Le ministre des relations extérieures veut effacer l’histoire du Brésil

 | Par Eliane Brum

Comment l’idéologue du gouvernement Bolsonaro utilise José de Alencar pour prêcher l’assimilation des indigènes et justifier l’ouverture de leurs terres à l’agrobusiness. Cette traduction a été autorisée par son autrice et El Pais.

Texte originellement publié sur El País Brasil, également disponible en espagnol.
Traduction : Roger GUILLOUX et Du ALDON pour Autres Brésils
Relecture : Philippe ALDON

Investiture d’Ernesto Araújo, ministre des relations extérieures, le 02 janvier 2019. Fabio Rodrigues Pozzebom. Crédits : Agência Brasil.

″Lisons moins le New York Times et davantage José de Alencar et Gonçalves Dias [1]″ a indiqué le ministre des Relations extérieures de Bolsonaro lors de son discours d’investiture [2]. Pourquoi ?

Ecouter avec attention ce que dit le ministre Ernesto Araújo est devenu une tâche pénible mais fondamentale pour comprendre comment l’idéologie du gouvernement Bolsonaro est mise en place. Ce diplomate a été recommandé par Olavo de Carvalho [3] de chez lui, aux Etats-Unis. Celui-ci est considéré comme le ″gourou de la nouvelle droite″ brésilienne. Il est évident qu’Araújo a l’ambition de donner une base intellectuelle à ce que le ″bolsonarisme″ appelle ″la nouvelle ère″. Y a-t-il des membres du gouvernement, parmi les mieux préparés, qui partagent sa position ? Il existe de robustes raisons pour penser que non. Araújo, cependant, continue, ferme dans sa démarche, publiant des articles là où il le peut.

Son discours d’investiture [4] comme nouveau ministre des Relations extérieures est une falsification de l’histoire dont la finalité est de justifier le présent et le futur proche. Pour donner l’impression que son discours tenait debout, le ministre a fait appel à ses connaissances du grec, du latin et même du tupi, il a abusé de l’artifice du name-dropping (charmante expression de la langue anglaise pour parler de ceux qui accumulent les citations pour impressionner leur interlocuteur), allant des classiques à la culture pop. Tous déjà bien morts afin d’éviter qu’ils puissent contester les citations. Aucune de celles-ci n’est le résultat du hasard. Cela vaut la peine de s’arrêter sur chacune d’elles car, comme je l’ai déjà écrit dans ce média, les fous qui sont sur la scène mènent la danse [5].

Ernesto Araújo est encore un personnage obscur pour les Brésiliens, bien qu’il soit diplomate de carrière à l’Itamaraty [6]. Dans son discours, il a disposé de personnalités, d’événements historiques ainsi que d’artistes contemporains, comme s’il s’agissait de poupées en plastique placées en désordre sur une étagère, utilisables en fonction du goût et de l’intention du client. Retirées de leur contexte et vidées de leur contenu, ces citations ont été manipulées par le ministre pour lui permettre de produire sa falsification. Là, chaque phrase vise un objectif bien précis.

Je ne vais m’arrêter que sur l’une d’entre elles qui a particulièrement attiré l’attention et qui a été reproduite de nombreuses fois dans les médias et sur les réseaux sociaux, la phrase avec laquelle j’ai introduit cet article : ″Lisons moins le New York Times et davantage José de Alencar et Gonçalves Dias″ Pourquoi ?

Il n’est pas nécessaire d’avoir une intelligence supérieure à la moyenne pour se rendre compte que cela n’a aucun sens d’opposer l’un des plus importants quotidiens du monde à deux écrivains du romantisme brésilien du XIXème siècle. L’objectif est d’exacerber un nationalisme qui s’agenouille devant Donald Trump mais méprise l’indépendance du New York Times, qui idolâtre WhatsApp et Facebook de Mark Zuckerberg mais bafoue la presse brésilienne.

Le ministre souhaite voir moins d’accusations bien étayées et vérifiées contre Bolsonaro et contre les abus de son gouvernement, diffusés par le Times et les principaux journaux du monde où les médias sont libres. Moins de médias, converties publiquement en ″ennemis publics″ par Bolsonaro et ses perroquets car ceux-ci souhaitent parler directement à leurs disciples sans être dérangés. Dans le cas contraire, ils auraient à répondre à des questions difficiles et, par exemple, à expliquer les versements de Queiroz [7] sur le compte de la première dame.

Pour ne pas avoir à rendre compte de l’action de son gouvernement à la population, il est nécessaire de détruire la crédibilité de la presse. Si, si ! car un ″twit″ ou un ″live″ sur Facebook n’est pas la même chose que rendre compte de ses activités, cela se réduit à dire ce que l’on a envie de dire, comme le fait la majorité, sans courir le risque d’être confronté aux faits et aux preuves. Ce que les bolsonaristes veulent faire passer pour de la démocratie, ce n’est que de l’autoritarisme lequel a déjà été utilisé auparavant par les gouvernements totalitaires mais sans l’énorme atout des réseaux sociaux de Internet.

