Les jeunes sortent de leurs banlieues pour aller protester dans le centre

 | Par Joseh Silva

Il est pertinent de réfléchir à cette question, dans un contexte où la police militaire utilise du spray au poivre sans raison et où l’on se prend des balles en plomb, pas en caoutchouc.

Source : Revue Carta Capital

Date de publication : 17/06/2013

Traduction : Ariane Alberghini pour Autres Brésils

Ce vendredi 14 juin, le jour suivant la manifestation dans le centre-ville de São Paulo [NDT : contre l’augmentation du tarif des transports], une rencontre a eu lieu à Embu das Artes. Organisé par l’Agence Solano Trinidade, le Centre des droits de l’homme et d’éducation populaire de Campo Limpo et le Cercle Palmarino, l’événement faisait partie du Parcours pour la diversité culturelle/Jeunesse des banlieues et ses défis. Le débat abordait la question de l’abaissement de la majorité pénale, et, parmi d’autres idées, le questionnement du chanteur et médiateur culturel Baltazar Honório a particulièrement retenu mon attention : « Est-ce qu’un jeune de banlieue, qui, sans aucune raison, subit la répression policière, sortirait de sa cité pour aller en centre-ville, participer aux manifestations et s’opposer frontalement à son oppresseur quotidien ? »

Cette réflexion est très pertinente, dans un contexte où la police militaire (PM) s’est toujours comportée comme l’ennemi qui opprime. Dans un environnement où l’on est battu à la matraque ; où le spray au poivre est utilisé sans raison ; où l’on reçoit des balles en plomb, et pas en caoutchouc ; où les pires humiliations (physiques et psychologiques) peuvent arriver, surgissent beaucoup de haine et de révolte, mais pas la soumission. La PM a toujours été considérée, par les jeunes de banlieue, comme une corporation qui ignore les vrais besoins de la jeunesse. Celle-ci, dans une certaine mesure, reste passive, mais n’avale plus le discours sensationnaliste des journaux télévisés de l’après-midi, qui, pour la plupart, ont toujours incité à la répression aux abords de la ville.

Malgré leurs souffrances quotidiennes, aux mains de tyrans, les jeunes de banlieue sont en train de faire face à ceux qui les humilient depuis des années. Ils prennent le bus en passant sous le tourniquet et se joignent aux milliers de personnes de toutes les classes et ethnies afin de lutter pour une ville plus juste et égalitaire. « On vient prêter main forte aux mecs, mais eux aussi doivent venir aider la banlieue ». C’est le point de vue de William Basto, 20 ans, habitant de Jardim São Luís [NdT : quartier populaire de la banlieue de São Paulo]. Avec trois amis – Douglas Neves, 17 ans, Pedro Rocha, 19 ans, et Cayame Pereira, 18 ans – , il est venu de la banlieue jusqu’en centre-ville pour soutenir la manifestation contre l’augmentation du tarif des bus.

Ce n’est pas la première fois que William participe à des cortèges dans le centre. Il y est déjà venu pour d’autres actions et il se fait entendre tous les mois à travers les soirées culturelles du Sarau Preto no Branco, qu’il organise avec d’autres amis. Et il n’est pas le seul à aller lutter et participer aux protestations. Isaac Faria, 20 ans, habitant de Jardim Vera Cruz, quartier situé à l’extrémité du Jardim Ângela, à la limite entre São Paulo et Itapecerica da Serra, doit traverser tous les jours la route du M’Boi Mirim, fréquemment occupée par des manifestations. Isaac a participé à plusieurs actions qui ont eu lieu sur la route.

La jeunesse des banlieues (sur)vit quotidiennement. L’inefficacité du gouvernement a généré des problèmes sociaux et provoqué de graves séquelles chez une génération qui, aujourd’hui, s’est unie, et manifeste dans les rues, dans les bars, sur les dalles de béton, dans les impasses et ruelles de la ville.

*Joseh Silva est journaliste, habitant et médiateur culturel à Campo Limpo, banlieue sud de São Paulo

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