Raposa Serra do Sol : un crime annoncé (1)

 | Par Paulo Maldos

Les 21 et 22 septembre 2005, nous étions présents à la fête de l’homologation de la zone indigène Raposa Serra do Sol, dans le village Maturuca, à Roraima.

Nous y sommes allés, poussés par l’impact de l’information des agressions subies par des étudiants indigènes de la Mission Surumu. Un groupe de 150 hommes armés a envahi la mission le 17 septembre : ils ont agressé physiquement un professeur, ses élèves et un Indien infirme, et ont mis le feu aux installations, aux voitures des religieux, ainsi qu’à celle du professeur qui, à son tour, a subi des agressions physiques.

La fête fut paisible, les Indiens étaient joyeux et émus par la conquête de l’homologation de la démarcation des terres, une victoire qui fait suite à 30 ans de lutte menée par cinq peuples (Macuxi, Wapichana, Taurepang, Patamona et Ingarico) et leurs alliés, au Brésil et dans le reste du monde.

Le matin du 22 septembre, pendant l’inauguration du monument marquant la victoire de l’homologation, en plein centre du village Maturuca, est arrivée l’information selon laquelle ce même groupe armé avait mis le feu, pendant la nuit, à l’un des ponts qui donnent accès au village.

C’est alors qu’un scénario extrêmement préoccupant s’est déroulé devant nos yeux. Des invités, représentant le gouvernement fédéral, étaient présents : César Alvarez, représentant du président Lula ; Mercio Pereira Gomes, président de la FUNAI (Fondation nationale de l’Indien) et Rolf Hackbart, président de l’INCRA (Instituto National de Colonização e Reforma Agraria). Le ministre de la Justice, Márcio Tomas Bastos et le ministre du Développement Agraire, Miguel Rosseto, avaient confirmé leur présence mais, au dernier moment, conseillés par la Police Fédérale, ont changé d’avis. Il n’y avait pas de garanties suffisantes de sécurité pour assurer la présence des autorités à cette fête, à cause de la présence du groupe armé.

Les représentants du gouvernement fédéral présents à l’événement s’étaient mis d’accord avec les missionnaires et les Indigènes pour effectuer, une fois de retour à la capitale de l’état, Boa Vista, une visite aux installations sinistrées de la Mission de Surumu. Cette visite ferait l’objet d’un témoignage inclus dans les rapports destinés aux ministres de la Justice, du Développement Agraire et au Président de la République. Cependant, le plan de retour à Boa Vista a été contesté par la responsable de l’équipe de la Police Fédérale, la déléguée Fabiola. Cette dernière ayant affirmé que le groupe armé avait introduit des armes dans la région et circulait dans les environs.

Selon la Police Fédérale, cet événement, ou sa possibilité, a créé un environnement menaçant vis-à-vis des représentants gouvernementaux. Ce qui rendait risquée toute visite à la Mission Surumu. Malgré les innombrables appels des représentants des Indigènes et des missionnaires, la position de la déléguée de la Police Fédérale a prévalu. « Il ne sera pas possible d’assurer de protection, devant 150 hommes armés, avec seulement 3 policiers fédéraux qui sont les seuls disponibles en ce moment », a-t-elle affirmé.

Les représentants sont ainsi allés directement à Boa Vista. A leur arrivée à l’aéroport de la capitale, ils ont été reçus par le responsable de la Police Fédérale à Roraima, qui a fait un exposé de la situation précaire de la corporation dans cet Etat, en termes de forces humaines, de ressources financières et de conditions de travail. Il a affirmé disposer de seulement 2 hommes pour effectuer la surveillance de toute la frontière avec les pays voisins.

La déléguée Fabiola, présente à cette réunion, a affirmé avoir des informations sur les responsables des actions criminelles qui ont eu lieu ces derniers mois. Mais elle dit ne pas avoir réussi a obtenir l’autorisation judiciaire pour procéder à l’emprisonnement, après l’avoir demandée à deux reprises et n’avoir obtenu que des refus.

Les représentants du gouvernement fédéral ont affirmé que ce que nous avons vécu là-bas - entre l’annulation de la présence des ministres à la fête et leur refus d’aller à Surumu - fut « le recul de l’Etat face à l’action du crime », ce en quoi les agents de la Police Fédérale étaient d’accord. Ils ont également affirmé que l’impunité des actions criminelles fortifient de plus en plus leurs promoteurs, les rendant, après chaque action, plus arrogants et plus violents.

Dans cette brève réunion à l’aéroport de Boa Vista, les participants ont conclu de la nécessité d’une équipe permanente de la Police Fédérale dans la région. Cette proposition ferait partie du rapport des représentants du gouvernement fédéral destiné aux autorités de Brasilia.

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