Les médias ne font sens que s’ils peuvent vérifier les actions du gouvernement, de tout gouvernement. La phrase du sénateur Daniel Patrick Moynihan (1927- 2003) est déjà devenue un cliché mais elle est précise : ″Vous avez le droit à vos propres opinions mais pas à vos propres faits″. La lutte des ″bolsonaristes″ a pour objectif d’inventer ses propres faits de manière à ce que la réalité ni ne compte ni ne perturbe son projet de pouvoir.

Mais pourquoi faire appel à Alencar (1829-1877) et Gonçalves Dias (1823-1864), deux écrivains brésiliens du XIXème siècle qui ont écrit à l’époque du Brésil impérial, durant le règne de Dom Pedro II ?

Comme tous les autres, ce choix est spécieux. Et il se réfère à une supposée identité nationale. Alencar et Dias sont d’illustres représentants du romantisme de la littérature brésilienne, l’un en prose et l’autre en vers. Ils ont vécu et écrit leur œuvre à un moment très particulier de l’histoire du Brésil. Le pays venait d’obtenir son indépendance du Portugal, ce qui signifiait qu’il avait cessé d’être une colonie.

Du point de vue des hommes de cette époque (et il s’agissait majoritairement d’hommes car les femmes, à quelques rarissimes exceptions, n’avaient pas accès au débat public), il était nécessaire de créer une identité nationale. Pour cela il fallait marquer cette identité dans le champ de la culture. Le Brésil se devait d’avoir à la fois une littérature qui le situât au même niveau que l’Europe qui vivait une phase de romantisme et d’être lui-même un nouveau pays qui émergeait après des siècles de domination portugaise. Gonçalves Dias et José de Alencar se chargèrent de cette tâche. Ils n’étaient pas les seuls mais ils sont devenus les références du romantisme qui inaugurait ce qu’on a appelé la littérature brésilienne.

Le ministre des Relations extérieures de Bolsonaro exalte un moment de l’histoire du Brésil où les élites s’emploient à créer une identité nationale après avoir été colonie du Portugal. Araújo semble croire – ou veut nous faire croire – que le gouvernement Bolsonaro promeut ″la renaissance politique et spirituelle″ du Brésil, comme il l’a écrit dans un article. Ou, comme il l’a affirmé lors de son discours d’investiture : ″Reconquérir le Brésil et rendre le Brésil aux Brésiliens″. Araújo veut nous faire croire que tout ce qui s’est produit entre l’indépendance du Brésil, celle de 1822, et la nouvelle indépendance, celle de 2019 qu’il croit être dirigée par son chef, n’a pas existé.

L’idéologue du gouvernement semble suggérer que ce hiatus de deux siècles fut un temps où le Brésil s’est vidé de sa propre substance. ″Le Président Bolsonaro a dit que nous sommes en train de vivre le moment d’une nouvelle Indépendance. C’est cela que nous, les Brésiliens, ressentons au plus profond de notre être″ affirme Araújo qui croit en plus que ses cordes vocales libèrent la voix du peuple. Bolsonaro serait alors la version contemporaine de Dom Pedro Ier sabre au clair, prêt à libérer le Brésil. Cette fois-ci, pas sur les bords de la rivière Ipiranga [8] mais dans le miroir d’eau du Planalto [9].

Le ministre relie cet épisode à deux moments de sa vie, comme il le dit lui-même lors de son discours d’investiture : ″Je me souviens de l’émotion que j’ai ressentie pour la première fois alors que, troisième secrétaire (de l’Itamaraty), j’ai monté les marches qui conduisent à ce troisième étage et que j’ai vu, tout de suite, alors que je montais les escaliers, le tableau du Couronnement de Dom Pedro Ier et le tableau du Cri d’Ipiranga. Immédiatement, j’avais alors 22 ans, je me suis rappelé que quand j’avais 5 ans, j’avais assisté, émerveillé, au cinéma, au film ’Independência ou morte’ avec la participation de Tarcísio Meira et Glória Menezes. Je me suis dit : alors tout cela existe, n’est-ce pas ? Tout cela existe … et tout cela est ici !"

Eh oui ! A un autre moment, avec la subtilité consistant à offrir quelques paragraphes de son discours pour détendre le public, l’admirateur de Dom Pedro Ier et de Tarcísio Meira, utilise un twit pour comparer Bolsonaro à la reine Elisabeth II d’Angleterre : ″Je vais vous donner un exemple que nous allons écouter. C’est le commentaire d’une personne qui accompagne mon compte Twiter et qui dit la chose suivante … je l’ai lu hier : ’Auparavant je ne comprenais pas cet amour du peuple anglais pour la reine. Maintenant, si. Quand nous avons quelqu’un qui aime son pays et son peuple et les défend, il gagne amour et respect en retour. Nous n’avons pas connu ceci avant Bolsonaro’″.

