De Canudos à la covid-19 : nécropolitique et politique sanitaire au Brésil

La gestion catastrophique de la crise sanitaire sous l’actuelle présidence de Jair Bolsonaro est, au-delà de la personne même du président, le révélateur d’inégalités socio-économiques structurelles, dont l’origine s’inscrit sur le temps long. Comment comprendre autrement ce paradoxe d’un virus, le SARS-CoV-2, qui a été introduit, comme en Équateur ou au Chili, par des membres des classes moyennes supérieures de la société – celles qui peuvent se payer le luxe de voyages aériens transatlantiques – mais dont les victimes appartiennent pour l’essentiel aux populations les plus modestes, parmi lesquelles figurent les peuples autochtones et les habitantes et habitants des favelas ?

Ce billet se propose donc de voir comment on peut éclairer la tragédie du présent à la lumière de certains aspects de l’histoire longue du Brésil, en usant ici du concept de nécropolitique. Par nécropolitique, ce concept que l’on doit à Achille Mbembé, grand théoricien de la pensée post-coloniale, il faut entendre cette capacité d’une autorité donnée à faire usage (de façon discriminante) du droit de vie et de mort sur les membres d’une communauté politique donnée[1].

Rocinha, la plus grande favela de Rio, en 2014
© Wikipedia

La première victime officielle de la Covid-19 dans l’État de Rio de Janeiro a été Cleonice Gonçalves, 63 ans, décédée le 17 mars à Miguel Pereira, dans la grande banlieue de Rio. « Dona Cleo » était employée de maison et sa patronne, contaminée après un récent séjour en Italie, avait exigé qu’elle continue de travailler dans l’appartement du quartier « noble » du Haut Leblon, à proximité des célèbres plages d’Ipanema, où elle travaillait depuis une vingtaine d’années comme « diarista », employée domestique à la journée, un statut précaire. Lorsque les premiers symptômes de la maladie sont apparus, Dona Cleo fut enfin autorisée à rentrer chez elle : sa famille lui paya le taxi du retour mais il était déjà trop tard. Diabétique et très affaiblie, elle décéda le lendemain à l’hôpital.

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Voir en ligne : Site Covidam de l’Institut des Amériques : « De Canudos à la covid-19 : nécropolitique et politique sanitaire au Brésil »

Photo de couverture : Canudos : « 400 prisonniers jagunços », photo prise le 1er septembre 1897 par Flavio de Barros (Musée de la République, Brésil)

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