Nous (re)publions en Une ce texte à l’occasion du débat sur l’immigration proposé lors de Brésil en Mouvements cette année.
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Par Gisele Ricobom et Carol Proner, professeurs de Droit International de l’Unibrasil
Source : Carta Maior – 20/06/2008
Traduction : Véronique LUCAS pour Autres Brésils
Cette année, le Brésil commémore les cent ans des débuts de l’immigration japonaise, reconnaissant de fait la participation de ces immigrants dans la construction de notre pays. Au même moment, le Parlement européen approuve la fameuse « directive retour », politique de durcissement concernant l’immigration, provoquant des réactions indignées de tous les gouvernements latino-américains.
La directive, qui entrera en vigueur dans deux ans, a pour objectif d’adapter l’Europe aux nouveaux temps du libéralisme et de la mondialisation. Après le Traité de Maastricht, les législations nationales se rapportant à l’immigration ont été reformulées. Les démarches pour l’obtention de visas pour les étudiants et les travailleurs sont devenues des processus plus rigoureux et le droit d’asile a été progressivement réduit. Dernièrement, les expulsions injustifiées de Latino-américains à partir des aéroports européens sont devenues chose commune, ainsi que les cruelles reconductions d’Africains survivants au passage de Gibraltar.
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Lire le texte en entier :
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SIGNER L’APPEL : Non à la directive de la honte !
Le président Bolivien Evo Morales a lancé un appel à la conscience des dirigeants et citoyens d’Europe pour que soit abandonné la "directive retour", publié dans l’Humanité du lundi 16 juin 2008. Le voici.
<img1492|left> Au nom du peuple de Bolivie, de tous mes frères du monde, je fais appel à la conscience des dirigeants et citoyens pour que ne soit pas approuvé le texte de la « directive retour.
Jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe était un continent d’émigrants. Des dizaines de millions d’habitants partirent pour les Amériques, pour coloniser, échapper aux famines, aux crises financières, aux guerres ou aux totalitarismes européens et à la persécution des minorités ethniques.
Aujourd’hui, je suis avec préoccupation le processus de ladite « directive retour ». Ce texte, validé le 5 juin dernier par les ministres de l’Intérieur des 27 pays de l’Union européenne, doit être approuvé le 18 juin par le Parlement européen. Je perçois qu’il durcit de manière drastique les conditions de détention et d’expulsion des migrants sans papiers, quel qu’ait été leur temps de séjour dans les pays européens, leur situation de travail, leurs liens familiaux, leur volonté et le succès de leur intégration. (...)
Le monde, ses continents, ses océans, ses pôles connaissent d’importantes difficultés globales : le réchauffement global, la pollution, la disparition lente mais sûre des ressources énergétiques et de la biodiversité, alors qu’augmentent la faim et la misère dans tous les pays, fragilisant nos sociétés. Faire des migrants, qu’ils soient sans papiers ou non, les boucs émissaires de ces problèmes globaux n’est en rien une solution. Cela ne correspond à aucune réalité. Les problèmes de cohésion sociale dont souffre l’Europe ne sont pas la faute des migrants, mais le résultat du modèle de développement imposé par le Nord, qui détruit la planète et démembre les sociétés des hommes.
Au nom du peuple de Bolivie, de tous mes frères du continent et des régions du monde comme le Maghreb et les pays de l’Afrique, je fais appel à la conscience des dirigeants et députés européens, des peuples, citoyens et militants d’Europe, pour que ne soit pas approuvé le texte de la « directive retour ». Telle que nous la connaissons aujourd’hui, c’est une directive de la honte.
J’appelle aussi l’Union européenne à élaborer, dans les prochains mois, une politique migratoire respectueuse des droits de l’homme, qui permette le maintien de cette dynamique profitable pour les deux continents, qui répare une fois pour toutes l’énorme dette historique, économique et écologique que les pays d’Europe ont envers une grande partie du tiers-monde et qui ferme définitivement les veines toujours ouvertes de l’Amérique latine. Vous ne pouvez pas faillir aujourd’hui dans vos « politiques d’intégration » comme vous avez échoué avec votre supposée « mission civilisatrice » du temps des colonies.
Recevez tous, autorités, eurodéputés, camarades, un fraternel salut depuis la Bolivie. Et en particulier notre solidarité envers tous les « clandestins ».