A aucun moment, les Indigènes ne sont cités nominalement dans le discours d’investiture de l’idéologue du gouvernement d’extrême droite, ce qui, en soi, dit beaucoup de chose. Mais l’une des langues autochtones, le tupi s’est fait présent. Mais de quelle manière ? Dans l’Ave Maria en tupi du père José Anchieta, jésuite canonisé de l’Eglise catholique. La langue de l’indigène utilisée pour les catéchiser dans une religion étrangère à leurs croyances. Ce choix n’est pas un détail. Sans l’expérience de la culture qui donne sa substance à la langue et un contenu aux mots, la langue n’est rien. Elle n’est qu’une coquille, comme la coquille qu’était l’indigène du romantisme du XIXème siècle.

L’écrivain José de Alencar est le principal représentant de la prose ″indianiste″ dans la littérature brésilienne. Dans trois romans - O Guarani (1857), Iracema (1865) e Ubirajara (1874) – il cherche à construire une identité nationale fidèle aux principes du romantisme. Comme le romantisme européen, il est marqué par l’idée héroïque du chevalier médiéval. Alencar transforme l’indigène en un chevalier médiéval dans le décor des paysages tropicaux exubérants du Brésil.
L’indigène, premier habitant de cette terre avant la domination européenne, serait le véritable héros brésilien de la nation qui déclare son indépendance de la métropole. Mais cependant, avec toutes les qualités de la chevalerie du Moyen-Age, transplantées dans son corps et dans son âme. Le courage, la loyauté, la générosité, à partir d’un point de vue visant à maintenir le système féodal et l’amour courtois. Pour les écrivains de l’époque de José de Alencar et de Gonçalves Dias, qui vivaient la période postindépendance du Brésil, écrire était un acte de patriotisme. Ils devaient dire, avec leur œuvre ce qu’est ″le Brésilien″. C’est également cette référence que l’idéologue du gouvernement veut restaurer et exalter.

Les Noirs, corps réduits à l’esclavage, qui faisaient fonctionner l’économie du Brésil et servaient ses élites, n’était pas présents comme formateurs d’une identité nationale dans ces romans de fondation. Si les écrivains étaient à la recherche d’une identité nationale, elle était construite à l’intérieur de la matrice européenne. Comment serait-il possible d’écrire en langue portugaise, la langue du colonisateur, sans être colonisé ? C’était la question cruciale à laquelle Alencar et d’autres écrivains également, ont tenté d’apporter une réponse au XIXème siècle. Mais il s’agit là d’un thème important qui mérite un autre débat.

Dans un article publié sur le site informatif Nexo, Vinícius Rodrigues Viera, professeur visitant à l’Institut des relations internationales de l’Université de São Paulo (USP), affirme que : ″Araújo - ainsi que les secteurs les plus conservateurs du gouvernement – ambitionnent un retour à une identité nationale ″pré-freyrienne″, c’est-à-dire antérieure aux idées associées à Gilberto Freyre [10]. Pour résumer : l’idéal de syncrétisme incarné dans la malencontreuse expression de ’démocratie raciale’. Ce n’est pas un hasard si le ministre a cité dans son discours le romancier José de Alencar dont les œuvres recherchaient clairement, dans l’harmonisation de l’indigène et du colonisateur, les racines de notre nationalité, sans prendre en considération l’héritage africain″.

″Croyez-moi, Álvaro, c’est un chevalier portugais dans le corps d’un sauvage !" Cette phrase est de D. Antônio de Mariz, gentilhomme portugais et l’un des fondateurs de Rio de Janeiro, dans l’œuvre de José de Alencar. Dans O Guarani, premier roman indianiste de l’écrivain dont la publication sous forme de feuilleton a rencontré un grand succès, le personnage est décrit de la manière suivante : ″Homme valeureux, bon guerrier, actif, habitué à combattre les indiens, il a apporté une aide précieuse à la connaissance et l’exploration de l’intérieur des états de Minas et de l’Espírito Santo. En récompense de ses mérites, le gouverneur Mem de Sá lui avait octroyé un terrain d’une lieue orienté vers le Sertão [11]. Après l’avoir exploité un temps, il le laissa en friches″.

Le ″chevalier portugais dans le corps d’un sauvage″, c’est Peri, l’indigène du peuple Goytacá lequel, depuis qu’il sauva de la mort Cecília, la fille du gentilhomme, un ″ange aux cheveux blonds et aux yeux bleus″, a été adopté par le clan des Mariz. Peri va maintenant vivre dans une cabane près de la maison de la famille, une sorte de château où l’écrivain reproduit les relations d’allégeance du féodalisme que le Brésil, à la différence d’une partie de l’Europe, n’a jamais connu.

