Cette semaine on ne commentera pas la vidéo partagée par Jair Bolsonaro sur Twitter. La "bombe scatologique" aura eu l’effet de diversion souhaité.
En revanche, nous commenterons les propos ambigus de Bolsonaro sur l’armée et la démocratie (AFP 7 mars 2019) : « La démocratie et la liberté n’existent que si les forces armées le veulent ». Ambiguës pour certain·es et plutôt clairs pour d’autres notamment une semaine après l’hommage de Bolsonaro aux dictateurs latino-américains Stroessner et Castelo Branco. La déclaration perd encore de son ambiguïté avec la nomination de 8 ministres (sur un total de 22) et du vice-président tous militaires et proches de la Présidence. À ceux-là s’ajoutent 130 postes de la haute administration brésilienne occupées par des militaires gradés. N’oublions pas que la mesure provisoire 870/2019 maintient sous la surveillance du Général Carlos Alberto dos Santos Cruz - Cabinet de la Présidence - les organisations de la société civile organisée et les organisations non-gouvernementales.
Au fil de ces prétendues sorties de pistes du Président, les militaires se voient renforcés dans leur fonction de "garants de la Raison" du gouvernement, remédiant à tour de rôle à la logorrhée de Bolsonaro par la cohérence de leur action et du media training. Ils reprennent là leur pouvoir modérateur. Une analyse du politiste Luis Felipe Miguel est à relire à ce sujet.
D’autres propos auront fait scandale : ceux de Damares Alves, Ministre de la Femme, la Famille et les Droits Humains.
Pendant ce temps, en dehors de la twittoshpère, le Ministre de l’Économie Paulo Guedes confirme que les négociations politiques sont bien en cours. Les premières pour que la réforme de la Sécurité Sociale et Retraite soit approuvée au Parlement. Les deuxièmes en vue du projet d’amendement de la Constitution mettant fin aux obligations budgétaires des municipalités et des états. Un combat politique ardu aussi vieux que la Constitution de 1985.
Du côté de Sergio Moro, Ministre de la Justice et de la Sécurité, il faudra surveiller la nomination de la commissaire Érika Marena à la tête du Conseil de Contrôle des Activités Financières (COAF). Pour mémoire, le COAF est l’institution qui a révélé les malversations financières du clan Bolsonaro. Érika Marena est la "mère de l’opération Lava Jato", lui ayant donné son nom de code et étant une des agents à l’origine du scandale. Très reconnue par ses pairs, elle est aussi une des figures de ce changement plus autoritaire de la police judiciaire notamment contre l’Université brésilienne.