Depuis la lutte du peuple Guarani Kaiowá du Mato Grosso do Sul jusqu’à l’occupation Esperança dans la ville de Osasco, Irene Maestro Guimarães montre comment la question de la terre est un élément structurel des contradictions de la société brésilienne, portant les marques de la violence, de l’exploitation et de l’oppression qui pèsent sur la majorité de la population. Elle montre comment les peuples indigènes et plus largement les populations les plus fragiles, parviennent à organiser des stratégies de résistance.
Au Brésil, les systèmes de production agro-industriels les plus modernes coexistent avec des formes archaïques de surexploitation de la main d’œuvre et des régimes de travail similaires à l’esclavage. Des îlots de richesse et de sécurité formées par des condominiums et des centres commerciaux de luxe coexistent avec des océans de bidonvilles où travailleuses et travailleurs vivent dans des conditions précaires, sous la violence intense de l’appareil répressif de l’État.
Il est impossible de comprendre la réalité brésilienne sans aborder la question de la terre. Le territoire brésilien est marqué par une grande concentration de la propriété de la terre dans les mains de quelques-uns. Historiquement, cela a été — et reste — la source des inégalités sociales, ainsi qu’un élément moteur des rébellions au sein de la société. Dans les campagnes, ces dernières se manifestent par les luttes des populations des quilombos [1] , autochtones, paysannes, sans terres et des travailleurs ruraux et urbains. Dans les villes, par les luttes des sans-abris pour l’occupation des terrains laissés à l’abandon et le soulèvement des communautés s’opposant aux interventions militaires.