Peri satisfait à toutes les volontés de la jeune fille, à qui il sert de chien de compagnie. Un autre personnage, Isabel, dit la chose suivante : ″Tu demanderas à mon oncle un autre chien pour chasser, que tu feras domestiquer et qui deviendra plus docile que ton Peri″.

Peri est docile, domestiqué. Mais vaillant. Quand Dom Diego, fils du gentilhomme, tue accidentellement une Aymoré, ce peuple autochtone tente de se venger en essayant de tuer Ceci, mais il en est empêché par Peri. La tension croît entre la famille portugaise et le peuple autochtone. Peri met en place une stratégie consistant à s’empoisonner pour combattre les Aymorés. Comme cette ethnie maintient le rite du cannibalisme, dévorant les braves vaincus, il sera mangé après sa mort et de cette manière, il exterminera également l’ennemi.

A la demande de Ceci, Peri suspend son héroïque sacrifice. A la fin du roman, Dom Antônio donne sa fille en mariage à Peri pour qu’elle soit sauvée. Mais il ne le fait que si Peri se convertit au christianisme : ″L’indien est tombé à genoux aux pieds du vieux gentilhomme qui lui a imposé les mains sur la tête. ’Sois chrétien ! Je te donne mon nom’. Peri a embrassé la croix de l’épée que le gentilhomme lui a présentée et s’est relevé, fier et altier, prêt à affronter tous les dangers pour sauver sa dame″.

Peri et Ceci s’enfuient alors dans un canoë et sont surpris par l’orage. Puis, ils disparaissent tous deux à l’horizon. José de Alencar termine son œuvre avec l’idée que le couple formera l’identité du Brésil nouveau. "Horizon", le dernier mot du roman, est à la fois l’avenir et le pays qui se découvre.

C’est celui-là, l’Indigène qui apparaît dans le discours du ministre, quand il cite José de Alencar. Une identité nationale forgée par un "chevalier portugais dans le corps d’un sauvage", qui lutte contre un peuple autochtone différent du sien, pour sauver sa bien-aimée dame blanche, fille du colonisateur, et qui se convertit au christianisme, pour fonder avec elle le futur sous les tropiques.

A créer ce héros romantique au 19ème siècle, supposément indigène, Alencar a été critiqué pour mépriser la réalité. Mais l’écrivain doit être compris dans son contexte. Que Araújo le fasse au 21e siècle, en utilisant José de Alencar et en méprisant tous les débats culturels de cette époque et des autres, pourrait être une simple attaque à l’intelligence. Mais le ministre du « bolsonarisme » doit aussi être compris dans le contexte du gouvernement qu’il essaie de justifier, non seulement comme gouvernement mais aussi comme "ère nouvelle".

Le « bolsonarisme » est un projet de pouvoir comprenant différentes forces internes probablement antagonistes sur certaines questions, comme cela devrait se voir dans un avenir proche. Comme tout projet de pouvoir, il est disputé. À un moment donné, peut-être que Bolsonaro lui-même, qui donne son nom à l’idéologie en construction, ne sera qu’un accessoire - ou même pas cela.

Il y a cependant une question sur laquelle les différents groupes qui composent le capitalisme messianique qui gouverne le pays semblent s’accorder, réserve éventuelle faite de la part d’une partie de l’armée, dont la position n’est pas encore totalement claire. Ce thème est l’avenir des peuples autochtones. Ou, plus précisément, l’avenir des terres autochtones.

Le choix de cet autochtone aux attributs moraux européens, représenté par l’allusion à José de Alencar, n’est pas un hasard. Cet homme indigène, qui dans l’œuvre de l’écrivain n’a gardé que les caractéristiques de son corps et de sa couleur, sera blanchi par la matrice européenne de la blonde Ceci aux yeux bleus pour fonder le Brésil postindépendance. C’est de l’amour courtois, mais c’est aussi une assimilation brutale. En ce qui concerne Peri, que nous ne connaissons pas parce qu’Alencar ne le connaissait pas non plus, nous ne savons rien.

Cela vaut la peine de se rappeler la déclaration de l’actuel vice-président, Hamilton Mourão. Pour justifier le propos tenu durant la campagne électorale selon lequel le pays avait hérité de "l’indolence" des Indigènes et de la "fourberie" des Noirs, le Général a sorti son métissage de la poche pour le mettre au service de l’effacement du racisme structurel du Brésil : "A aucun moment je n’ai voulu stigmatiser un groupe, surtout parce que nous sommes un amalgame de races. Il suffit de me regarder. Je suis fils d’Amazonien, ma grand-mère est une Cabocla [12]."
Ce que le « bolsonarisme » annonce comprendre par "métissage", c’est l’assimilation. C’est ce que Bolsonaro a affirmé de diverses manières durant la campagne électorale, avec son habituelle brutalité : "L’indien est un être humain comme nous". Je me demande qui pouvait bien penser que l’indien n’était pas humain ?

