« Nous avons besoin de rêves et d’utopies » : entretien avec Mônica Francisco

 | Par Marilza de Melo Foucher, Mediapart

Entretien autour de la situation pandémique au Brésil avec Mônica Francisco, députée de l’état de Rio de Janeiro du Parti Socialisme et Liberté. Mônica Francisco est née et a grandi dans la favela du « Morro do Borel ». Elle a toujours été engagée dans des mouvements pour la défense des droits de l’homme et des mouvements sociaux dans les favelas.

Comment la députée citoyenne voit-elle l’évolution de la pandémie à Rio de Janeiro et plus précisément dans les favelas ?

Je vois cette situation avec une grande inquiétude, d’abord parce que dans les 3 sphères de gouvernement (fédéral, état et municipal), que ce soit le président Bolsonaro, que ce soit le gouverneur de l’État Wilson Witzel, ou le maire de Rio de Janeiro Marcelo Crivela, évêque de l’Église universelle, aucun d’entre eux n’apprécie la vie.

Tous ont des pratiques hautement génocidaires, sans engagement envers les droits de la démocratie. Ils pratiquent le démantèlement des politiques publiques de manière systématique. Ils n’agissent pas rapidement afin de réduire l’impact négatif de la pandémie dans les bidonvilles qui sont les zones les plus vulnérables. Cela a aggravé le nombre de contaminations, augmentant la propagation du virus car il n’y a pas de distribution d’eau potable pour l’usage de base du lavage des mains ! L’acheminement de l’aide humanitaire est très difficile, et l’aide d’urgence fédérale votée au Parlement Fédéral n’arrive pas pour les familles les plus pauvres, en particulier les femmes. Ce sont les habitants, les collectifs et les organisations de favelas qui se mobilisent et s’organisent sur les réseaux sociaux, réalisant des collectes facilitant l’acheminement de l’aide humanitaire aux populations pauvres des favelas.

Pour compléter le drame des habitants des bidonvilles, ces derniers continuent d’être la cible d’opérations policières, souvent menées pendant les jours et les heures de livraison de nourriture et d’assistance à ces familles qui étaient déjà dans une situation de calamité socio-économique avant la pandémie. Aujourd’hui leur condition de survie s’est aggravée, d’autant plus que la majorité de ces familles vivait avec des emplois informels et elles sont aujourd’hui sans aucune source de revenus. Je vois devant moi cette tragédie humaine avec une grande inquiétude, car rien n’est fait par les gouvernements pour atténuer l’impact de cette pandémie dans les favelas.

Quelles initiatives la députée mène-t-elle dans les « favelas » devant un gouvernement fédéral en pleine guerre contre le confinement ?

Comme je viens de la favela Borel, en tant que députée, je travaille en collaboration étroite avec ces organisations sociales. Dans la favela de Borel, nous avons créé l’observatoire des revendications des bidonvilles, précisément pour pouvoir analyser le déroulement de la flexibilisation des activités, Pour le gouvernement il faut libérer toutes les activités économiques, ouvrir tous les commerces etc. Il s’agit d’une libération totale qui met en danger les vies humaines au nom du marché !

Nous avons également mené, en collaboration avec le réseau des institutions Borel, des discussions sur les projets de loi à présenter à l’Assemblée législative. Nous avons une articulation conjointe avec les « Front des bidonvilles » de la favela Cidade de Deus, avec le mouvement Bouge Caxias qui ont des actions d’aide humanitaire et le mouvement « nous pour nous » contre la Corona fondée par des jeunes du « Levante Populaire » qui rassemble plusieurs favelas à Rio de Janeiro dans une tentative pour contenir les impacts négatifs de la pandémie.

Il faut souligner qu’au cours de cette période, nous avons grâce à notre mandat parlementaire, fait pression, conjointement avec les mouvements sociaux, sur le gouvernement de l’État pour qu’il cesse les opérations de police pendant cette période pandémique, en particulier pendant la distribution de l’aide humanitaire. Jusqu’à présent, cette pression a été couronnée de succès et nous sommes restés sans intervention de la police pendant trois semaines. Pour atteindre cet objectif, il y avait la mesure décrétée par le ministre Fachin, de la Cour fédérale suprême, pour empêcher les opérations de police dans les favelas de se produire pendant la pandémie, cette mesure était essentielle pour garantir des vies.

Pour les habitants des favelas, en plus de mourir du virus, ils meurent aussi sous les coups de feu ! De cette façon, nous amplifions nos voix, car nous ne voulons mourir ni du virus ni des coups de feu ! Dans les bidonvilles, nous sommes unis contre le Coronavirus et contre la violence de l’État.

Dans la favela de Borel, existe-t-il des hôpitaux ou des centres de santé prêts à effectuer les tests et à recevoir l’afflux de contaminés ?

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Voir en ligne : Blog Mediapart : « Nous avons besoin de rêves et d’utopies » : entretien avec Mônica Francisco

Photo de Couverture : Portrait de Mônica Francisco, députée PSOL de l’État de Rio de Janeiro © Midia Ninja

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