Condamnés par la Justice mais absous par l’inspection de police

 | Par Frère Henri Burin des Roziers

Xinguara, 24 septembre 2007

Après plus de six longues années du procès criminel, au cours desquelles de nombreuses menaces ont été faites contre la victime, sa mère, ses avocats, deux policiers civils du sud de l’État du Pará au Brésil, Raimundo da Cruz Pacheco et Raimundo Monteiro Ribeiro, ont été condamnés en première et seconde instance pour crime de torture pratiquée dans le Commissariat de Police de Xinguara, ètat du Pará.

La peine a été de 8 années de réclusion pour Raimundo Monteiro et 5 années et 4 mois pour Raimundo Pacheco, dans les deux cas en régime fermé et avec perte de fonction publique. Raimundo Monteiro a déposé un recours à Brasilia ; la condamnation de Raimundo Pacheco, par contre, est définitive ; il aurait été emprisonné en juillet dernier mais on ignore s’il a perdu sa fonction publique.

Le crime a été pratiqué en juin 1999 quand l’adolescent W., âgé de 15 ans a été détenu pendant trois jours dans le commissariat de Xinguara , sud du Pará, frappé et menacé de mort à l’intérieur et à l’extérieur du commissariat, sans que sa mère, professeur, soit informée de sa détention. Á sa sortie, l’adolescent avait de graves perturbations mentales qui nécessitèrent son hospitalisation pendant plusieurs mois.

Actuellement la victime se trouve encore en traitement, les dépenses étant payées par le gouvernement du Pará par force de décision judiciaire suite à une action d’indemnisation pour dommages moraux intentée contre l’État du Pará.

Cette affaire a pris une importance nationale et internationale. La victime a été entendue personnellement par le rapporteur spécial de l’ONU sur les tortures, Nigel Rodley, lors de sa visite au Brésil en 2001. Amnesty International a choisi ce cas comme l’un des dix les plus emblématiques pour sa campagne mondiale contre la torture en 2001.

Pourtant, de manière stupéfiante, l’Inspection de la Police Civile, après examen des preuves matérielles et des témoignages, a conclu le 1er mars 2007 à l’innocence des deux policiers et au classement sans suite de la procédure disciplinaire ouverte à leur encontre.

Comment expliquer cette contradiction si scandaleuse entre les décisions judiciaires de première et seconde instance et les conclusions du procès administratif disciplinaire ? Comment légitimer l’innocence fictive des policiers qui n’existe que dans l’imagination de l’Inspection de la police ? Quelle crédibilité peut avoir cette institution qui absout deux policiers malgré l’existence de condamnations par la Justice criminelle et civile ?

Sans aucun doute, cette absolution administrative est honteuse, préoccupante et atteint directement la crédibilité de la Police Civile. Et le plus grave est qu’elle révèle la connivence de cette Institution avec la pratique de la torture par ses membres.

Jusqu’à quand le corporatisme va-t-il supplanter l’Éthique, le Droit et la Légalité ?


Par Frère Henri Burin des Roziers (Commission Pastorale de la Terre-Sud du Pará), Mary Cohen (Pdte. de la Commission des Droits de l’Homme de l’Ordre des Avocats du Brésil, Pará), Rivelino Zarpellon (Pt. de la sous-section de Xinguara-PA de l’Ordre des Avocats du Brésil), Marco Apolo Santana Leão (Pt. de la Société de Défense des Droits de l’Homme du Pará-SDDH)


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