Il est important de continuer à questionner. Que signifie, dans ce contexte, "être humain comme nous ", Bolso ? Le populiste explique que l’indien " veut avoir le droit d’entreprendre et d’évoluer ", l’indien veut pouvoir vendre et louer ses terres." Mais il avertit : "Les indiens ne veulent pas être propriétaires terriens." Selon le nouveau président, l’indien ne veut pas être un humain, propriétaire terrien.

Avant le « bolsonarisme », la tactique de la droite était de dire que les indiens n’étaient plus indiens. C’était douter de "l’authenticité". Comme si l’utilisation d’un téléphone portable rendait un Indigène moins Indigène. S’ils n’étaient plus considérés comme autochtones, les différents peuples perdraient leur droit à la terre. Cette tactique persiste toujours. Mais la nouvelle droite, représentée par Bolsonaro, est plus maline. Elle ne nie pas l’Indigène, mais affirme une égalité supposée entre l’Indigène et le Blanc. Non pas pour que les peuples autochtones conservent leurs droits constitutionnels, mais pour qu’ils les perdent.

Plus tard, peu de temps après son élection, Bolsonaro dira encore : "Et pourquoi, au Brésil, devons-nous les maintenir reclus dans des réserves comme s’ils étaient des animaux dans un zoo ? L’indien est un être humain tout comme nous et veut ce que nous voulons ; et la situation de l’indien ne peut pas servir à délimiter ces énormes étendues de terres qui, selon moi, pourront, c’est sûr, devenir, en accord avec les Nations Unies elles-mêmes, de nouveaux pays à l’avenir." Juste pour information, l’ONU n’a jamais dit que les terres autochtones seront des pays du futur.

Qu’est-ce que le discours de "l’être humain comme nous" cache ? Selon la Constitution de 1988, les terres des peuples autochtones sont du domaine de l’Union. Les peuples autochtones sont responsables de l’utilisation exclusive de leurs terres ancestrales, mais elles demeurent du domaine public. L’une des principales missions de Bolsonaro est précisément d’ouvrir ces terres publiques à l’exploitation et aux profits privés.

Une partie importante des terres autochtones se trouve dans la forêt amazonienne. Elles sont limitrophes des grandes plantations de soja et d’élevage de bovins. Elles ont été contraintes - et envahies - pour l’accomplissement du cycle : déforestation de la forêt pour le commerce illégal du bois, mise en pâturage de bovins pour l’accaparement des terres, vente des terres pour la plantation du soja. A un moment donné dans le processus, la légalisation du « grilo » [13] par le gouvernement en place, avec amnistie des voleurs des terres publiques - ou de ceux qui achètent ces terres publiques volées.

En faisant de l’autochtone un être humain qui veut transformer la terre en marchandise, le discours idéologique vise à permettre l’avancée de la culture du soja et de l’élevage bovin dans la forêt aujourd’hui protégée. A qui cela profite-t-il ? Ni à toi ni à moi. Mais bien aux grands éleveurs de bétail et aux grands groupes producteurs de soja pour l’exportation.

Le changement dans la Constitution que souhaitent les "bolsonaristes" - y compris l’agronégoce le plus rétrograde du pays - va également autoriser l’exploitation minière. Non par des coopératives d’orpailleurs, toujours criminalisées, mais par de grands groupes transnationaux, présentés comme entrepreneurs. A qui cela va-t-il profiter ? Ni à toi ni à moi.
Six Brésiliens sur dix sont en désaccord avec la réduction des terres autochtones.

Il est facile de comprendre que la meilleure chose pour l’ensemble des Brésiliens est de maintenir les terres occupées par les peuples autochtones comme terres publiques - et la forêt debout. Comme l’a montré une enquête récente de DataFolha, la majorité l’a déjà compris : six Brésiliens sur dix sont en désaccord avec la réduction des terres autochtones.

Infographie de l’enquête Datafolha, sur Folha de São Paulo. En bleu "d’accord" ; en rouge "pas d’accord ;

L’objectif du "bolsonarisme", en ce qui concerne les terres quilombolas, est le même : les ouvrir à l’exploitation par des groupes privés. C’était l’idée derrière les offenses du candidat qui, pendant la campagne électorale, est allé jusqu’à dire que les Quilombolas ne servaient "même pas à la procréation". Descendants d’esclaves rebelles, les Quilombolas possèdent le titre de propriété des terres occupées par leurs ancêtres, terres dont l’usage est collectif.

