, diz filho de Mãe Bernadete, quilombola executada. Agencia Brasil _ EBC

A morte de Mãe Bernadete e as várias faces do racismo religioso Carta Capital

Image : Création iconographique à partir d’une photo de Wallison Braga/conaq

[1les quilombolas sont des populations issues de quilombos, communautés constituées par des esclaves fugitifs à l’époque de l’esclavage. Un grand nombre de quilombos demandent depuis des décennies leur reconnaissance officielle à l’État brésilien.

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