1. Des luttes communautaires à la proposition du Budget participatif
1.1. L’urbanisation à Porto Alegre : vilas malocas, gestion de l’espace urbain et politique du logement entre 1940 et 1980
Le niveau et la qualité de vie à Porto Alegre sont historiquement supérieurs à la moyenne nationale des villes brésiliennes. Cette situation est due à un ensemble de facteurs liés à son histoire démographique - faible présence de l’esclavage et forte immigration européenne (Italiens, Allemands, Polonais) durant le 19ème et le 20ème siècle -, économique - industrialisation relativement importante -, et politique - prédominance durant plusieurs années d’une action publique paternaliste. Pour autant, la ville ne fut pas épargnée par l’immense flux migratoire de l’intérieur vers la métropole et la formation de vilas malocas (terme local pour bidonville), résultat du processus de modernisation conservatrice mis en œuvre à l’échelle nationale.
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2. Le Budget participatif de Porto Alegre : un dispositif de démocratie participative
2.1. Les principes du Budget participatif
Après douze années d’existence, le Buget participatif a acquis une solide réputation au Brésil et dans le monde en tant qu’expérience originale d’association des citoyens à la gestion de la ville. Le budget participatif a été l’objet de dizaine d’études et de publications, réalisées par des chercheurs du monde entier. Dans le cadre de ce travail, où nous étudions l’impact de différentes formes d’inégalité sur la participation, nous nous limiterons à une présentation simplifiée du dispositif du Budget participatif. Elle doit nous permettre d’envisager le cadre institutionnel et la manière dont s’organise la participation des habitants, de façon à pouvoir interpréter les données empiriques liées à cette participation en les replaçant dans leur contexte.
On peut se représenter le dispositif du Budget participatif comme un ensemble d’assemblées et de réunions permettant à la population de décider des priorités d’investissement et aux délégués qu’elle choisit démocratiquement d’élaborer le budget municipal et de contrôler l’intégralité de son exécution. Ces assemblées et réunions, qui ont lieu dans toute la ville et durant toute l’année, constituent un espace public complexe, où la population discute des problèmes de la municipalité, petits et grands, et se met d’accord sur une hiérarchie de demandes d’investissement que des représentants intègrent dans une proposition budgétaire. Cette proposition budgétaire est ensuite reprise telle quelle par l’exécutif de la ville qui l’exécute fidèlement l’année suivante.
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Par François Polet - Centre Tricontinental
Source : Gresea Echos - Numéro 36 - Nov.- Déc. 2002