Source : Marina Frúgoli / Couv : K. Penalba et M. Ishtar de Luca
La question raciale au Brésil est indubitablement en pleine évolution. La « cause noire » a gagné en visibilité de diverses manières. Des espaces qui, peu de temps auparavant, étaient presque exclusivement occupés par des personnes blanches comptent aujourd’hui une « présence noire ». Une classe moyenne noire urbaine – bien qu’encore limitée – s’est constituée. Les dernières statistiques relatives à la catégorie « couleur noire » peuvent également être lues comme un indicateur de ce changement [1] . La proportion de pretos [2] a été conservé en portugais dans le texte (Ndt).]] dans les recensements officiels avait décru tout au long du siècle dernier pour atteindre 4,9% en 1990. Depuis, la courbe s’est inversée pour se situer, en 2010, à 7,6% (IBGE 2011, 76).
En même temps qu’augmentait le nombre des personnes non blanches dans des professions valorisées, comme à la télévision et, de façon générale, dans la sphère publique, les traditionnelles perceptions relatives à la différence et à l’inégalité ont commencé à être ébranlées. Après une longue période au cours de laquelle le discours officiel des gouvernants du pays présentait la société brésilienne comme une « démocratie raciale », un nouveau consensus social a vu le jour, reconnaissant l’existence d’un « problème racial ». Pour la première fois, des propositions politiques ciblées visant à combattre la discrimination ont été mises en œuvre. Deux d’entre elles, en particulier, ont acquis une grande visibilité : la reconnaissance, par l’article 68 de la Constitution de 1988, du droit à la terre des quilombolas [3] ou, selon le texte de la loi, des « descendants rémanents de communautés de quilombos [4] » et la mise en place, à partir de 2002, de dispositifs de discrimination positive (« quotas raciaux ») dans les universités publiques. Ces mesures ont suscité beaucoup de polémiques tant dans la presse que dans la communauté scientifique.
Cet article se propose d’analyser les contributions et les différentes prises de position des anthropologues brésiliens dans les débats portant sur ces deux projets et sur leur mise en œuvre.
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