Quand, dans le discours du ministre Ernesto Araújo, l’autochtone n’a pas de nom, c’est ça l’objectif recherché. En apparaissant, au nom de José de Alencar, assimilé, l’Indigène n’est déjà plus. Il est devenu un "être humain, tout comme nous". Et ses terres ancestrales sont des marchandises comme les « nôtres ». Le ministre de Bolsonaro sait très bien ce qu’il fait lorsqu’il tente de forger une identité nationale pour un Brésil dont il prétend qu’il renaît des mains de son chef. Il ne cite pas les peuples autochtones mais il affirme avec insistance, dans son discours, qu’il travaillera pour l’agronégoce.

La forêt amazonienne est stratégique pour empêcher que le réchauffement climatique ne dépasse les 1,5 degré Celsius dans prochaines les années. Ce n’est pas une opinion, c’est le fruit de la recherche scientifique de certains des meilleurs scientifiques au monde, qui se consacrent, depuis des décennies, à la crise climatique. Pour que le réchauffement global ne progresse pas, la forêt doit rester debout. Comment maintenir la forêt debout si le « bolsonarisme » s’est engagé à ouvrir les terres autochtones à l’exploitation ?

Il est nécessaire de créer une idéologie, comme le fait le « bolsonarisme ». L’Indigène y aurait soi-disant la plus grande aspiration de sa vie à devenir blanc "comme nous" et à commencer à considérer la terre comme une marchandise, impatient de la louer aux grands groupes exportateurs de soja et de viande ou aux grandes compagnies minières transnationales. Il faut également affirmer que le changement climatique est un complot marxiste, comme l’a déjà écrit le ministre de Bolsonaro, afin de ne pas rencontrer de résistance à livrer l’Amazonie au nom du nationalisme.

Le ministre des relations extérieures a créé à l’Itamaraty un département spécifique pour l’agronégoce et a supprimé celui qui s’occupait du climat et des énergies renouvelables. Le message est clair. L’actuel président du Brésil a fait encore plus. Il a transféré la Fondation nationale de l’Indien (FUNAI) au ministère de la Femme, de la Famille et des Droits de l’homme, dirigé par Damares Alves, fondatrice d’une ONG accusée de susciter la haine envers les peuples autochtones. Les évangéliques, groupe que la ministre représente, ont tout intérêt à étendre la présence de leur religion parmi les peuples autochtones. Ils sont aussi intéressés par le fait que « l’indien soit un être humain comme nous », ce qui, en l’espèce, signifie être évangélique néo-pentecôtiste.

Bolsonaro, comme un garçon obéissant à l’agronégoce le plus truculent, celui qui se confond avec « l’agrobanditisme », est allé plus loin : il a confié la responsabilité de la démarcation des terres autochtones et quilombolas au ministère de l’Agriculture, commandé par Tereza Cristina, connue comme "muse du poison" pour services rendus, en tant que députée, aux industries agro-toxiques transnationales. Comme l’a dit un journaliste étranger : c’est la même chose que de confier le contrôle de la banque du sang aux vampires.

Le problème pour le « bolsonarisme » s’appelle "réalité", puisque la planète ne cessera pas de se réchauffer par la grâce des mensonges de Bolsonaro et de son ministre. Mais, jusqu’à ce que cela devienne clair pour ses disciples, la destruction sera déjà consommée et les groupes qui composent le « bolsonarisme » auront déjà multiplié leurs profits. Si les profits seront pour quelques-uns, la perte sera pour tout le monde [14]. La plus grande souffrance sera pour les plus pauvres et les plus fragiles, pour lesquels elle arrivera en premier. Elle est déjà là. Il suffit de lire la presse sérieuse pour le savoir. Ou se rappeler qui a le plus souffert de la dernière crise de l’eau à São Paulo [15].

L’idéologue du gouvernement dit qu’il faut moins lire le New York Times et plus José de Alencar, et ce, parce que la presse internationale a pointé avec force le danger que Bolsonaro représente pour la planète. L’importance du Brésil dans le scénario international tient principalement à la forêt amazonienne. Et ceci, non pour l’exploitation de produits primaires comme le soja, la viande et les minéraux, mais en tant que forêt.

La conversion des forêts en matières premières destinées à l’exportation peut être bénéfique pour l’économie à court terme. Cela intéresse les ultralibéraux du gouvernement actuel, tout comme cela a intéressé les gouvernements du PT, qui ont été désastreux pour l’Amazonie. Mais c’est clairement la pire affaire de l’histoire pour tout le monde. Y compris pour l’agriculture, comme le sait le secteur éclairé de l’agronégoce qui est, malheureusement, minoritaire au Brésil.

Ni Bolsonaro ni son ministre des Finances ne savent qui sont les peuples autochtones, comment ils vivent et ce qu’ils font. Ils ne pensent même pas avoir besoin de le savoir. Si le mensonge qu’ils ont créé sert leurs intérêts immédiats, à quoi servirait la réalité ?

