Affaire Aracruz Celulose : partialité des médias et poursuite de la criminalisation des mouvements sociaux

Le 20 janvier 2006, avec l’appui logistique de la société Aracruz Celulose (utilisation de son héliport et autres équipements), 120 agents de la police fédérale faisaient une intervention « musclée » dans deux villages des peuples tupiniquim et guaraní dans la municipalité d’Aracruz (Etat d’Espirito Santo) terrorisant les habitants, procédant à l’arrestation de huit leaders, et mettant le feu à leurs maisons. Motif : expulser ces habitants devenus « gênants », des terres appartenant maintenant à l’entreprise transnationale. L’action, selon des responsables du CIMI (Conseil indigéniste missionnaire) était illégale, aucun des organes publics qui auraient dû l’être n’ayant été informé au préalable de l’ordre l’expulsion, émis en décembre dernier par la Justice fédérale. Depuis, sous la pression d’organismes internationaux de défense des droits humains qui ont dénoncé la violence policière et l’illégalité de l’acte d’expulsion, la famille royale suédoise qui était l’un des principaux actionnaires d’Aracruz, a vendu ses parts, ne voulant plus être associée à l’image de cette entreprise.

Le 8 mars 2006, deux mille femmes de la Via Campesina « envahissent » l’une des propriétés de la société Aracruz (cf. Info Terra n°66) et détruisent en une action éclair des milliers de pieds d’eucalyptus ainsi qu’un laboratoire de recherche génétique. Immédiatement, les médias s’emparent de l’histoire, et s’empressent de qualifier les femmes de la Via Campesina et du MST des pires adjectifs : « barbares », « ennemis de la science », « anachroniques », « vieux jeu », les mêmes dont on affuble souvent les personnes opposées à la culture des OGM en plein champ. Le but de l’opération pour la Via Campesina, mais qui évidemment n’a pas été relayé dans la presse, était de dénoncer aux yeux de la société brésilienne, la propagation du « désert vert », nom donné à ces immenses étendues de forêts d’eucalyptus (utilisés pour la fabrication de la cellulose), dont la culture exige jusqu’à 30 litres d’eau par jour et par arbre, pompant de manière désastreuse dans les nappes phréatiques ; l’utilisation d’herbicides, qui empêchent toute autre cohabitation végétale ; l’expulsion de communautés de leurs territoires ancestraux, etc. Les médias se sont bien abstenus de donner toutes ces informations, y compris les actes policiers violents du mois de janvier.

La tentative de criminalisation de la Via Campesina et du MST est telle que début avril, quelques semaines seulement après les faits, est sortie une liste de 37 personnes de la Via Campesina inculpées par la police fédérale.

Il semble intéressant d’opposer à cette diligence de la justice brésilienne quand il s’agit de défendre des intérêts économiques, l’inaction totale de l’Etat et l’impunité qui règnent dans des cas où les droits humains des plus faibles sont violés : la triste date du 17 avril, 10 ans après le Massacre d’Eldorado dos Carajàs, dont aucun responsable n’a été puni à ce jour, est là pour nous le rappeler...

Par InfoTerra - n° 67 - Avril 2006


Sources : article de José Arbex Jr. « Haja Cruz », paru dans la revue Caros Amigos d’avril 2006, et Letra Viva du MST du 13 avril (Lire le texte en français : Faire de la recherche pour la vie, et non pour la mort)

Pour lire (et signer) le manifeste-poème en solidarité avec les femmes de La Via Campesina :
http://www.fdh.org/terra/actualites/manifeste-solidarite-VC-240406.htm

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