Sous l’immense chapiteau installé sur le campus de l’Université Fédérale Fluminense (UFF, Rio de Janeiro), Marina dos Santos, de la direction du Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST), assure que « dans ce pays, nous vivons une période historique très complexe, peut-être l’une des pires conjonctures de ces dernières années ». Marina fait partie du contingent de 500 militants sans terre qui sont arrivés à Niteroi, siège de l’UFF, pour participer, mi-octobre, à la rencontre internationale Pensée et mouvements sociaux, en présence également d’une dizaine d’intellectuels et d’une centaine de militants urbains [1]. « Il faut que les gens comprennent que ce gouvernement, tout comme les précédents, est comme le haricot dur : il lui faut une forte dose de pression pour qu’il cuise », conclut-elle.
Les derniers mois ont été synonymes de tremblement de terre pour le MST. Avec la crise du gouvernement de Luiz Inácio Lula da Silva [2], ils ont perdu le peu d’espoirs qui leur restaient de voir se produire un virage à gauche. En septembre, un texte signé par le coordinateur du Mouvement, João Pedro Stédile, représenta une sorte de rupture. « Nous disons adieu au gouvernement du Parti des travailleurs (PT) et à ses engagements historiques », peut-on lire dans le document « Le MST face à la conjoncture brésilienne [3] ». Cet adieu fut très significatif, et impose au Mouvement un effort pour comprendre l’échec du PT au gouvernement, ainsi que pour essayer d’emprunter de nouvelles voies.