Pour les non-autochtones qui veulent connaître les peuples autochtones, la première chose à comprendre est qu’il n’y a pas un autochtone mais plus de 240 peuples, chacun avec sa culture propre. Il convient de rappeler qu’on estime à un millier le nombre de peuples avant l’invasion européenne, au XVIe siècle. Aujourd’hui, les peuples qui ont survécu aux successives tueries et aux épidémies transmises par les Blancs sont, d’une part, en eux-mêmes, une énorme richesse dans leur diversité culturelle et, d’autre part, les plus grands responsables de la protection de la biodiversité des territoires où ils vivent.

Certains parviennent encore à vivre dans l’ignorance des Blancs, ou en n’en sachant le moins possible, et, il vaut mieux qu’il en reste ainsi pour tous. D’autres, qui ont déjà établi le contact avec les Blancs, trouvent les moyens de générer des revenus sans détruire l’écosystème. Il a été prouvé que les terres autochtones constituent le meilleur obstacle à la destruction de la forêt tropicale amazonienne. En 2018, la déforestation en Amazonie a atteint le taux le plus élevé de la décennie. Durant la seule période électorale, la déforestation a augmenté de près de 50% par rapport à l’année précédente, tant les patrons de l’agronégoce étaient confiants dans la victoire de Bolsonaro.

Dans son éditorial de cette semaine, l’ISA (Institut socio-environnemental), qui est la publication la plus complète sur les peuples autochtones du Brésil, régulièrement mise à jour et disponible sur Internet, dit au gouvernement ce qu’il n’est pas intéressé de savoir. Le miel du peuple Xingu a été le premier produit indigène d’origine animale certifié biologique et enregistré auprès du SIF (Service fédéral d’inspection). Il est déjà sur le marché du sud-est. L’huile de pequi [16] du peuple Kisêdjê a représenté le Brésil dans une foire du mouvement « Slow Food » à Turin, en Italie. Le champignon Yanomami est reconnu internationalement dans le monde de la gastronomie. Le poivre des Baniwa existe en 78 variétés qui sont utilisées dans la confection de chocolat, de sauces et de bières, aussi bien au Brésil qu’à l’étranger. Les Indigènes Wai Wai Wai, Xikrin, Kuruaya et Xipaya vendent des tonnes de châtaignes à un fabricant de pain et de produits dérivés. Le caoutchouc Xipaya est utilisé par une autre grande industrie brésilienne. Les sociétés Kayapó et Panará vendent du cumaru [17] à des fabricants internationaux de cosmétiques produits artisanalement.

Ce qui entrave l’économie forestière, ce n’est pas la protection de la forêt. Bien au contraire. Ce qui perturbe l’économie de la forêt, c’est l’invasion des "grileiros" qui viennent explorer le bois, implanter du soja et des pâturages à bovins. C’est l’amnistie accordée à ces accapareurs de terres par des gouvernements comme ceux de Lula et de Michel Temer, qui ont transformé les criminels qui violent les terres publiques en représentants de l’agronégoce et en membres "du secteur productif national ". C’est le retard pris dans la délimitation des territoires ancestraux, aujourd’hui paralysée par Bolsonaro. C’est l’instabilité et l’absence totale de soutien gouvernemental, malgré le fait que les peuples autochtones paient toutes les taxes sur les produits qu’ils commercialisent. C’est l’ignorance des gouvernements et de leurs économistes. C’est un ministre des Relations extérieures qui veut réinventer l’indien de José de Alencar pour inventer un indien qui n’existe pas. Ceux qui n’existent pas ne peuvent pas revendiquer la démarcation de leurs terres dans la forêt tant convoitée par le secteur rétrograde de l’agronégoce.

Le discours inaugural du ministre est une tentative de jeter les bases idéologiques de ce que l’on appelle le « bolsonarisme », ceux qui cherchent à justifier à la fois l’armement de la population et l’exploitation prédatrice des terres indigènes et quilombolas. Il serait important que les professeurs d’université, institutions tant attaquées par Bolsonaro et ses disciples, utilisent leurs connaissances pour disséquer ce discours dans ce qu’il dit et dans ce qu’il omet. Et qu’ils le fassent sur Internet, où tout le monde a accès.

C’est sur Internet que les fous ont commencé à danser et l’un d’eux est devenu président. C’est là que le débat doit se tenir (principalement), comme l’ont déjà compris quelques intellectuels. De l’obligation de récupérer l’importance des faits, la prévalence de la réalité et l’honnêteté du débat, nul n’a le droit de s’omettre. Surtout ceux qui sont payés avec des fonds publics.

Je termine par un autre extrait du discours de l’idéologue du « bolsonarisme » : "Seul l’amour explique le Brésil. L’amour, l’amour et le courage qui provient de l’amour ont conduit nos ancêtres à former cette immense et complexe nation. Nous avons passé des années à l’école, presque tous, je crois, à écouter que c’est l’avidité ou le désir de richesse, ou pire encore, le hasard, qui ont formé le Brésil, mais ce ne fut pas le cas. C’est l’amour, le courage et la foi qui nous ont amenés ici, au travers de l’océan, à travers les forêts, les gens qui nous ont fondés."

