Si les clichés réduisent ce style musical à une allégresse insouciante et débridée, on ignore généralement qu’il plonge ses racines historiques dans l’expression de la population afro-brésilienne des quartiers pauvres de Rio de Janeiro, en quête de dignité et de la reconnaissance de son identité. Aussi, quand le président Jair Bolsonaro dénigre le carnaval « dépravé », c’est une attaque frontale à la diversité sociale et culturelle du peuple brésilien.
Première interprète féminine à dédier tout un album à ces musiques, Ana Guanabara, qui a grandi à Rio de Janeiro, l’a majoritairement composé de sambas-enredos des années 1970, en plein âge d’or de cette affirmation culturelle populaire. Et cet hommage est indissociable de la qualité artistique de cette époque, souligne la chanteuse, qui met en exergue la richesse mélodique et poétique d’un genre musical reconnu en premier lieu pour son exubérance percussive.
Avec cet album, Ana Guanabara exprime son admiration pour cette culture et sa reconnaissance pour sa valeur, convaincue qu’aujourd’hui comme lors des décennies passées, elle peut être un outil de résistance en ces temps de régression démocratique et de répression populaire. Rencontre en France, à Montreuil (93), où elle vit depuis plus de vingt ans.