Ernesto Araújo dit explicitement que la "renaissance" proposée par le « bolsonarisme » est criminelle. Son projet de pouvoir ne cherche pas seulement à façonner le présent à partir de fausses prémisses telles que « l’idéologie du genre » et « le climatisme », mais à inventer un passé en effaçant le passé qui a réellement existé. Avant, il faudra expliquer comment « l’amour » a tué des millions d’autochtones, exterminé des peuples entiers et placé de force près de 5 millions d’esclaves africains au Brésil pendant plus de trois siècles. Encore aujourd’hui, leurs descendants vivent plus mal et meurent plus tôt.

José de Alencar rêvait de construire une identité nationale au XIXe siècle, dans un pays qui venait de devenir indépendant de la métropole et avait besoin d’un visage pour se légitimer en tant que nation. Dans son discours inaugural, Ernesto Araújo violente deux siècles de débats culturels et offense la mémoire même d’Alencar. Le ministre veut, en ce début du 21e siècle, effacer tout le passé. Comme si le Brésil était une page blanche où le « bolsonarisme » commencerait à écrire à partir du point zéro de l’indépendance.

Aucune nouveauté. La "nouvelle ère" du « bolsonarisme » ne fait que copier les pires exemples des totalitarismes du XXe siècle, qui voulaient également forger leur propre mythe et leur propre mythologie pour justifier les atrocités qu’ils allaient commettre bientôt. Comme les jours l’ont montré, les cadavres de ceux qu’ils ont détruit persistent à vivre en tant que mémoire. Nous n’oublierons pas. Nous ne laisserons pas non plus oublier.

Texte originellement publié le 16 janvier 2019 sur El País Brasil, il est aussi disponible en espagnol.

Eliane Brum est écrivain, journaliste et documentariste. Autrice des livres de non-fiction Coluna Prestes - o Avesso da Lenda, A Vida Que Ninguém vê, O Olho da Rua, Avesso da Lenda, A Vida Que Ninguém vê, O Olho da Rua, A Menina Quebrada, Meus Desacontecimentos, et des romans Uma Duas. Page web : desacontecimentos.com. E-mail : elianebrum.coluna@gmail.com. Twitter : @brumelianebrum / Facebook : @brumelianebrum.

Voir en ligne : El País

[1Ecrivains de la première génération du romantisme brésilien qui exaltent la nature brésilienne et l’indien qui devient le héros national.

[2Disponible en portugais sur Folha de São Paulo, 3 janvier 2019

[3Selon Ricardo della Coletta, sur l’Encontre, l’un des hommes les plus influents du gouvernement de Jair Bolsonaro n’est ni militaire ni politique. Il a 71 ans, vit depuis 2005 aux Etats-Unis, d’où il enseigne la philosophie par Internet.

[4En lien, un article de Article de Ricardo della Coletta pour El Pais Brasil. La Lettre de São Paulo de Claire Gratinois, Le Monde, en faisait l’annonce en novembre 2018 : Au Brésil, la diplomatie sous le signe de l’extrême droite et des théories du complot

[5Texte de Eliane Brum, 6 décembre 2018, El Pais Brasil

[6Siège et nom donné au Ministère des Relations extérieures.

[7En guise de synthèse, la retranscription en français du résumé proposé par Gleen Greenwald surThe Intercept.Blog Médiapart

[8Nom de la rivière où a été gagnée l’indépendance du Brésil.

[9Siège du gouvernement fédéral.

[10Gilberto Freyre. (1900 -1987) Anthropologue et écrivain. Dans son œuvre principale, Maîtres et esclaves, il présente un Brésil creuset d’une société métissée et de la démocratie raciale.

[11Les terres vierges, octroyées par les représentants du gouvernement portugais aux colons, étaient mesurées en fonction de leur profondeur, sur un axe est ouest, celui de l’avancée de la colonisation.

[12Cabloca(o) est le nom par lequel on désigne au Brésil les métis descendant d’Européens Blancs et des Peuples Autochtones.

[13Article de Eliane Brum, El Pais Brasil, 2 octobre 2017. Grilo est l’ensemble des pratiques de falsification et d’intimidation, souvent violentes, pour l’appropriation ou l’occupation illégale de terres.

[14Texte de Eliane Brum, El Pais Brasil, 7 nov 2018

[15A ce sujet, nous vous proposons un texte de Outras Palavras traduit par Autres Brésils, 2015, trois leçons que la crise hydrique pourrait nous enseigner

[16Le péqui (caryocar brasiliense) est un arbre du Brésil dont le fruit contient une amande huileuse comestible

[17Le cumaru (dipteryx odorata) est la fève aromatique de l’arbre Tonka.

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